Chapitre 12 - Vérité

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Je ne dis rien, la main posée sur la poignée je ne bouge plus d'un poil, attendant sa réaction. Son regard s'assombrit quand il se lève du lit pour aller dans ma direction.

- Tu m'avais promis Ska.

Je ne reconnais pas sa voix, elle est un mélange de colère et de déception si intense. . . Je suis pétrifiée quand il s'approche de moi.

- Je croyais avoir été clair !!

Je suis à présent tétanisée, le mélange du reste de l'alcool et de son déferlement de colère est beaucoup trop dangereux. Je me colle à la porte pour mettre le plus de distance entre son corps et le miens. J'ai déjà vu ça chez d'autres hommes, je sais exactement ce qui va suivre, malheureusement je ne fais largement pas le poids face à lui. Je ne le connais pas assez pour savoir comment éviter ça. Je sens ma gorge se serrer.

Il froisse le papier dans son poing serré, son corps tendu me domine largement de sa hauteur. Il prend une nouvelle inspiration et je place mes bras devant mon visage pour me protéger.

- Quoi ? Nan. . . Ska. . . Qu'est ce que tu fais ? Je. . .

Le ton de sa voix vient de radicalement changer. Je baisse prudemment mes bras, découvrant un Revan bouleversé. Aucun mot ne sort de ma bouche. Son regard croise le miens.

- Je ne pourrais jamais lever la main sur toi, je

Il lâche le papier avant de franchir le dernier mètre qui nous sépare. Revan prend mon visage entre ses grandes mains en essuyant mes larmes avec ses pouces.

- Je voulais pas, excuse moi Ska si tu as pensé que je voulais te faire du mal.

Je ne m'étais pas rendue compte que les larmes m'étaient montées aux yeux. Je me reprend.

- T'en fais pas, ça n'aurait pas été la première fois. J'avoue.

Il fronce les sourcils.

- Je te rappelle qu'il n'y a pas de loi de l'autre côté du mur.

Il ne répond pas et se contente de me prendre dans ses bras. Je me laisse aller contre lui et la pression redescend. Ses bras protecteurs m'entourent, je ne me souviens pas avoir déjà été autant en sécurité à cet instant que durant les dix dernières années de ma vie. Je profite du dernier instant contre lui. Je soupire un bon coup avant de poser mes mains sur son ventre pour le repousser. Je ne redresse pas la tête.

- C'était un vieux mot que j'avais écrit il y a plusieurs jours, désolée s'il t'a blessé j'aurais dû aller le jeter plus tôt.

Ses mots me déchirent le coeur, parce qu'ils sont évidemment encore un mensonge. Revan hoche simplement la tête avant de tendre le bras vers moi. Sa main frôle ma joue, ce qui m'électrise entièrement, mon corps réagit beaucoup trop vite son contact. Je m'interdis d'en profiter.

- On devrait aller dormir, et tu travailles demain. Dis je en redressant la tête.

Mais son regard me semble étrange, comme s'il était ailleurs, comme s'il réfléchissait à quelque chose de très important.

- Bonne nuit Revan.

Je me retourne pour saisir la poignée, il me laisse faire et retourne se coucher. Un partie de moi aurait voulu qu'il ne me laisse pas faire mais c'est ainsi. Je referme la porte derrière moi, tourne la clef dans la serrure et la glisse sous la porte pour me faire gagner du temps. Je me change, prend mon sac, les deux clefs de voiture et franchi le pas de la porte d'entrée sans hésitation. Je referme la porte sans un bruit, met ma capuche et descend au sous sol. Je déverrouille la voiture de Revan et monte, démarre le moteur et sort du bâtiment. Je sais que sa voiture n'est pas passe partout mais mes options étaient limitées et qui viendrait chercher une fugitive dans une voiture de luxe ?

Je sais exactement où je vais, mais je suis prise de panique quand je vois qu'un point de contrôle est installé au bout de la rue, je braque pour m'engouffrer dans une deuxième rue. Merde, Revan ne m'avait pas dit qu'ils avaient placer des points de contrôles un peu partout en ville. Je vois le mur se dresser au bout de l'avenue sur laquelle je roule. Je suis quand même étonnée du monde qui roule à cette heure-ci. Je remonte le foulard sur mon nez et remet correctement ma capuche quand des piétons traversent devant moi. Ils connaissent tous mon visage avec les journaux télévisés maintenant. Je suis désormais à l'arrêt, il me reste environ un petit kilomètre avant d'arriver au pied du mur.

Je suis alors en train de me rendre compte que je ne reverrai sûrement jamais Revan. Un pincement au coeur me fait grimacer.

Je me pétrifie quand je vois une patrouille de la police sur le trottoir, longeant les voitures immobiles. Merde.

DengarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant