Red Lightning Strike | Tome 1

Le pot aux roses

Un courant d'air froid traversa la pièce pour nous envelopper tour à tour. Mindy me fixait avec le même effarement que si nous venions d'apprendre le décès d'une personne chère. Et pour cause, c'était la mort symbolique du Louis que nous avions connu. 

Les gens changent, soit parce qu'ils ont appris de leurs erreurs, soit parce que la vie leur a donné un grand coup de massue, mais malgré tout ce qui s'était passé, je ne pouvais m'empêcher de me sentir triste pour lui. 

L'espace de quelque secondes à peine, un flot de regrets amères m'envahit. 

Peut-être que nous aurions dû essayer de rétablir le dialogue entre nous, de passer outre son comportement dédaigneux, mais d'un autre côté, je n'imaginais toujours pas comment nous aurions pu laissé passer ce qu'il avait fait à Mindy. 

On avait eu besoin de temps pour assimiler la trahison. On s'était sûrement dit que ça serait l'histoire de quelques jours, que ça ne briserait pas nos retrouvailles et que ça affecterait encore moins une amitié de longue date mais on s'était tous trompés. 

Plus les jours passaient, plus on oubliait ce qu'on avait bien pu avoir en commun et plus on alimentait cette colère silencieuse de non-dits qui grondait en nous. 

Des étrangers réduit à se frôler dans les couloirs sans même se regarder, voilà ce que nous étions devenus. 

Mais aujourd'hui, une brèche s'était ouverte et le soleil s'y infiltrait sans retenu. L'espoir était de retour et pour la première fois depuis que nos chemins s'étaient séparés, j'envisageais de lui reparler normalement, sans amertume, sans acerbité. 

— Tu sais comment il l'a découvert ? me risquais-je en me tournant vers ma mère. 

Elle plissa le front tout en secouant la tête. 

— Non, Jo n'en sait pas plus non plus, il s'enferme dans sa chambre dès qu'il en a l'occasion. C'est pour ça que je me disais que ce repas tomberait à pic. 

Ce n'était sûrement pas ce que le mécheux devait se dire en ce moment mais si sa chute lui avait permis d'ouvrir les yeux sur ce qui avait foutu en l'air notre petit groupe  d'amis alors, peut-être qu'il profiterait de cette soirée pour m'en fait part. 

Maman quitta le séjour pour se faire couler un bain et Mindy, qui jusque là était restée silencieuse, croisa les bras sur sa poitrine. 

— D'un côté je me dis que c'est bien fait pour lui, souffla-t-elle du bout des lèvres, et de l'autre, je me dis que ça doit faire un mal de chien. Il a fait l'impossible pour cette fille et regarde où ça l'a mené ! 

Et par l'impossible, elle faisait bien sûr référence à notre amitié effritée. 

— Sans oublier toutes ses perspectives d'avenir qui viennent de s'effondrer, commentais-je ensuite en me rappelant de cette fois où il était venu vider l'appartement de ses affaires.

Après la découverte de la supercherie, il avait dû tirer un trait sur tout ce qui touchait de près ou de loin à Alicia, mais ça impliquait aussi d'abandonner son plus grand rêve. 

Quand on tombait d'aussi haut, mieux valait avoir de bons airbags. Lui tout ce qu'il devait lui rester c'était son reflet pour se détester. 

— Tu comptes lui dire quoi demain soir ? demanda la brunette en finissant son verre.

— J'en sais rien, avouais-je en grimaçant. Je pense juste qu'on devrait avoir une discussion avec lui pour mettre les choses à plat. 

Mindy prit une grande inspiration et secoua la tête de gauche à droite. Cette perspective ne devait pas l'enchanter mais si nous voulions tirer au clair cette histoire de pétard il nous faudrait prendre les devants.