Chapitre 7 - Inspiration

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Je suis restée 6h devant l'écran, les plateformes de streaming sont vraiment formidables. Le problème c'est que je viens de griller la moitié de ma journée, qu'il est actuellement 15h et que je n'ai toujours rien avalé depuis ce matin, et mon ventre me le fait bien savoir. Je me suis donc fait un petit sandwich avant de reprendre ma découverte des séries que Dengar offre.

De l'autre côté du mur, nous avons d'autres divertissements, si on ne passe pas notre journée à travailler pour survivre, on a des jeux de carte où la plupart des gens qui y jouent, parient de l'argent. Il y a plusieurs années de ça, un vieillard avait organisé une séance de cinéma en plein air, ouvert à tous. Je me souviens avoir assisté à la séance depuis un toit qui surplombait les spectateurs, essentiellement constitués d'enfants. Malheureusement le site à prit feu quelques jours plus tard, je soupçonne les trafiquants d'y être pour quelque chose. Mais mon divertissement principal reste le dessin. Je me suis amusée à dessiner plusieurs points de vu derrière le mur, des rues bondées de la soirée aux petites ruelles étroites et désertes du petit matin.

J'éteins la télé. Cet art commence à me manquer, et j'ai aussi terriblement envie d'essayer les crayons que Milton m'a offert. Je me lève du canapé, saisi mon sac et me dirige vers la chambre de Revan. Je suis surprise quand je découvre le lit fait, et la pièce parfaitement rangée. On se croirait dans un hôtel. J'allume les lumières du dressing à côté du bureau pour crée une ambiance tamisée. Je pose mon sac à coté du bureau avant de m'installer sur la grande chaise. Je sors la boîte de crayon et quelques feuilles blanches. J'ai rarement dessiné sans modèle devant les yeux.

C'est alors que mon esprit fuse et plusieurs idées me viennent en tête, le crayon commence à tracer des lignes sur le blanc maculé de la feuille sans pouvoir s'arrêter, se prenant dans un balai de courbes et de lignes. C'est dans ce genre de moment que je ne vois pas le temps passer, je remarque la nuit tomber dehors, les lumières de la ville éclairent la chambre et je décide d'éteindre toutes les lampes de l'appartement. Déjà pour une question de sécurité et ensuite parce que cette ambiance est plus propice à l'inspiration.

Une porte qui claque me fait soudainement sursauter, suivi d'éclats de voix. Je me suis endormie en dessinant, une première. Je pose mon crayon, en alerte, je décide d'écouter les intrus. Je vois que le réveil indique 23h47. Je soupire de soulagement en entendant la voix de Revan dans l'autre pièce, mais il est en compagnie d'une femme. Ils semblent ne pas être d'accord au vu du ton employé. Je prend la précaution de me glisser dans la salle de bain au cas où il leurs prendrait une envie d'entrer. Je tend l'oreille.

- Je t'avais dis que j'aurais du retard !

C'est la voix de la femme.

- Une heure, tu appelles encore ça du retard ? Lui répond Revan.

- Et comment j'aurais put savoir que mon shooting allait prendre autant de temps ? Tu n'as pas le droit d'être en colère pour ça Revan.

Un silence lui répond et bizarrement j'imagine Revan se pincer l'arrête du nez.

- Ecoute Zyl, il ne s'agit pas que de ça, quand tu es avec moi j'ai l'impression que tu n'es pas toi même. Il n'y a que quand nous sommes seuls que tu arrives à te libérer de cette personnalité que tu montre aux gens. Et je n'arrive pas à vivre comme ça.

La prénommée Zyl, met du temps à répondre.

- Je ne peux pas me permettre d'afficher ma vie privée au public, j'ai le droit à mon intimité !!

Elle semble si énervée par rapport à Revan qui est si calme. Je crois alors entendre des chuchotements.

- Ce n'est pas avec du sexe que tu arrivera à régler les choses Zyl.

- Pourtant d'habitude tu n'es pas réticent. . .

Ma respiration se coupe. C'est sa copine. Et Revan est certainement en train de la remballer parce que je suis là. Ou alors il m'a oublié et il n'a simplement pas envie d'elle.

- Je vais te demander de partir Zyl.

Son ton est sec, si sec qu'elle ne répond pas tout de suite. J'entends des talons claquer sur le sol, en direction de la porte d'entrée. J'espère qu'elle n'a pas remarqué mes clefs de voiture posées sur le meuble de l'entrée.

- Alors ne compte pas sur moi pour venir te satisfaire quand tu en auras besoin.

Et elle claque la porte. Je secoue la tête pour effacer toutes les images que j'ai dans mon esprit tordu. Revan ne fait aucun bruit dans la pièce voisine. Je me décide à sortir de ma cachette, puis ouvrir la porte de la chambre. Je tombe sur un Revan tourmenté qui se tient la tête, il ne me jette pas un regard.

- Qui est-elle ? Je demande.

Revan se tourne vers moi et je regrette tout de suite d'avoir posé la question. Son regard est froid et une once de colère anime ses yeux verts devenus trop foncés pour distinguer ses pupilles. Je détourne de suite le regard avant de retourner dans la chambre. Je reviens à mes dessins, laissant la pièce plongée dans l'obscurité. Ayant fini mon oeuvre précédente, je prend une nouvelle feuille. Mais c'est le vide, je ne trouve aucune idée. Je cherche pendant un quart d'heure mais rien ne me vient, je soupire avant de laisser tomber. C'est à ce moment là que Revan décide d'entrer dans la pièce, je ne relève pas la tête sachant très bien qu'il est de mauvaise humeur à cause de cette femme. J'entend ses pas s'approcher de moi.

Il est à présent en face du bureau sur lequel je me trouve, je ne sais pas quoi dire.

- Ska.

Je redresse la tête et croise son regard, ce dernier a complètement changé par rapport à tout à l'heure.

- Je suis désolé, je n'avais pas à m'en prendre à toi. S'excuse-t-il.

Je me pince les lèvres avant de hocher la tête.

- Je vais dormir dans le canapé pour me faire pardonner. Ajoute-t-il.

- Revan tu n'as pas à le faire, c'est à moi de m'adapter ici.

Un léger sourire étire ses lèvres.

- Pas ce soir. Sert toi dans le dressing si tu veux te changer, j'irai te chercher des vêtements demain. Dit-il en retournant vers le salon.

Je met un petit temps à me rendre compte du sens de ses paroles.

- Revan. Je l'interpelle avant qu'il ne quitte la pièce.

Il se retourne.

- Je. . . Merci. Bégayais je.

Il se contente de hocher la tête avec un sourire. La porte se referme derrière lui et je range mes affaires de dessin. Je prend un tee-shirt dans le dressing avant d'aller prendre une petite douche.

Je m'étale dans le lit de tout mon long, j'avoue que le lit de Revan est bien plus confortable que le canapé. Sans le vouloir, je plonge mon nez dans les oreillers et l'odeur de Revan m'enveloppe directement. C'est si agréable. . . Je ne me souviens pas avoir déjà dormi dans un lit aussi luxueux, même celui de Milton ne lui arrive pas à la cheville. Je sens que je vais passer une merveilleuse nuit.

DengarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant