ー Il me semblait t'avoir dit 18h.
Je refermai lentement la porte derrière moi. Père m'attendait déjà sur le canapé.
ー Désolée, je n'avais pas vu le temps passer.
ー De telles négligences ne seront pas tolérables plus tard, me prévint-il. Tu ne devras jamais désobéir à ton mari. Est-ce clair ?
Je ne répondis pas.
ー Est-ce clair ? répéta père.
Je me mordis la lèvre. Répondre « oui », cela revenait à être déshonorée. Je ne devais pas commencer à céder, je l'avais promis à Yumi. Prenant mon courage à deux mains, je levai donc la tête et fronçai les sourcils.
ー Je t'ai déjà dit que je ne me marierai pas.
Mère arriva soudain par derrière et me saisit les cheveux. J'émis un gémissement alors qu'elle rapprochait ses lèvres de mon oreille.
ー Petite sotte, me chuchota-t-elle, tu ne te rends pas compte de la chance que tu as. Tu auras la vie facile, avec ce mariage, et tu n'auras pas à être incommodée par l'amour.
ー L'amour, c'est important.
Mère tira un peu plus sur mes cheveux.
ー C'est encore ton idiot de grand-père qui t'as mis ça dans la cervelle.
ー Grand-père n'était pas un idiot ! m'énervai-je.
J'arrivai à lui frapper la jambe et elle me relâcha aussitôt. Je me retournai alors, prête à faire face à père, mais il était déjà trop près. Il me saisit violemment le poignet et commença à me conduire vers les escaliers.
ー Vous n'avez pas le droit de décider de ma vie, criai-je désespérément. Si vous continuez, je fugue !
Père se mit à rire.
ー Bien sûr.
Les larmes aux yeux, je tentai de me débattre à nouveau, mais père me tenait fermement. J'essayai tout, luttant comme une lionne, mais aucun de mes efforts ne semblaient pouvoir me délivrer de son étreinte. Qu'est-ce qui se passe ? J'avais l'impression de perdre le contrôle sur tout.
Père me fit monter les escaliers et me jeta dans ma chambre.
ー Tu vas rester ici et commencer à préparer tes affaires, me dit-il en levant le menton. Nous avons été trop généreux de te laisser retourner au lycée aujourd'hui. Demain, nous partirons tôt.
Comme je gardais mon air féroce, il me lança un regard dégoûté.
ー Tu es ridicule, lâcha-t-il. Tu sais, je crois que la pire erreur que nous ayons faite avec ta mère, c'est d'avoir accepté de te confier à mon père quand tu étais petite. Il n'a fait que te donner de mauvaises habitudes.
Après avoir déversé toute sa colère, il referma ma porte avec tant de force que mes murs en tremblèrent. Le maneki neko en porcelaine que Yumi m'avait offert chavira alors sur ma table de chevet et, sans que je n'eusse le temps de réagir, il se brisa brutalement au sol. Non ! Dévastée, je me précipitai et récupérai les morceaux par terre. Ce cadeau... voulait tant dire pour moi... C'était tout ce qui me restait de Yumi quand j'étais seule à la maison. Mais... Pourquoi étais-je si triste ? J'aurais pourtant dû y être habituée. Père faisait souvent voler en éclat tous mes rêves. Lentement, je reposai donc les morceaux du maneki neko sur la table de chevet. Aïe ! En les manipulant, je ne tardai soudain pas à me couper le bout du doigt. Silencieuse, j'observai la goutte de sang se former sur ma peau, puis allai m'allonger sur mon lit.
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Kimi no kiai
Romansa« Ce n'était pas une question de chance. C'était une question de destin. Peu importe ce que nous aurions fait, un jour, nous aurions fini par nous rencontrer. J'en suis persuadée. » Yumi vient tout juste d'arriver au lycée et son quotidien se voit d...