由美 10. Mélodie

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La rentrée scolaire fut synonyme de bonheur. Pendant les vacances d'été, je ne pus en effet pas voir Hatsu, alors que nous venions à peine de nous déclarer l'une à l'autre. Mes parents avaient décidé de nous emmener avec eux voir grand-père et grand-mère plus au nord du pays. J'avais par chance échangé avec elle mon numéro de téléphone, mais parler par message, ce n'était pas pareil. Quand son absence devenait insupportable, je m'éloignais de ma famille et l'appelais ; ainsi, je pouvais entendre sa voix et me sentir plus près d'elle.

Revoir le lycée Shimura me redonna plein d'espoir. À peine entrée dans l'enceinte, Tsubaki me sauta dessus comme à son habitude. Heureuses de nous revoir, nous nous serrâmes l'une contre l'autre et reprîmes le chemin des cours qui nous avait manqué. Comme je l'espérais, il s'écoula peu de temps avant que je ne croise Hatsu dans les couloirs. Aussitôt, Tsubaki se mit un peu en retrait, tout comme Gôsei qui était là. La revoir provoqua en moi quelque chose d'ineffable.

ー Bonjour Yumi, fit-elle simplement avec un sourire.

ー Bonjour Hatsu.

C'était frustrant, de ne pas pouvoir se toucher. Mais nous ne voulions pas attirer des regards indiscrets.

ー Tu viens au dôjô, ce soir ?

ー Bien sûr !

Notre discussion s'acheva ainsi : la sonnerie du lycée annonça le début des classes. Tsubaki me saisit alors le bras et nous nous empressâmes de rejoindre nos camarades.

La journée fut longue, incroyablement longue. Pendant les cours, j'étais souvent ailleurs ; je réfléchissais à la première chose que je lui dirais en la revoyant. J'avais envie d'être seule avec elle pour ne pas avoir à faire attention aux autres... Tsubaki remarqua souvent mon air absent car elle m'aveuglait avec sa règle quand le professeur évoquait quelque chose d'important dans notre programme. Surprise, je me jetais alors sur mon cahier et notais la leçon. Je n'y croyais pas : les rôles semblaient s'être inversés.

Mon attention ne fut pas meilleure lorsque je triais la paperasse au bureau des élèves. Plusieurs fois, Naoka me cria dessus car je venais de faire une erreur. Prenant un air désolé, je me corrigeais alors immédiatement et cela faisait rire de plus belle Tsubaki. L'instant d'après, c'était elle qui se faisait taper sur les doigts.

Le moment où je pus rejoindre Hatsu finit cependant par arriver. Comme elle me voyait un peu nerveuse, Tsubaki me souhaita bonne chance et me poussa en direction du dôjô. Je pris ses encouragements à cœur et m'y approchai ; devant l'entrée, je me rendis compte à quel point ce local m'avait manqué.

La porte coulissa devant moi sans que je ne la touche. Je me retrouvai tout à coup face à Hatsu qui passait sa tête dehors.

ー Yumi ! fit-elle, surprise.

Elle se mit à rougir.

ー Tu avais peur que je ne vienne pas ?

ー Un peu... avoua-t-elle.

Hatsu me proposa de la rejoindre à l'intérieur.

ー J'ai déjà commencé à ranger, m'expliqua-t-elle.

Les réflexes que j'avais perdus revinrent rapidement. Comme autrefois, elle et moi, nous nous mîmes à remettre l'équipement à sa place. Tout semblait être revenu à la normale, à l'exception de cette complicité entre nous qui était mille fois plus intense. Lorsque nous eûmes fini, nous nous assîmes face à face dans la salle de rangement, fières de notre travail. Hatsu saisit alors mes mains et se mit à me les caresser. En les regardant, elle me dit tout bas :

Kimi no kiaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant