Je suis réveillée quand un groupe de voix se rapproche de moi. Je lève la tête, un groupe d'homme habillés en smoking noir me reluquent. La femme de l'autre jour les accompagne. Elle passe son badge devant un écran qui permet d'ouvrir la porte de ma cellule. Elle m'incite à me lever et à sortir.
- Merci, nous allons prendre le relais. Annonce l'homme avec une barbe parfaitement taillée.
A ma grande surprise, l'homme s'approche de moi et me retire mes menottes. Un de ses collègue vient se placer derrière moi pour me faire avancer. On emprunt un premier couloir. C'est alors que je me rend compte que le centre est grand, on passe devant plusieurs salles de bureau, deux réfectoires et d'innombrables portes pour arriver dans le hall d'entrée. Je remarque Revan en pleine discussion avec trois autres gradés. Nos regards se captent tout de suite. Je détourne le mien mais je sens la brûlure du sien dans mon dos jusqu'aux portes qui mènent à l'extérieur.
Une limousine noire est garée devant le bâtiment. Le chauffeur ouvre une portière arrière et l'homme derrière moi me force à m'y engouffrer. L'intérieur est assez spacieux, mais je préfère de loin la voiture de Revan. Je ferme fort les yeux pour tenter de détourner mes pensées. Ce n'est pas en pensant à lui que tout va s'arranger, je vais devoir compter que sur moi même pour me sortir de là. Je vais devoir me faire toute petite une fois de retour de l'autre côté du mur, si des enquêteurs privés me cherchaient c'est que j'ai fais quelque chose de très mal. Il veulent sûrement des détailles sur les affaires de Tak, ce dernier avait la main sur presque tout le secteur qui entour la ville. Je me lamente en me disant que je vais surement passer une grande partie de ma vie à faire des travaux d'intérêt pour les dégâts et les ennuis que j'ai causés.
Après plusieurs dizaines de minutes à regarder dehors sans grand intérêt, la voiture s'arrête devant un immeuble. L'homme de tout à l'heure m'oblige à descendre et à entrer rapidement. Une fois à l'intérieur, je ne sais pas très bien où je suis. Ce n'est ni un commissariat, ni une prison, ni une base militaire, ni je ne sais quoi d'autre. Le hall est calme comme dans une bibliothèque, un large comptoir d'accueil en bois se situe au fond à gauche, quelques tables et canapés sont dispersés mais aucun n'est occupé. L'homme à la barbe échange quelques mots avec une femme à l'accueil. Il revient après quelques minutes et fait un signe de la tête à son collègue. Ce dernier me fait asseoir dans un canapé avant d'aller se poster à côté des portes d'entrée.
Et personne ne veut rien m'expliquer ? Je croise mes bras sur ma poitrine. Je ne sais même pas ce que je fais là et je dois rester assise. Si je tente de m'enfuir je suis sûr d'aggraver mon cas, maintenant qu'ils ont tous les yeux rivés sur moi. Enfin, surtout la femme de l'accueil qui me regarde avec intérêt. Pour échapper à ces yeux intrusif, je pose ma tête sur l'accoudoir dans une position confortable. Mon geste me vaut un regard de l'homme de la porte. Je me demande s'il s'est reconverti en portier. Je ferme les yeux et tente de trouver le sommeil, pour compenser ma dernière nuit.
-
Des bruits de discussion et de pas me réveillent. Je me redresse en me frottant les yeux. L'homme à la barbe discute avec un autre homme d'une large carrure. Son costume trois pièces est impeccable, je suis certaine que c'est du sur mesure. Ses cheveux poivre-sel lui donnent un côté sympa, mais sa stature et ses pieds ancrés dans le sol rappellent que c'est un dur homme d'affaire. Le portier n'a pas bougé. La femme à l'accueil n'est plus là. Logique, la nuit est tombée dehors. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais ça m'a fait un bien fou. C'est alors que la porte s'ouvre sur un nouvel homme. L'expression qui se lie sur mon visage est flagrante. Milton. Son regard se pose sur moi et son visage s'éclaire. Il se précipite sur moi et me prend dans ses bras.
Je ne bouge pas, trop surprise. D'une part je ne sais pas ce qu'il fait là, mais en plus il ne peut pas me prendre dans ses bras comme ça !! On est en public. Notre relation doit restée secrète et je ne veux pas lui créer des ennuis en lui laissant fréquenter une fille de l'autre côté du mur.
- Ska, ça me fait plaisir de te voir. Me dit-il.
Voyant que je reste pétrifiée, il me sourit.
- Ne t'en fait pas, tout est arrangé !!
Je reprend mes esprits.
- Comment ça arrangé ? Je vais aller en prison Milton, et tu ne devrais pas être là.
L'homme poivre-sel s'approche de nous, je me fais toute petite. Il est plus imposant que Milton.
- Je t'attend dans la voiture. Lance-t-il à mon ami.
Ce dernier hoche simplement la tête. Je l'interroge du regard. Il s'accroupi en face de moi et saisit mes mains dans les siennes.
- Bon, je ne peux pas encore tout te dire mais tu vas venir vivre avec nous quelques jours.
Je ne comprends plus rien, je suis censée être jugée et emprisonnée non ? Milton lève les yeux au ciel d'un air amusé, mon expression déconfite à le mérite de le faire rire.
- Aller viens ma belle, mon père nous attend. Me lance-t-il en se redressant.
Sans un mot, je me lève avec lui et le suis à travers le hall. Une fois dehors, une nouvelle limousine est garée devant l'immeuble. La rue est presque vide mais personne ne prête attention à nous, une voiture aussi luxueuse doit être normale de ce côté de la ville. Je dois dire que je ne me suis pas aventurée dans le coeur de Dengar, de peur qu'il y ait une sécurité plus élevée que dans la périphérie. Je grimpe à mon tour dans la voiture. Milton et moi sommes seuls à l'arrière, son père est visiblement en grande discussion avec le chauffeur, mais je n'entends pas un mot de leur conversation avec la vitre qui nous sépare.
Je me tourne vers Milton. Ce dernier semble tout excité, moi je suis encore un peu perdue.
- Pourquoi est ce que je vais chez toi ? Je demande, autant aller droit au but.
Milton me lance un regard malicieux.
- Après que les enquêteurs ont eu la confirmation qu'il s'agissait bien de toi, l'ordre a été donné de te récupérer.
- Qui a donné cet ordre.
Il me fait une bouille désolée.
- Je peux pas te donner ce genre d'information, il va falloir que tu me fasses confiance Ska.
Je plisse les yeux alors qu'il continue.
- Mais je peux te dire que tu as mis un sacré bazar chez les hauts placés, c'était à en mourir de rire. S'exclame-t-il.
Les hauts placés ? Qu'est ce que j'ai à voir avec eux bon sang ?
- Tout ça pour te dire que le temps de tout préparer et de régler la paperasse, j'ai demandé à ce que tu puisses venir chez nous le temps que tout s'arrange. C'est juste l'histoire de quelques jours, peut être une semaine maximum.
- Parce que je vais aller voir les hauts placés ?
Il hoche la tête, attendant ma réaction. Cette dernière se fait d'ailleurs attendre, parce que trop de questions se bousculent dans ma tête.
- Je sais que tu as des questions, mais attend juste le temps que tout se mettent en place. Je serais là si tu as besoin, et on va pouvoir faire plein de chose en attendant !! Dit-il enjoué.
Mais je ne suis pas encore d'humeur à rire.
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Dengar
RomansaDans un monde d'après-guerre en pleine reconstruction gouverné par la haute société, Ska doit survivre. Après l'incendie qui l'a séparé de ses parents, elle a été élevée dans la misère et la pauvreté. Mais à quelques mois de sa majorité, elle va fai...