Angel & Demon - Nick Austin 🖤

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Mme Matthews : Doucement ! Pas besoin de prendre vos sacs...

Personne ne l'écoute. Ma classe s'éparpille dans le couloir et se dirige en courant vers les escaliers. Les autres portes s'ouvrent à la volée et je suis emportée par un flot d'élèves pressés de retrouver leur liberté.

Nous nous regroupons sous la pluie au milieu du terrain de sport, en rangs derrière nos professeurs respectifs. Mme Matthews consulte sa liste d'appel l'air soucieux.

Mme Matthews : Il manque deux personnes. Nick Austin et Josh Richards.

Pour ce qui est du premier, ça n'a rien d'étonnant, mais l'absence de Josh est plus inattendue. Il est un bon élève.

Une élève : Je crois que je l'ai vu partir vers un bâtiment de sciences. Et s'il s'était fait piéger par les flammes ? S'il il était en train d'étouffer dans l'épaisse fumée noire ?

Amélie : Arrête un peu, il n'y a quasiment pas eu de flammes. Le feu a été éteint tout de suite. Je parie que Nick a fait exprès de déclencher l'alarme pour rigoler.

Mme Matthews : Est-ce que quelqu'un a vu Josh ??

Amélie : À tous les coups, il s'est enfermé dans les toilettes des filles pour pleurer...

Mme Matthews : Ça suffit Amélie. Je ne plaisante pas. Si tu n'as rien d'intéressant à dire, tais-toi.

Amélie : Tiens, voilà M. Fisher. Il doit vouloir une explication, madame. Le feu s'est déclenché pendant votre cours et en plus, vous avez perdu deux élèves !

Mme Matthews devient toute rouge.
Pendant qu'elle se tourne vers le proviseur, la classe se sépare en petits groupes. Comme je n'ai personne avec qui discuter, je regarde le campus avec admiration devant son immensité.

C'est alors que j'aperçois Josh. Il se faufile le long de la piste de course, caché derrière les rangées d'élèves.

Nos regards se croisent et il porte un doigt à sa ses lèvres. En même temps il n'a pas à s'inquiéter : je ne prononce jamais un mot.

Arrivé à ma hauteur, il me demande :

Josh : Ils n'ont pas remarqué mon absence, si ?

Moi : Si.

Josh : Mais tu comprends ce que je dis ! Génial !
Puis son sourire s'efface.
Josh : Et donc, euh... ils ont vu que j'étais parti ?
Je hoche la tête.
Josh : Bah, ça ne fait rien. Tant qu'ils n'ont pas de preuve...

M. Fisher : Josh Richards ! Venez ici tout de suite !

Josh : Oups... Tu peux me garder ça un moment ?

Ils sort quelque chose de son blouson et le fourre dans mon sac, avant de se diriger vers le proviseur et Mme Matthews.

Amélie : Où étais-tu Josh ? À la bibliothèque en train de lire un passage de la bible ? Haha !

Josh ignore sa remarque.
Au moment de suivre M. Fisher, il me jette un coup d'œil anxieux par-dessus son épaule. Je pose un doigt sur mes lèvres. Il me remercie d'un sourire.

Dès qu'ils sont hors de vue, j'ouvre mon sac pour voir ce qu'il y a dissimulé.
Entre mes livres, ma tenue de sport et ma trousse, je frôle une boule de poils toute chaude. Je sursaute horrifiée.
Non, c'est impossible. J'ai dû rêver.
Quand je replonge la main dans mon sac, la chose détale sous mes doigts. Josh a glissé un animal au milieu de mes affaires ! Je soulève le rabat, et un petit nez pointu surmonté de deux billes noires se lève vers moi.
Un rat.

Et le pire, c'est que Josh a disparu je ne sais où ! Ça s'annonce mal.

Mais le rat de mon sac ne ressemble pas aux rats d'égouts, il a l'air apprivoisé.

Après que les pompiers aient fini d'inspecter le bâtiment, il est midi passé. Nous retournons en classe pour récupérer nos affaires et rendre nos devoirs à Mme Matthews.
La table de Nick Austin a été nettoyée, mais elle reste un peu noircie. Quand la sonnerie annonçant l'heure du déjeuner retentit, je me dirige vers la cantine sans avoir revu Josh.

Le rat doit avoir faim parce qu'il a mangé une bonne partie de ma fiche de vocabulaire sur les aliments. Je choisis de la nourriture susceptible de lui plaire : salade, tomates et fromages.

Au moment où je tente de donner lui donner une feuille de salade, Kouvr Annon s'assied à côté de moi.

Kouvr : C'est quoi ça ? La salade, c'est pour les lapins.

Pour les rats, en l'occurrence. Son plateau à elle est garni de pizza, de frites, d'une canette de Coca, d'une barre chocolatée et d'une énorme part de tarte aux pommes. Visiblement, elle n'est pas très légumes.

Je glisse la laitue dans mon sac et me dépêche de fermer les lanières.

Kouvr : Tu ne parles pas beaucoup. Tout le monde pense que tu es idiote, ou snob. Moi je parie que c'est juste de la timidité. Et que tu ne perds pas une miette de ce qui se passe. Pas vrai ?
Que répondre à ça ?
Kouvr : Tu n'as pas envie de te faire des amis ?
Je lui adresse un petit sourire crispé. Aussitôt, elle s'illumine.
Kouvr : Tu peux rester avec moi alors si tu veux !

Avant que j'aie osé répondre, Amélie s'approche de notre table avec une grimace sarcastique.

Amélie : Alors Kouvr ? Tu manques d'appétit aujourd'hui ? Tu es au régime ? Le pudding au caramel ne te tentait pas ? Ou le flan, ou la glace ? Tu es sûre que tu ne veux pas quelques nuggets en plus ? Il ne faudrait pas que tu meures de faim, quand même...

Kouvr ouvre la bouche pour protester, mais se retient au dernier moment. De grosses plaques rouges apparaissent sur ses joues. Elle baisse les yeux.

Amélie : Oh ça va. Tu as de quoi nourrir la moitié du campus sur ton plateau. Ça ne te ferait pas de mal de sauter un repas. Avec toute ta graisse, tu pourrais survivre pendant des mois.

Les mains sur les hanches, elle en rajoute une couche en déclarant que les filles grosses ne devraient pas porter de minijupes .
Je fixe Amélie droit dans les yeux.

Amélie : Qu'est-ce que tu veux Clara, Carla, ou je ne sais plus quoi ? Si tu as quelque chose à dire je t'écoute !

Malheureusement je n'ai ni le vocabulaire, ni l'assurance nécessaire pour lui tenir tête. Je sais que je vais m'emmêler dans les phrases, confondre les mots et me débatte avec mon accent. Pourtant, j'enrage en penant à ce que je supporte depuis quinze jours. Et à Kouvr, Josh et tous ceux qui encaissent sans broncher les remarques méchantes d'Amélie et ses semblables.

Mais à défaut de mots, je possède une arme secrète.
J'ouvre mon sac.

Amélie : Oh, j'oubliais, c'est vrai que tu es muette. Tu sais quoi miss France, tu n'as rien à faire ici... alors occupe-toi de tes affaires ou rentre dans ton...

Elle ne finit pas sa phrase, car le rat vient de sauter sur une de ses bottes à talon.
Amélie Zilber n'a peut-être pas de cœur, mais elle a de bons yeux. Et des cordes vocales en état de marche.

Amélie : Hiiiiiiiiiiiiiii !!!!! en hurland d'une voix suraiguë.