Je suis allergique au latex

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Je n'étais plus sûre de rien concernant Zayn, en revanche, s'il y avait bien une chose dont je ne doutais pas actuellement, c'était que déblayer les gradins qui entouraient le stade de l'école  serait tout sauf une plaisante promenade de santé. 

Des canettes à moitié vides dissimulées par-ci par-là, des mouchoirs usagés à l'apparence douteuse, des emballages diverses et Dieu sait encore ce qui se cachait dans ce dépotoir ! Voilà déjà dix minutes que je m'activais au nettoyage des sièges plastifiés sous le regard distrait d'un surveillant assit quelques mètres en contrebas qui préférait nettement le contenu de son téléphone à mon flicage personnel. 

Le basané était toujours et encore aux abonnés absents et pour tout dire, je commençais à m'y faire. Je crois que même le surveillant s'y était fait, tout comme la directrice, les élèves et les autres membres de cet établissement. Et malgré tout, c'était ce qui me frustrait le plus, que tout le monde s'y faisait avec autant de facilité, sans jamais rechigner ni même contester. 

Tous avaient abandonné l'idée de le capturer et de le ranger dans une case, parce que Zayn s'élevait au-dessus de ça. Sa carapace et son air méprisant empêchaient qu'on lui colle une étiquette toute blanche ou toute noire sur le front, sans doute parce qu'il n'était réellement ni l'un ni l'autre, mais un entre-deux entre le paradis et l'enfer. 

Mi-ange mi-démon, un jour il avait le cœur tendre, le jour suivant il était de béton. 

Et plus j'y repensais, plus ça me mettait en vrac. Plus j'essayais de le comprendre, moins j'y arrivais. 

Je revoyais son regard, le dernier qu'il m'avait lancée avant que la poigne du policier se referme sur moi, et je n'avais qu'une envie, retourner en arrière, rembobiner le fil de notre rencontre à son commencement et la faire renaître jusqu'à ce que ma curiosité soit entièrement satisfaite. 

J'avais beau le détester en cet instant, il continuait de me coller à la peau. 

Mon balai heurta alors une bouteille en verre et le bruit me fit perdre le fil de mes pensées. Je ramassais l'objet avant de le jeter dans le sac plastique que je traînais derrière moi au fur et à mesure que j'avançais dans les allées. 

Plus loin, je dus prendre encore un peu plus sur moi lorsque je remarquais un préservatif usagé qui pendouillait maladroitement entre deux accoudoirs. Le surveillant m'avait fournie des gants de protection à mon arrivée, mais tout de même, cette punition commençait à dépasser les limites de la bienséance. 

Je pris le condom du bout des doigts en grimaçant. Je n'aurais su dire s'il avait été utilisé par des plaisantins ou s'il avait vraiment servi à un couple en chaleur et tout compte fait, je préférais ne pas le savoir. 

— C'est fou tout ce qu'on peut trouver sous ces sièges. 

La voix avait surgi de nul part, déstabilisant mes sens et m'obligeant à faire volte-face tandis que le préservatif m'échappa pour venir s'écraser directement sur l'épaule du grand et inaccessible Zayn Malik. 

J'allais vomir. 

— Tu as encore un peu de...sur l'épaule, l'informais-je alors qu'il secouait ses épaules pour faire tomber le condom.

Soit j'étais maladroite, soit je n'avais tout simplement pas de chance. Je m'étais transformée en une belle tomate mure. 

— Désolé du retard, j'avais des choses à terminer, s'excusa-t-il sans perdre une minute. 

J'aurais menti si je disais que je n'avais pas attendu ce moment tout le week-end. En réalité, je l'avais scénarisé jusqu'à en avoir marre de me le répéter en boucle. Je m'étais imaginée l'incendier jusqu'à ce qu'il prenne véritablement feu, je m'étais vu lui balancer les pires insanités au monde pour m'avoir abandonnée dans ce musée, mais maintenant qu'il se tenait devant moi, je ne pouvais m'empêcher de craquer pour sa fossette droite. 

Red Lightning Strike | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant