Chapitre 16 - Chagrin

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Je dois bien avouer que ce lit est l'un des lit les plus confortable dans lequel il m'a été donné de m'installer. Je tente de trouver de nouveau le sommeil mais trop de pensées m'assaillent. La limousine nous a ramené dans l'appartement de Milton. Je ne le voyait pas aussi grand, je connaissait la chambre de Milton mais pas le reste. Il fait trois étages, des grandes fenêtres teintés dans chaque pièce, mais le père de Milton, Edgar de ce que j'ai entendu, a décrété que je resterai dans la suite du troisième étage. Après la visite de Milton, je me suis de nouveau retrouvée seule dans une prison dorée. Le frigo est plein, j'ai tout autant d'espace ici que dans l'appartement de Revan.

Je ressens un pincement au coeur en pensant à lui. Je me tourne dans mon lit pour faire face à la salle de bain ouverte sur la chambre. Je me décide à aller me laver dans la douche à l'italienne. Les bouteilles de savon sont ornées de marques luxueuses, je suis même sceptique à l'idée de les utiliser malgré le fait que Milton m'a dit de faire comme chez moi. Une fois propre, je m'enroule dans une serviette moelleuse. J'ai de quoi prendre soin de moi, il y a des masques pour le visage et les cheveux, des lotions pour le corps, des produits de beauté à n'en plus finir mais je me sèche simplement les cheveux avant d'enfiler de simples sous vêtements.

Je n'ai même pas froid tellement la température de suite est élevée. Je n'ai pas eu l'envie de manger malgré l'instance de Milton tout à l'heure. Je m'assois sur le lit. Je regarde par la fenêtre dont j'ai laissé les rideaux ouverts. Je m'en approche et découvre que je ne vois pas les étoiles avec la lumière de cette ville. Je reporte mon regard sur ce qu'il y a plus bas. Quelques passants rentrent chez eux. Et je me sens si vide tout à coup. Je me suis retrouvé projetée dans un monde que je ne connaissais que de l'extérieur, là où je savais survivre et où je pouvais être en sécurité. Mais maintenant je me rend compte que tout à changé, et que la dernière fois où je me suis sentie en sécurité c'était dans ses bras.

Je ferme les yeux. Je dois me rendre à l'évidence, je ne le reverrai jamais. Je ne sais pas ce que vont faire de moi les hauts placés, cette haute société qui ferme les yeux sur la pauvreté derrière ce mur, qui n'ont jamais essayé de nous tendre la main, prétextant qu'ils n'avaient plus assez de place dans leur ville. J'ai toujours pensé qu'ils voulaient garder cette place pour eux. Depuis toute petite, Tak m'a appris à maudire ces gens, à les détester. Mais ma relation avec Milton m'a prouvé le contraire et ma rencontre avec Revan m'a conforté dans cette idée, que tout n'était pas si noir de ce côté du mur.

Je met mes genoux contre ma poitrine et passe mes bras autour pour essayer de combler ce vide. En vain.

Je soupire. Je voudrais pouvoir retourner chez moi, mais ai-je seulement eu un chez moi un jour ?

Après plusieurs heures à regarder dehors je suis retournée me coucher.

-

A mon réveil, la journée était déjà bien entamée. Je me suis vaguement habillé d'un short de pyjama et d'un tee shirt trop large. En voulant me recoucher, Milton a frappé à la porte jusqu'à ce que je vienne lui ouvrir en râlant. Il a bien rigolé de ma tête pas réveillée avant de se précipiter dans la cuisine pour préparer un déjeuner, prétextant qu'il était sûr que je n'allais pas le faire. Il avait raison. Il nous a préparer un petit plat simple en bavardant de tout et de rien. Des ses cours à l'Université, de ses amis, du travail de son père. Je l'écoutais d'une oreille, assise dans le canapé, la tête posée sur le dossier. Il me parlait de chose que je ne connaissais pas, comme aller manger au restaurant avec ses amis ou sortir au cinéma.

- Aller viens manger, tu vas voir tu vas adorer. Dit-il enjouer.

A cette heure ci, Revan serait sûrement au boulot, mais quand il ne travaille c'est lui qui faisait à manger. Je ferme une nouvelle fois fort les yeux pour effacer ce souvenir. Ma mimique n'échappe pas à Milton qui me connait par coeur. Il vient s'installer sur le canapé à mes côtés.

DengarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant