𝒹𝒾𝓍-𝒽𝓊𝒾𝓉

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Après plusieurs heures de leçon d'histoire interminables et assommantes, nous sommes enfin libres d'aller apprécier notre repas ainsi que notre pause tant méritée.

Alors que je range tranquillement mes affaires dans mon sac, j'aperçois que mon voisin n'a pas bougé d'un pouce, lui qui d'habitude se précipite comme tous les autres vers la cantine.

« Donghyuck, tu ne va pas manger ?

- En fait je me demandais si... commence-t-il, curieusement hésitant.

- Si...?

- Je pouvais manger avec toi. »

Il relève soudainement la tête avec moi en prononçant ces paroles, laissant ainsi nos prunelles se rencontrer. J'essaie d'ignorer les battements de mon cœur qui s'accélèrent, tout en détournant le regard, pour échapper à ses yeux qui me font perdre tout sens logique.

« Mais... tu sais que je mange pas à la cantine.

- Justement, je voulais voir où est-ce que tu manges. Et puis, ajoute-t-il, ça ne te fera pas de mal un peu de compagnie, pour une fois.

- Qu'est-ce que tu vas manger?

- T'inquiète pas pour ça. » dit-il avec un air malicieux peint sur le visage.

Un quart d'heure plus tard, nous sommes assis dans l'herbe légèrement humide de la cour, notre déjeuner devant nous, mon panier-repas habituel pour ma part, et un plateau rempli d'en-cas dérobés à la cantine pour Donghyuck.

« C'est pas vraiment autorisé de faire ça, je déclare en désignant le sandwich que Donghyuck vient d'enfourner dans sa bouche.

- Dit le gars qui passe son temps dans tout les endroits interdis du lycée, réplique-t-il, espiègle. C'est toi le vrai délinquant ici. »

J'esquisse un sourire amusé, avant de commencer à manger à mon tour.

«  En fait, reprend Donghyuck, plus sérieux, depuis quand t'as du mal avec les gens ? »

Sa formulation n'est pas très précise, mais je comprends très bien à quoi il fait allusion. Peu importe à quel point j'essaye d'être normal, je ne parviens pas à être sociable, à m'intéresser aux préoccupations des gens de mon âge.

« Depuis toujours, je réponds. Je n'arrive pas être comme les autres, c'est une sorte de phobie.

- T'as pas besoin d'être comme tout le monde. »

Je regarde Donghyuck, qui fixe une coccinelle posé sur son genou, son sandwich à la main, sans mesurer l'impact que ses mots ont sur moi. Cette expression qu'il prend quand il est concentré sur quelque chose, ses mèches de cheveux qui ondulent lorsque le vent les effleurent, son tic de mordiller sa lèvre inférieure, ses petites mains qui dessinent des ronds dans les brins d'herbes, ses fossettes bien dessinées malgré son léger sourire, ses yeux qui pétillent face aux merveilles de la nature.

Adorable...

« Et toi, c'est quoi ta phobie? Je lui demande pour oublier mes pensées qui semblent tourner en boucle, comme un disque rayé.

- Hum, j'ai peur des orages, marmonne-t-il, je sais c'est ridicule.

- C'est pas ridicule, une peur ça se contrôle pas. T'as pas à avoir honte, je rétorque, agacé de voir Donghyuck contrarié.

- Merci... » murmure-t-il, retrouvant son sourire, qui le rend encore plus beau.

𝗠𝗶𝘀𝗮𝗻𝘁𝗵𝗿𝗼𝗽𝗲 • ᴍᴀʀᴋʜʏᴜᴄᴋOù les histoires vivent. Découvrez maintenant