由美 19. Colère

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Je n'en croyais pas mes yeux. Ainsi, c'était eux... les parents de Hatsu ? J'éprouvai immédiatement du mépris à leur égard : pas une seule fois je ne les avais vus pénétrer dans la chambre de leur fille.

ー Ah, M. Ueda, fit le docteur. Je ne pense pas que le moment soit opportun pour venir prendre des nouvelles de votre fille. Elle vient juste de se réveiller, laissez-la reprendre ses esprits.

ー Je sais bien qu'elle est réveillée, rétorqua l'homme. Sinon, pourquoi pensez-vous que je serais ici ? Je veux la voir tout de suite.

ー Ce n'est pas vous qui donnez les ordres, monsieur, s'énerva le docteur.

ー C'est ma fille.

ー C'est ma patiente, et je sais mieux que vous comment m'en occuper.

Un silence tomba soudain ; il y avait une incroyable tension dans l'air. Alors que plus personne ne parlait, je remarquai que la mère de Hatsu m'observait. Si ses cheveux noirs étaient aussi beaux que les siens, je ne pouvais voir dans ses yeux à elle que de la haine et du mépris. Je soutins son regard avec difficulté, puis elle finit par m'ignorer.

ー Quand pourra-t-elle se mettre debout ? demanda le père.

Je sentis qu'il retenait sa colère. Je sentis aussi que le docteur choisissait ses mots.

ー Monsieur, il se pourrait que nous devions faire face à quelques imprévus, dit-il d'une voix calme.

ー Eh bien, développez !

ー Il se pourrait que la lame du katana ait... endommagé, pour ainsi dire, la moelle épinière de votre fille.

Mon cœur se serra. Je pensais... Je pensais que je me trompais...

ー Nous n'avons pas remarqué ce détail durant ses opérations. Nous savions que cela était possible, mais nous pensions les chances très faibles...

Le père de Hatsu fit sursauter le docteur en frappant le mur.

ー Ce « détail » ?

J'avais l'impression qu'une tempête se préparait.

ー Êtes-vous en train de me dire que ma fille a perdu l'usage de ses jambes, docteur Keiji ?

ー C'est précisément ce que j'essaie de vous dire, monsieur.

L'homme échangea un regard avec sa femme. Tous les deux, ils prirent une expression sidérée.

ー Peut-être qu'elles vont revenir, les rassura le docteur. Laissez-lui un peu plus de temps.

ー Lui laisser un peu plus de temps ? explosa le père. Cela fait deux mois qu'elle est ici !

ー Vous devriez être au moins soulagés de la savoir en vie...

ー Si elle ne peut plus se lever, à quoi sert-elle ?

Je fis un pas en arrière, choquée. Impossible... Comment de telles personnes avaient-elles pu donner naissance à une fille aussi formidable ?

L'homme porta enfin son regard sur Hatsu qui observait la scène comme moi, impuissante. Il fronça du nez, comme s'il était dégoûté, puis lâcha :

ー Tu aurais mieux fait de mourir.

Cette fois-ci, ce fut trop. Entrant dans la chambre sans réfléchir, je me plaçai entre lui et Hatsu ; j'avais remarqué en m'approchant d'elle les larmes qui menaçaient de couler dans le coin de ses yeux.

Il y eut un silence durant lequel mon cœur se mit à battre fort. Le père de Hatsu était terrifiant. Je la plaignais, je la plaignais énormément. Toute sa vie, elle avait donc dû supporter cette personne. Et encore, je n'avais pas entendu la mère.

Kimi no kiaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant