Coup au cœur

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Et j'étais restée ainsi, prostrée devant les restes du combat qui s'étaient joués devant moi. 

Le masque d'Alexandre traînait toujours au sol, à l'endroit même où il était tombé et je ne pus m'empêcher de le ramasser. Les bords grisés étaient abimés, sans doute éraflés par la poigne vengeresse du basané. 

Quant aux minutes qui suivirent, elles ne furent rien d'autre qu'une succession d'évènements flous et étouffés dans ma mémoire.   

D'abord, il y eut la cohue d'invités qui avait débarqué, sans doute alertée par les cris de rage du blond, puis, l'orchestre qui avait arrêté de jouer au beau milieu d'une note et mes oreilles qui sifflaient, encore et toujours, tandis qu'au dessus de nous, la pluie se mit à tomber. 

Stefan se fraya un passage jusqu'à son fils et l'aida tant bien que mal à rentrer dans le bâtiment. 

Maman l'imita et prit ma main. L'instant d'après, j'étais de retour dans le grand hall, en face de cette maudite horloge qui avait cessé de fonctionner. Et maintenant, j'en étais presque réduite à la jalouser. Elle n'avait eu qu'à figer ses aiguilles pour que le tour soit joué, pour qu'on lui foute la paix. 

Mais pour un cœur qui palpite, ce n'est pas aussi simple. Ce n'est jamais aussi simple. 

Parce que c'est notre façon à nous de nous sentir vivant. 

Mais il y avait des jours, des soirs, comme celui-ci, où sentir mon cœur battre me faisait mal.  

Sans doute, parce que j'avais eu la bonne idée de le léguer à une personne dont seul le nom m'était familier. Même si ça aussi c'était un leurre. 

L'excès de violence dont il avait fait preuve ce soir-là m'avait fait l'effet d'une bombe. Et malgré toute ma bonne volonté, malgré tous mes efforts, je ne pouvais désormais plus m'empêcher de penser que Zayn m'avait menée en bateau. 

Peut-être même que ça avait été son but depuis les prémisses de notre rencontre. 

Il avait dû voir en moi quelque chose qui l'avait fait tiquer. Peut-être que c'était cette bulle dans laquelle je vivais, ce cadre que je m'étais forgée et dans lequel je me figeais un peu plus chaque jours. Peut-être que c'était pour toutes ces choses que lui n'avait pas. Il s'était alors mis en tête de les faire voler en éclat, il avait voulu me perdre en dehors de ma propre zone de confort. Et c'était réussi. Oui, ça avait marché du feu de Dieu. 

Il m'avait tellement perdue que je ne savais plus qui il était. 

Je ne savais plus qui était le Zayn que je pensais connaître. 

Il avait profité de ma crédulité exacerbée pour faire durer le suspense sur son identité.  

Et ça aussi, ça avait marché. 

Mais sans doute s'était-il senti pris au piège lorsque je lui avais mentionné son casier. 

Parce qu'alors, il avait su qu'il en faudrait plus pour satisfaire ma curiosité. Mais ce plus là, il n'était pas prêt de me le donner. 

Sa promesse était du vent, comme cette image que j'avais de lui. 

Et dans son sillage, mon cœur allait se consumer. Il allait brûler de ce feu qu'il avait allumé en moi. 

Un brasier qu'il ne pourrait décemment pas assumer. 

— Amélie, tout va bien ? 

La voix de ma mère entrava celle de mes pensées. 

Je hochais la tête avant de me rendre compte que je tenais toujours le masque du blond.

— Apparemment ce taré est entré sans invitation ! J'ai eu peur qu'il te soit arrivée quelque chose, admit-elle en caressant furtivement ma joue. 

Red Lightning Strike | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant