初 12. Éclair

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C'est avec le souffle coupé que j'arrivai à la maison. Cela faisait longtemps que je n'avais pas couru aussi vite. Devant la porte, je me mis à chercher nerveusement mes clefs dans mon sac. Mes mains tremblaient et je dus m'y remettre à plusieurs fois avant de les insérer dans la serrure. Pourquoi revenaient-ils ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi fallait-il toujours qu'ils jettent un voile noir au-dessus de ma tête chaque fois que le bonheur me souriait ?

Aussitôt à l'intérieur, je me précipitai au premier étage et vérifiai que tout était bien en ordre. Après avoir rapidement dépoussiéré les meubles, je montai dans ma chambre et attendis nerveusement leur arrivée. Tout va bien se passer. Le cadeau que Yumi m'avait offert pour mon anniversaire attira mon attention. Son visage me revint en mémoire. J'aurais aimé que tu sois avec moi... Comme pour me consoler, j'attrapai le maneki neko en porcelaine et le serrai dans mon poing. Quelques minutes plus tard, la sonnette retentit dans la maison.

Après avoir pris une profonde inspiration, je descendis l'escalier et allai au portail. Ils étaient là. Père, avec son long manteau noir, et mère, toujours aussi hautaine.

ー Le voyage a été épuisant, se plaignit père alors que je leur ouvrais. Tu as préparé le dîner ?

ー Pas encore.

Comme d'habitude, il n'avait aucun temps à perdre en salutations.

À la maison, je me précipitai dans la cuisine et me dépêchai de trouver quoi faire à manger. Mes parents, eux, posèrent leurs valises et se mirent à l'aise.

ー Tu t'es améliorée en cuisine ? me lança père.

Surprise par la question, je lui avouai que j'avais toujours du mal. Il s'adressa donc à mère.

ー Il faudra que tu lui apprennes. Elle devra savoir la faire.

Lorsque j'eus fini de préparer le repas, nous nous assîmes à table et commençâmes à manger. Un lourd silence pesait dans le salon.

ー Tes notes ? me demanda mère. Toujours aussi bonnes ?

ー Oui.

ー Tu as réussi les derniers examens ?

ー Oui.

ー Tant mieux, déclara père. Demain, tu ne retournes pas au lycée.

Mon cœur fit un saut.

ー Pardon ?

Peut-être avais-je mal entendu.

ー Nous t'avons trouvé un bon parti avec ta mère. Un jeune homme très prometteur, et très fortuné. Sa famille est plus que respectable. Il pourra prendre la relève de l'entreprise.

Étais-je en train de rêver ? Abasourdie, aucun mot ne sortit de ma bouche.

ー Nous avons déjà organisé les fiançailles, me dit mère avec un sourire. Demain, direction Tôkyô.

Elle me saisit soudain le menton et examina mon profil.

ー Tu es très vilaine. Il était temps que je rentre pour m'occuper de ce visage.

Je me levai d'un bond de ma chaise : l'incompréhension avait laissé place à la colère.

ー Vous avez tout organisé sans même me prévenir ?

Père haussa les sourcils.

ー Évidemment. Tu n'as pas à être incommodée par tout cela.

ー Bien sûr que si ! m'écriai-je. Il en va de ma vie ! Il ne vous est pas même venu à l'esprit que j'aurais pu déjà voir quelqu'un ?

Kimi no kiaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant