Chapitre 3 : Le bavard

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Elle a la terrible sensation que cette forêt sera son tombeau, l'infection de sa blessure ou la faim se chargera de la faire disparaître. Lucy avait peur qu'on l'oublie, que Maude ne se souvienne même plus d'elle et de ses chansons mélancoliques. Cette pensée déchirait autant son cœur que cet éclat le faisait avec son membre meurtrit.

Avec la vitesse d'une limace, Lucy se glissa entre deux troncs d'arbre côte à côte. Son esprit s'était résigné à la mort, toutes ces péripéties lui rappelait une vieille histoire que sa mère lui racontait pour l'endormir avant les Jours Sombres. Un récit autour de deux adolescents s'aimant à la folie alors que tout le monde voulait les empêcher de s'aimer, Lucy ne se rappelle pas exactement du nom de l'histoire. Romulus et Julia peut-être, ça ne l'aurait pas étonner que cette histoire viennent du Capitole, tordu comme ils sont là-bas. Enfin, elle se souvient au moins qu'à la fin les deux meurent. Dans son cas elle mourra seule, délaisser par lui. 

Il y eut un bruissement de feuille devant, résigner, Lucy sortit mollement son couteau. Une part d'elle voulait recommencer à courir pour survivre quelques jours de plus au mieux mais qu'elle intérêt ? Puis elle se sentait incapable de faire le moindre mouvement. Un éclat blond à travers les feuillages lui fit aussitôt penser à Snow, il l'avait retrouvé. Des tas de questions se basculaient dans sa petite tête meurtri, va-t-il la tuer sans rien dire, l'embrasser une dernière fois dans un espèce de baiser de la mort ? Lui laisser la vie sauve voire même venir avec elle ? Rien de tout ça, au fond d'elle, Lucy savait que jamais le jeune homme n'aurait fait autant de chemin juste pour la retrouver. Il doit la penser morte ou en train de mourir.

Une tête blonde aux traits bien plus gentil finit par apparaître, puis son corps suivi. Il portait un uniforme de Pacificateur totalement rapiécé de partout et couvert de boue, comme ça son amant aurait envoyer un de ses copains faire le sale boulot ? La scène était comique, la jeune femme était recroquevillée contre les deux troncs tandis que l'autre l'observait les bras ballants n'ayant pas l'air très dangereux.

- Wow, on va se calmer tout de suite d'accord ? Lâcha l'homme à toute vitesse, levant ses mains pour apaiser la jeune fille qui tenait son couteau comme une bouée de sauvetage. Bon j'avoue, je t'ai suivis mais t'as pas l'air très bien en point. Continua-t-il sur le ton de la confidence alors que Lucy ne l'avait pas du tout menacer.

- Tu peux dire ça, ouais... répondit la jeune femme en grimaçant légèrement l'une de ses mains serrant sa hanche.

Il semble totalement gêné et après s'être trituré les mains et avoir fait pivoté sa tête de droite à gauche comme s'il craignait qu'on les observe, il vint demander avec un petit sourire timide :

- Je peux voir ? J'ai fais un peu de dessin, la chirurgie et le dessin c'est plus ou moins la même chose faut être précis.

Non ce n'est pas du tout la même chose ! Pensa-t-elle, cette rencontre était vraiment surréaliste, allait-elle vraiment accepter de se faire recoudre par un cadet vraisemblablement en fuite qui essayait de la rassurer en lui disant qu'il a dessiner des bonshommes quand il était petit ?! Sauf qu'elle n'a pas vraiment le choix, elle se savait incapable de soigner cette blessure seule.

- C'est Corolanius qui t'envoie pour terminer le sale boulot ?

Une réelle expression de surprise s'afficha sur son visage.

- Corolanius est dans le coin ? C'est curieux, je le croyais en train de savourer ton triomphe, Lucy. Il se rendit compte qu'il en avait trop dit et se tut avant qu'une nouvelle connerie ne sorte de sa bouche.

Vu son accent, ses manières un brin poli et le fait qu'il connaisse Snow et elle ne laissait aucun doute. Ce type venait tout droit du Capitole, il n'était donc pas digne de confiance. 

- Je suis une vraie célébrité, incroyable; enchaîna-t-elle avec sarcasme avant de soupirer. Tu peux jouer à l'apprenti docteur si ça te chante.

La chanteuse aurait dû se sentir soulagé d'être secouru mais quelque chose la frustrait dans ce geste désintéresser cela lui donnait une impression de faiblesse, elle ne voulait plus être faible et dépendre de quelqu'un pour survivre. Elle ne doit sa victoire qu'au actions de Snow hors de l'arène même si ça l'énervait, la jeune femme devait soigner cette plaie.  Elle pivota donc son corps pour qu'il puisse observer le trou béant. Elle gardait toujours le couteau en main prête à intervenir s'il devenait suspect. La chanteuse tourna sa tête et dévisagea le jeune homme aux traits dégageant de la malice.

- D'ailleurs c'est quoi ton petit nom ?

- Oh pardon, j'ai tellement faim que j'en oublie les bonnes manières ! Moi c'est Achilleus, enchanté Lucy Gray, j'aurais jamais cru te rencontrer en chair et en os comme quoi le destin fait bien les choses. J'ai adoré tes passages à la télé !

Elle n'osa pas continuer cette conversation, le destin ne faisait pas du tout bien les choses et le cadet était bien trop joyeux à son goût. Lucy sentit ses mains se poser de part et d'autre de la blessure alors qu'il s'était enfin tut, l'air concentrer par la tâche. Lorsqu'il écarta légèrement sa peau, la chanteuse eut un terrible réflexe qui la fit bouger d'un coup.

- Détend-toi, si tu bouges, je pourrais pas te soigner d'accord ? dit-il avec un ton confiant. 

- Quand j'étais petit, j'ai fais quelques cours de secourisme bon c'était pour des petits bobos, comme des coupures mais ça va m'aider !

- Tu peux la fermer et te concentrer ? répliqua la jeune femme cinglante, n'aimait vraiment pas cette situation et le fait qu'elle remettait sa vie entre les mains d'un gamin. Il bafouilla un maigre «oui» et se mit au travail, n'osant plus faire de remarques ou de blagues.

Hunger Games : La ballade de LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant