Red Lightning Strike | Tome 1

Le Diable au corps

Cinq secondes.

C'était le temps qu'il m'a fallu pour bondir de ma chaise et me retrouver nez à nez avec la rouquine.

Mon corps tout entier n'était plus qu'un immense brasier, alimenté uniquement par la haine qui se consumait en moi.

Derrière elle, l'ordinateur allumé, et l'article encore projeté en grand écran.

La curiosité me poussa à m'en approcher. Juste pour être sûre. Juste pour remettre un peu plus d'huile sur le feu.

Mais non, il n'y avait aucun doute quant à l'identité de l'utilisateur de la session.

#QueenAlicia avec la photo d'un labrador au collier rose se reposant tranquillement sur les genoux de sa maîtresse.

L'affaire s'était tassée depuis, mais moi je n'avais pas oublié. Comment aurais-je pu d'ailleurs ? Tous ces regards insultants, ces remarques désobligeantes et empruntes de mépris qu'on avait susurré si près de mon oreille alors que j'arpentais les couloirs. Ce sentiment de crainte avait dormi en moi depuis tout ce temps. Et il venait de se réveiller à nouveau. À la différence que maintenant, il me faisait me sentir plus forte.

Face à elle, je pouvais remarquer à quel point ses yeux fuyaient les miens et alors, elle paraissait tellement coupable que je me demandais comment ça avait pu m'échapper. Je me rappelais encore de ce jour fatidique où elle m'avait demandée si j'avais eu vent de ce fameux article. Quel culot ! Comment avait-elle osé ! Et surtout, pour quelles raisons ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à commettre un tel acte ? Nous nous connaissions à peine et jamais encore elle avait osé s'attaquer à moi.

Entre temps, les autres élèves du groupe 12 s'étaient massés autour de nous jusqu'à complètement nous encercler. Zayn était posté au milieu d'entre eux. Ils nous observaient tous avec la même avidité, la même impatience, comme si nous n'étions rien de plus que deux catcheuses au beau milieu d'un ring.

Liam observait le rassemblement d'un air peu rassuré. Il essayait de rétablir l'ordre dans la bibliothèque mais ses efforts furent bien vite contrariés par le brouhaha ambiant qui ne faisait que croître.

Son regard glissa ensuite pour venir se poser sur moi, pile au moment où je m'apprêtais à envoyer valser mon premier ricochet dans la figure de la rouquine.

Qu'est-ce qu'il avait dit déjà à propos des échecs ?

Si ça marchait pour l'amour alors ça devait aussi fonctionner pour la haine.

Faire avancer un pion, deux ou trois, sans pour autant se mettre en danger.

- Ça t'as pas suffit de foutre le bordel entre Mindy et Louis ? Il fallait aussi que tu écrives ce putain d'article sur moi, lâchais-je alors, la mâchoire serrée.

Elle me regarda, presque déboussolée du haut de sa paire de baskets compensée.

- Ecoute, ce n'est pas moi, je ne sais absolument pas comment ce truc s'est retrouvé sur mon drive, pleurnicha-t-elle presque en serrant son calepin entre ses mains.

À première vue, ça semble facile, évident.

Je claquais ma langue contre mon palais.

Et puis ensuite, vient le moment crucial, celui où vous tentez de prévoir le coup de l'autre.

- Évidemment. Et tu crois que tu vas réussir à me faire gober ça ?

Elle semblait si mal-à-l'aise, si perdue, pourtant, être sous les feux des projecteurs ne l'avait jamais dérangé. Bien au contraire, c'était ce à quoi elle aspirait le plus.