C H A P I T R E 2

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Sur l'instant, j'ai l'impression que même les mouches ne produisent plus aucun son. L'attention, que l'on me porte subitement, me chauffe le dos, et c'est elle qui m'encourage à me lever pour me réfugier dans l'édifice. Une fois en face de ma mère, elle se décale pour m'ouvrir le passage en posant sa main sur mon dos pour être sûre que je ne m'enfuie pas. Ou peut-être juste pour me montrer son soutien. Je ne sais pas, mes idées sont trop embrouillées. Elle referme la porte et me guide jusqu'à la salle des anciens. 


— Viens au centre.


La voix du vieil homme me fait froid dans le dos, mais je m'exécute. Docile. 


— Alexia, après un long débat, nous t'avons désignée. Tu es l'élue pour la future décennie, déclare-t-il avec un air résigné. 


Je m'attendais à ce qu'il fasse un long discours ennuyeux dans lequel mes jambes m'auraient suppliées de m'asseoir, mais non. 


— Cela fait des années et des années que nous soignons la tâche que nous a confié notre ancêtre, Adélaïde...


Ah si, finalement, je ne serais pas épargnée.


— ... et aujourd'hui, nous t'offrons l'immense honneur d'être l'une des gardiennes de l'écharpe. Avant de te conférer ce droit, nous allons t'en dire plus à son sujet, car tu ignores beaucoup trop d'éléments importants. Tout d'abord, saches que nous n'avons pas toutes ces traditions autour de l'écharpe pour rien. Cela doit faire des années que tu te demandes si tu n'es pas née dans une famille de fous. Et bien, je te rassure, la réponse est non. Cette écharpe a des propriétés particulières cependant, nous n'avons pas le droit de l'utiliser.


Il fait une pause et examine ma réaction avant de poursuivre.


— As-tu bien saisi ? Nous ne devons jamais nous servir de l'écharpe !

— Oui, j'ai compris.


Ma réponse soumise et faiblement murmurée dessine un large sourire sur son visage. Je ne sais pas encore de quoi il traite, mais cela ne va pas tarder.


— Parfait, peut-être que tu n'es pas un si mauvais choix même si tu restes une incapable de mon point de vue. Donc, cette écharpe a été tricotée avec une laine particulière, et pour tout avouer, nous ne savons que peu de chose à ce propos. Effectivement, Adélaïde a déniché les pelotes sans avoir personne pour lui expliquer d'où elles pouvaient bien provenir ou encore ce qu'elles étaient réellement. Par conséquent, il est logique que nous ne puissions pas tout connaître. Dans son journal, elle raconte qu'en tricotant, des phénomènes étranges et mineurs se déroulaient, à chaque fois, c'était quand un fil se dégradait.


Je n'ai pas le temps de m'offenser que mon visage expose une incompréhension exaspérante.


— Pour t'illustrer cela, lorsqu'elle tricotait et qu'elle désirait manger des brownies, si un fil se rompait à ce moment, alors un voisin lui apportait des brownies. Même si cela se réfère plus à la coïncidence la première fois, ce genre d'événements étaient devenus courants.

— Mais, comment est-ce...

— Patience jeune fille, m'interrompt la grand-mère de l'idiot de tout à l'heure.

— Quand l'écharpe fut achevée, Adélaïde envisagea de l'offrir à son amant, malgré l'apparence atypique de celle-ci. Toutefois, une mystérieuse lettre lui fit changer d'avis. Son journal ne retranscrit que ce qu'elle estimait fondamental, mais cela nous a suffit. Il y est expliqué qu'à chaque fois que l'on brûle ou que l'on arrache un brin de la laine, le vœu que l'on avait sur l'instant est réalisé. Avec l'expérience, elle a découvert qu'on peut guider notre souhait pour qu'il se concrétise. Néanmoins, il y avait une mise en garde : si l'écharpe est détruite entièrement, alors chaque vœu s'annulent et tout ce qui est en lien avec ce vœu, ou tout ce qui a été élaboré à partie du vœu se supprime également. Je suppose que désormais, tu comprends mieux ?


Je suis totalement perdue, c'est n'importe quoi... Pourtant, une partie de moi me souffle de croire ce que j'écoute. En voyant le suspens, je me force à répliquer.


— Je conçois ce que vous déclarer, et aussi que c'est une responsabilité conséquente. C'est pour ça que je vous propose de changer votre décision, une autre personne serait mieux placée, non ?

— Nous n'avons pas le choix, et ne t'inquiète pas, nous sommes tous d'accord à ce sujet, ma petite-fille aurait fait un bien meilleur choix, seulement, elle a eu 18 ans le 27 décembre 2019, c'était trop tôt...

— Et alors ?

— Sois plus respectueuse quand tu t'adresses à nous ! Par l'écharpe, qui a si mal éduqué cette jeune fille. Et, pour éclaircir ce point, c'est une demande d'Adélaïde. Pour une raison inconnue, elle a imposé, dans l'une de ces lettres retrouvées avec l'écharpe, que la personne héritant de l'écharpe, soit une femme qui ai eu la majorité dans l'année de succession.


Bouche-bée face à cette révélation, je ne réagis pas. Je demeure debout, à l'intérieur du cercle formé par les anciens, redoutant la suite. Je réalise que ce cercle ressemble plus à une prison qui enferme ma liberté pour m'imposer des choix de vie...





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Hey ! Qu'as-tu pensé de ce second chapitre ? J'ai hâte de lire tes réactions alors n'hésite pas à les partager !


La suite arrive demain à 18h00 ! Je compte sur toi pour être là ;).

Le tricot de mamieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant