Chapitre 13 - Eprise

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Je n'ai pas le temps de réfléchir qu'ils arrivent à mon niveau. Ils sont 5, je ne pourrais rien faire s'ils m'attrapent. L'un d'eux jette un coup d'oeil insistant à la voiture, il donne un coup de coude à son collègue en lui indiquant mon véhicule. Ce dernier fronce les sourcils en s'approchant. Il a reconnu la voiture de Revan. C'est bon, je suis cuite. Je jette un coup d'oeil dans le rétro et passe sur la voie inverse à toute vitesse, laissant le groupe de policier derrière moi. Je ne compte pas les coups de claxons que je reçois, les voitures s'écartent de mon passage au dernier moment, les civils se précipitent sur les trottoirs.

Je sais que c'est non seulement dangereux pour moi mais aussi pour les autres ce que je fais là mais je dois rejoindre ce mur. Rapidement, une sirène me suit et je suis aveuglée par une lumière bleue. Une voiture blindée se met en travers de ma route, il y a beaucoup trop de monde, ma marge de manuvre entrainerait des dizaines de blessés. J'enfonce la pédale de frein, la voiture s'immobilise directement. J'ouvre la portière et cours vers la ruelle la plus proche. Les cris des passants me parviennent comme des échos.

Je vois au loin un escalier de secours qui monte jusqu'au toit d'un immeuble. Les policiers me suivent, je risque de ne pas tenir longtemps, ils sont bien mieux entrainés que moi mais une fois sur les toits, ils pourront plus me suivre. Le bruit sourd d'un hélicoptère au dessus de ma tête brouille mon ouïe, un énorme faisceau lumineux venant de l'appareil volant indique ma position en m'éclairant. Plus que quelques mètres avant l'escalier. Je tend ma main vers la rembarde quand je suis violement projetée contre le mur à ma droite. Un homme casquée vient de ma pousser tellement fort que je reste sonnée, incapable de me relever.

Un sifflement suraiguë me transperce la tête, je vois que l'homme braque son arme sur moi et me cri des choses que je n'entends pas à cause du sifflement. Je porte mes doigts à ma tête qui me fait mal avant de voir qu'ils sont couverts de sang, ma vue se trouble mais dans un élan de lucidité, je me saisie d'un bouteille de verre, prend appuie sur le mur de brique et brise la bouteille sur la tête de l'homme. C'est alors que derrière lui, des dizaines de personne en uniforme se précipitent pour m'arrêter.

Je suis incapable de faire un seul pas et m'effondre dans cette rue sous le projecteur de l'hélicoptère qui me mitraille les oreilles avec son bruit. Je n'entends que des brides de conversation comme "On l'a eu", "Ne tirez pas !! Il nous la faut" "elle ne serais jamais passée" "Fouillez la !!"

Je n'oppose aucune résistance, aujourd'hui je ne gagnerai pas. Je fais ce qu'on me dit et me met face au mur, les mains en évidence. Je n'entends alors plus leur braillements quand je vois au bout de la rue, Revan. Debout parmi un groupe de policier lourdement armés. Son regard croise le miens, j'y lis un mélange de tristesse, de colère et de déception. Je sens mon coeur se fendre en deux. Je ne voulais pas le revoir pour affronter son regard quand il me reverrai, l'ayant trahi et en ayant menti. Je pose mon front contre la pierre froide et laisse les larmes coulées, pas parce que je me suis faite prendre mais parce que je me rend compte qu'il ne me refera plus jamais confiance.

DengarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant