由美 9. Chaleur

190 20 3
                                    

ー Tsubaki, mon cœur va exploser.

Je retournai devant le miroir et repoussai dans ma panique quelques mèches. Je fis un tour sur moi-même, vérifiant si mon obi était bien ajusté.

ー Écoute Yumi, c'est la chance qui te sourit ! s'exclama-t-elle. C'est le moment idéal pour tout lui dire !

ー Mais comment vais-je faire ? Je n'arrive même pas à la regarder en face...

Tsubaki me rejoignit devant le miroir et m'adressa un sourire rassurant.

ー Reste toi-même, me conseilla-t-elle. Surtout, ne cède pas à la panique.

ー Et si elle me juge ? Et si elle me repousse ?

Mon amie émit un drôle de rire.

ー Mais regarde-toi ! fit-elle en montrant la glace. Qui pourrait bien te résister ?

Soudain, le portable de Tsubaki se mit à sonner. Elle me laissa donc un instant pour aller le récupérer sur mon lit.

Il y avait quelques jours, Tsubaki m'avait annoncé que nous irions au matsuri d'été avec Hatsu et Gôsei. J'avais immédiatement cherché à tout annuler, mais Tsubaki m'en avait empêchée. « C'est ta chance ! », « La chance te sourit ! » n'arrêtait-elle pas de répéter. Des jours durant, j'avais donc cherché dans mes tiroirs ce que j'aurais bien pu me mettre. J'avais finalement décidé d'enfiler un yukata rouge sur lequel on pouvait voir des petits bourgeons de fleurs blanches. Même si j'étais satisfaite de mon choix, je ne pouvais m'empêcher de repasser encore et encore devant le miroir. Mes jambes n'arrêtaient pas de trembler. Mes mains aussi.

ー Elles sont arrivées, déclara Tsubaki. Elles nous attendent dans la rue.

ー Déjà ? m'écriai-je.

Comme elle me voyait retourner devant le miroir, Tsubaki me saisit par le bras et me traîna hors de ma chambre. Dans le couloir, nous ne tardâmes pas à rencontrer Tadao.

ー Tu y vas habillée comme ça ? me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

ー Il y a un problème ?

ー Oui. Va mettre autre chose. Je ne veux pas que les mecs te tournent autour.

Décidemment, Tadao ne comprenait rien à rien.

ー Je ne cherche pas à séduire les garçons, lâchai-je en reprenant ma route avec Tsubaki.

Mon frère m'ordonna de revenir, mais je fis la sourde oreille. Non, ce n'était pas les garçons que je cherchais à séduire. Seule Hatsu comptait...

ー J'espère bien que tu ne cherches pas à attirer leur attention ! s'exclama Tsubaki. Sinon, moi, je n'ai aucune chance...

ー Ne dis pas de bêtises, lui dis-je en souriant. Je te trouve très belle comme ça.

Tsubaki avait enfilé pour sa part un yukata vert qui dégageait une impression de douceur. Ce genre d'habit lui allait toujours merveilleusement bien, même si elle refusait de se l'admettre.

Mon père et ma mère nous souhaitèrent de bien nous amuser puis nous laissèrent partir. Dans la rue, je remarquai immédiatement la chaleur qui pesait dans l'air, même si le soir tombait. L'été était bien là.

Tsubaki sortit son téléphone de son petit sac et jeta des coups d'œil furtifs à droite et à gauche. Finalement, elle esquissa un grand sourire et fit des signes de main. Elles sont là. Rassemblant mon courage, je tournai la tête vers l'endroit où elle regardait. Au loin, j'aperçus Gôsei en yukata rose. Elle était incroyablement élégante, beaucoup plus que nous deux réunies. Elle levait la main vers le ciel, toute joyeuse de nous voir. Derrière elle, un peu en retrait, se trouvait Hatsu.

Kimi no kiaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant