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— Son cas est critique.

— Comment ça, critique ? demande mon père, la voix tendue.

— Je vais être direct. Il peut mourir à tout moment.

Le silence qui suit est lourd, presque palpable. Mon père reste figé, les yeux écarquillés. Il ne parle plus, ne bouge plus. Pendant un instant, je me demande même s'il respire encore.

— Je suis désolé... ajoute le médecin d'une voix posée.

Je ne dis rien non plus. Je suis trop occupé à tenter de digérer ce que je viens d'entendre.

— Vous ne pouvez pas faire quelque chose pour empêcher ça ? demande enfin mon père, brisant le silence.

— Si, bien sûr. Mais cela risque d'être compliqué. Je vais devoir augmenter la dose de ses médicaments. Il ne doit absolument plus fumer, et il doit éviter autant que possible les activités physiques intenses.

— C'était déjà le cas, non ? Mon père semble confus.

— Non, réplique le médecin en secouant la tête. Des traces de substances liées à la cigarette sont encore présentes dans ses poumons. Il ne s'est visiblement pas arrêté comme il le devait.

Je baisse la tête, sentant le poids de la culpabilité me tomber dessus.

— Putain...

Mon père me lance un regard noir, et je baisse aussitôt les yeux, un nœud de honte serrant ma gorge.

— Et s'il respecte correctement ces règles, est-ce que sa santé pourrait s'améliorer ? demande-t-il, désespérément à la recherche d'une lueur d'espoir.

Le voir dans cet état est presque insupportable.

— Il est possible d'empêcher une aggravation. S'il prend tout cela au sérieux, il pourrait mener une vie à peu près normale. Mais ses poumons resteront endommagés à vie. Seuls les médicaments et une hygiène de vie rigoureuse pourront le maintenir en vie, répond le médecin calmement.

— Et s'il ne fait pas d'effort ? murmure mon père, la voix tremblante.

— Dans ce cas, j'ai bien peur qu'il ne survive pas à une prochaine crise. Le rejet de sang lors de ses quintes de toux et la fréquence de ces crises montrent que ses poumons sont déjà gravement atteints. Mais ne perdez pas espoir. Comme je l'ai dit, s'il suit son traitement à la lettre et évite autant que possible les efforts physiques, et même les émotions trop fortes, il ne sera plus en danger immédiat.

Le médecin se tourne vers moi, et je relève lentement la tête pour affronter son regard. Son expression, à la fois sévère et compatissante, me frappe en plein cœur.

— Je sais que désormais, ton traitement est bien plus lourd, Yoongi, mais il va falloir que tu le prennes. Il va aussi falloir que tu arrêtes, par n'importe quel moyen, de fumer. Si tu veux vivre, fais-le.

Je me remémore cette conversation qu'on a eue il y a même pas cinq minutes chez le médecin. Je suis dans la voiture avec mon père, la tête contre la vitre. Je n'ai pas vraiment le moral, et c'est normal. Qui pourrait l'avoir après avoir entendu qu'il peut mourir à tout moment ?

Mon père explose, sa colère remplissant la voiture comme un orage prêt à éclater. Sa voix, lourde de frustration, me transperce.

— Tu te rends compte un peu de ce qui se passe ?! s'écrie-t-il, son ton laissant à peine place à l'air.

Je garde la tête contre la vitre, me perdant dans la vue floue du paysage qui défile. Je n'ai rien à dire, rien à répondre. Ça n'a jamais servi à rien de toute façon.

Ambiguity [ NAMGI ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant