Red Lightning Strike | Tome 1

Échec et Mat♙

Assise sur l'un des pouf multicolore du CDI, je parcourais des yeux ce vieux bouquin écorné que Madame Armano nous avait conseillé de lire en vue du prochain contrôle de lecture. 

La première sonnerie de la matinée n'avait pas encore retenti, mais comme pour me faire pardonner de mon premier retard, j'avais désormais toujours vingt minutes d'avance sur cette dernière. 

C'est ainsi qu'à mon arrivée dans la cour j'avais croisé Liam, les bras chargés d'un encombrant carton. Ce dernier semblait sur le point de se rompre en deux, fragilisé par tout le bric-à-brac qui en dépassait.  

— C'est pour la fête de fin d'année, m'avait-il informé après s'être arrêté un instant pour reprendre son souffle et me saluer en bonne et due forme. Ils veulent renouveler les banderoles à partir de celles de l'an dernier. 

Liam avait l'air de s'investir énormément dans la vie de l'école. Plus d'une fois je l'avais vu se démener pour rendre service à la secrétaire, sans compter qu'il avait été élu délégué de sa classe trois années de suite. 

— Ça doit être un sacré événement.

Nous allions tout juste entrer dans la période hivernale que déjà ils se préparaient pour les festivités de l'été.  

À peine avions-nous franchi l'enceinte de l'école que le brun avait repéré un banc libre au milieu du hall et s'était fait violence pour supporter le poids du carton encore quelques mètres. Il s'était étiré le dos après y avoir déposé la bête. 

— C'est un peu l'occasion idéale pour chaque élève de briller par son talent, avait-il reprit en m'adressant un sourire en coin. 

D'après les dires de Mindy, il ne s'agissait pas juste d'une fête, c'était quelque chose de plus emblématique, de plus grand. En effet, les membres des différentes options y présentaient, à leur manière, ce qu'ils avaient réalisé durant un an. Nous tracions ainsi ce chemin unique que nous avions acheminé tous ensemble et sur lequel nous y inscrivions nos derniers pas, ceux qui nous diviseraient ensuite. 

L'avenir, le futur, tout le monde n'avait que ces deux mots à la bouche. À croire qu'après le lycée rien ne serait plus jamais comme avant. 

Liam avait alors sorti un trousseau de clés de sa poche avant de me le tendre. 

— Installe-toi donc déjà au CDI en attendant que je dépose le colis, m'avait-il suggéré en craquant ses phalanges. Referme juste la porte derrière toi pour éviter que des curieux ne rentre avant l'ouverture. 

J'avais hoché la tête avant de le voir s'éloigner en direction du bureau de la directrice. 

Et voilà comment je m'étais retrouvée à une heure aussi matinale sur ce pouf qui donnait mal aux yeux. 

Désormais absorbée par le destin de Catherine je faisais défiler les pages de son existence sous mes doigts et je n'avais prêtée que peu d'attention à l'intrus qui venait de s'aventurer à l'intérieur du CDI. Pour tout dire, je ne l'avais même pas entendu pousser la porte. 

— Les Hauts de Hurlevents. 

Le son de sa voix m'avait tirée si brusquement de mes rêveries que, paniquée,  je lui avais envoyé l'ouvrage en pleine figure. 

Il le rattrapa de justesse avant d'en parcourir la couverture et de venir me sonder de ses iris chocolatées. 

Encore et toujours lui. 

Nos rencontres n'étaient-elles vraiment que des coïncidences fortuites ? Ou était-ce encore ma théorie de l'aimant à emmerdes qui se confirmait pour la énième fois ? Pourtant, je devais dire que je commençais à m'y habituer. Je prenais presque plaisir à le voir débarquer à l'improviste, à me surprendre de la sorte, et cette seule pensée me tordit l'estomac.