C'est un rancard ?

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J'avais la tête en feu. 

Non, rectification: ma tête était le feu. 

J'avais déjà eu des migraines auparavant, souvent même, mais là, c'était pire. Pire parce que le simple fait d'ouvrir mes yeux dans l'obscurité m'était insupportable. Et pire parce que j'avais l'impression de comater dans un épais nuage de brouillard duquel je n'arrivais plus à me défaire. 

Mon corps émergeait lentement, réveillant peu à peu mes muscles endoloris. Merde. Alors c'était ça ce qu'on ressentait un lendemain de soirée ?  J'avais plutôt l'impression d'avoir fait une trentaine de squats pour avoir autant mal au derrière. Je grimaçais en essayant de me relever sur mes coudes. 

Je regardais anxieusement tout autour de moi, désorientée. Je ne me rappelais même pas être revenue à la maison, ni même m'être allongée dans mon lit. 

Ma bouche était pâteuse, j'avais vraiment besoin d'avaler quelque chose. 

Je réussis alors à allumer ma lampe de chevet. Un cliquetis léger résonna dans la pénombre. 

C'était mon bracelet qui s'agitait nerveusement contre mon poignet. 

Je m'immobilisais, net. Mon bracelet. 

Dans ma tête, une explosion d'interrogations, un puzzle de plus de deux mille pièces détachées à remettre dans l'ordre. Un ordre que moi-même j'ignorais. 

Ce n'était pas tant le feu qui consumait mon cerveau qui m'inquiétait alors, mais plutôt le fait qu'il avait aussi brûlé une grande partie de mes souvenirs de la veille.

En me penchant je vis une masse noir roulée en boule au pied de mon lit. 

Un perfecto. Et pas n'importe lequel. Celui de Zayn. Il y avait encore son odeur dessus. Cette signature chaude et épicée, celle du paprika. 

Qu'est-ce que je foutais avec sa veste ! Je serrais le vêtement contre moi, comme si ce simple geste allait m'aider à recouvrer la mémoire. 

Je pris ma tête entre mes dix doigts. 

Nicotine, balcon, ou bien non, d'abord balcon puis nicotine. Frileuse comme je suis il a dû avoir pitié et ça ne peut qu'être qu'à ce moment qu'il m'a prêté sa veste. Ensuite il a dû me rendre le bracelet, sur cette stèle de béton au milieu de la ville endormie. 

Et puis, ensuite

Eh bien, ensuite, rien. 

Y'avait-il eu quelque chose avant le balcon ? Et ensuite que s'était-il passé ? Pourquoi ma tête n'était qu'un trou noir géant ? 

Je décidais alors de téléphoner à Mindy. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être mais quelle importance. Il fallait vraiment que je sache ce que j'avais foutu hier soir.

Elle décrocha au bout de la quatrième sonnerie. Je l'entendais respirer à l'autre bout du fil mais aucune de nous deux n'osa se lancer. 

— Mindy ? 

— Dieu merci tu es en vie, lâcha-t-elle alors comme si elle s'attendait à recevoir l'annonce de mes obsèques par téléphone. 

Sa réaction me troubla. Encore heureux que je l'étais ! 

Je pris une grande inspiration. 

— Ma question risque de te paraître bizarre, mais, qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ? 

Elle se racla la gorge. Je m'attendais au pire. 

— Tu as trop bu Mel, murmura-t-elle, tu étais défoncée jusqu'à l'os...

Red Lightning Strike | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant