𝗠𝗶𝘀𝗮𝗻𝘁𝗵𝗿𝗼𝗽𝗲 • ᴍᴀʀᴋʜʏᴜᴄᴋ

𝓋𝒾𝓃𝑔𝓉-𝓈𝑒𝓅𝓉

« C'est qui Haechan ? »

Donghyuck est debout devant moi, mon carnet à la main, et une expression indéchiffrable peinte sur son visage.

« Quoi ? Je bredouille, confus.

- Haechan. Ce nom est écrit partout dans ton carnet. C'est de cette personne que tu parles dans toutes tes chansons ? »

Ma respiration et les battements de mon cœur déjà saccadés s'accélèrent furieusement lorsque je comprends enfin ce qui est en train de se passer. Lee Donghyuck a sous les yeux toutes les chansons que je lui ai dédiées.

Incapable de réfléchir correctement, je me lève et lui arrache le cahier des mains.

« Ce- c'est personne. »

J'ai les yeux rivés vers le sol, attendant que Donghyuck dise quelque chose. Après quelques secondes de silence qui me paraissent interminables, je finis par relever la tête vers lui. Mon regard rencontre le sien, me faisant regretter le geste brutal que j'ai eu envers lui. Il a perdu son éclat, lui qui rayonne tellement d'habitude.

« Ok, j'ai compris, murmure-t-il, en s'éloignant de moi.

Et comme le lâche que je suis, je le laisse partir, me retrouvant seul avec mon cœur brisé en milles morceaux.

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Les semaines passent, les unes après les autres, nous rapprochant de plus en plus du jour du concert. L'excitation augmente dans le lycée et l'ambiance semble plus légère et magique au fur et à mesure que la fête approche. Pourtant, je ne ressens rien de tel, seulement de la culpabilité. Donghyuck ne m'adresse plus la parole depuis ce jour, et je ne le vois que lors des répétitions, où il est obligé de me côtoyer. Les autres ont évidemment remarqué que quelque chose clochait, mais j'évite le sujet chaque fois que Chenle ou Jisung essayent de l'aborder. Quant à Donghyuck, il a changé de place pour se mettre devant le tableau, loin de moi, et passe la plupart de son temps avec Jeno. Je suppose que c'était  ce qu'il souhaitait, au fond.

Je suis redevenu le garçon asociale et solitaire du fond de la classe, semblable à celui d'avant en apparence, mais moi je sais que plus rien n'est pareil.

Avant, je n'avais pas ce vide immense dans ma poitrine. Avant, je ne ressentais pas ce poids trop lourd à porter. Avant, je ne souhaitais pas être tout simplement à ses côtés. Avant, je n'avais pas cette impression d'être étouffé par ses sourires qu'il adresse à quelqu'un d'autre. Avant, mon cœur ne se déchirait pas à cause de son regard fuyant. Avant, je n'étais pas autant attaché à lui.

Mais je n'ai d'autre choix que de paraître indifférent. De continuer à aller à lycée, à faire semblant d'écouter des profs déballer leurs cours, à me rendre aux répétitions, à manger, dormir, et recommencer. Encore et encore.

Le concert approche à grands pas, et malgré l'ambiance tendue qui s'est installée dans le groupe, nous finalisons les morceaux, pour que tout soit parfait. L'idée de quitter le groupe m'a traversé l'esprit, mais je ne voulais pas qu'il me déteste encore plus. Et puis, nous avons tellement travaillé, ce serait injuste de leur faire ça, à eux tous.

Alors je continue de jouer, même si je n'écris plus. J'ai balancé parterre mon carnet de rage et de désespoir, un jour, et il n'a pas quitté le sol de ma chambre. Je n'ai pas le cœur de le jeter.

« Bon je pense qu'on est prêts pour demain ! »

Jeno se relève, signe que notre répétition est terminée, et je m'empresse d'enlever la bandoulière de ma guitare et de ranger mes affaires.

Je m'éclipse discrètement, captant seulement l'attention de Jisung, qui m'adresse un petit signe de la main. Je lui rends son salut et rentre chez moi, à pied, avec mes écouteurs et ma musique comme compagnie.

Ça ne le remplace pas, évidemment.