Hunger Games : La ballade de Lucy

Chapitre 7 : Le fruit défendu

Derrière cette apparente tranquillité, ce regard métallisé se cachait quelque chose de dérangeant que la jeune femme n'arrivait pas à décrire. Ce genre d'impression qui te commandait impérieusement de décamper en vitesse mais son regard l'avait cloué sur place. Émile la détaillait à la manière d'un boucher qui choisirait les meilleures parties d'une carcasse, elle le sentait s'émerveiller devant les courbes de ses jambes légèrement musclé ou bien sur sa poitrine. Il y avait quelque chose d'avide tapis derrière ses airs calmes.

Elle avait espéré pouvoir s'enfuir le plus loin possible de ce fou et de cette adulte coincé dans un corps d'enfant. Sauf qu'Émile ne voulait pas les laisser partir, à peine la chanteuse avait tourné les talons que sa voix plus caverneuse cette fois s'était élevé.

- Vous partez déjà ? Si vous avez faim, on a un peu de nourriture, conclut-il avec un insupportable sourire innocent au coin de la bouche qui suffit à la faire douter sur ses intentions. Peut-être qu'au final, elle est paranoïaque et ce type n'était pas si vicieux que ça.

- Oui, on a encore beaucoup de route à faire, mentit Achilleus sans vraiment réfléchir. Lucy jeta un regard en coin n'en revenant pas, lui aussi avait flairé le mauvais coup ?

- Allons vous n'allez quand même retourner dans la forêt alors que la nuit tombe ? On a des canapés vous pourrez vous reposer là-bas, argumenta-t-il avec cet air désintéressé qui n'allait pas avec le regard qu'il posait quelques minutes en arrière sur la chanteuse.

- On sait se débrouiller mais merci c'est gentil de votre part, lâcha Achilleus sans tressaillir et avec un ton ferme. Il ressemblait de plus en plus aux pacificateurs, son sourire naïf a été remplacé par une expression soucieuse et sa posture est plus confiante. Achilleus était bien loin de l'adolescent qui essayait d'arracher un sourire à Lucy il y a quelques heures.

- Fait-moi confiance, y a des choses là-bas que tu ne voudrais jamais rencontrer surtout de nuit, insista-t-il ne prenant même plus la peine de sous-entendre ses menaces. Lucy ne se faisait pas d'illusion, le danger c'est lui et qui sait ce qu'il serait capable de dire ou de faire si elle ose faire un pas de plus vers la liberté. Ils sont dans une impasse, fuir ou bien dormir avec un loup ?

- Très bien mais on vous doit rien et demain on partira dès l'aube d'accord ? Demanda la chanteuse avant qu'Achilleus puisse répondre, pour lui ôter au moins ce poids des épaules. L'intéressé lui jeta un regard en coin bougon, son rôle était de la protéger mais comment y arriver si elle s'y met aussi... D'une part elle n'a pas tort mais l'intérêt que porte le type envers son amie l'énerve profondément et il ne sait pas pourquoi.

- Parfait ! C'est rare de voir des gens dans le coin, je suis sûr que vous avez plein d'histoires à nous raconter, conclut le jeune homme ressortant son énième sourire trop accueillant pour ne pas être suspect. La gentillesse est une chose infiniment rare en ce bas-monde et Émile a beau prétendre l'être, des intentions moins nobles se dégage de lui.

        

       Les adolescents s'étaient assis avec lourdeur sur un des canapés, n'étant pas en confiance, les deux s'étaient collé dans une étreinte protectrice. Tandis qu'Émile s'était positionné face à eux, un feu de camp sur le point de mourir les séparaient. Il demanda alors qu'il sortait des fruits étranges de son sac :

- Pourquoi vous avez fuit Panem ? Comme si la réponse n'était déjà pas assez évidente, qui voudrait vivre dans les district, trimer toute sa vie dans la mine pour que des chanceux se la coulent douce à des milliers de kilomètres. Il y a de quoi se révolter, surtout quand les chanceux vous arrachent brutalement des enfants chaque année.

- On avait pas le choix, répondit Lucy cinglante alors qu'elle se réfugiait un peu plus contre Achilleus. Pourquoi tu as fuis toi?

Léger tressaillement de sa part, son armure de tranquillité s'effrite un instant, il se reprend rapidement plantant ses pupilles métallisé dans celle verte de la jeune femme et avec aucune hésitation il lâcha :

- Je suis né dans ces bois, mentit-il avec brio mais Lucy n'était pas idiote, elle savait qu'il mentait. Vous en voulez ? On a en récolter y a quelques jours, c'est excellent, dit-il en proposant habilement des fruits semblables à des pommes. Un parfait moyen de changer de sujet.

Il leur tendit deux fruits, qu'ils acceptèrent de mauvaise grâce. Ils étaient peut-être pourri ou même empoisonner. Lucy attendit patiemment qu'Émile croque dans le sien, son ventre gargouillait mais sa paranoïa était trop grande puis comment il aurait pu empoisonner un fruit ?! Achilleus avait suivit le même cheminent et il n'attendit pas plus longtemps trop tourmenter par son estomac. L'autre eut un petit sourire qui la fit frisonné, avait-il préparé un plan diabolique ?

Le jeune homme mordit à son tour dans le fruit, elle ne put tenir plus longtemps et ses dents rencontrèrent la chair tendre du fruit. Le jus coula dans sa bouche laissant un goût acide qui n'était pas si déplaisant, pour l'instant tout allait bien. «Je dois vraiment me faire des idées», pensa-t-elle alors qu'elle croquait pour la seconde fois dans l'espèce de pomme.

Lucy remarqua une vieille guitare laisser contre un mur, une fine couche de poussière recouvrait le magnifique bois qui lui à l'inverse de la maison avait résisté au passage du temps. Elle sentait déjà le malaise s'installer et Lucy ne sentait pas capable de le supporter pendant des heures, elle avait besoin de penser à autre chose. D'une signe de tête elle demanda si elle pouvait la prendre. Le contact des cordes sur ses doigts, le doux son s'échappant de l'instrument pour venir faire vibrer son torse lui manquait tout autant que sa famille. Chez son peuple, les instruments sont comme le prolongement de leur âme et vivre sans est pire que la mort.

- Tu peux, on sait pas en jouer de toute façon, lâcha Émile sur un ton curieux.

La chanteuse s'empara de l'instrument avec toute la douceur possible puis essaya quelques accords, elle était désaccordée mais un vrai musicien sait faire sans. Quelques notes timides s'envolait dans les pièces puis sa voix magnifique se joignit à la mélodie.