— Alexia dépêche toi !
Je suis censée être déjà dans la voiture en direction d'un charmant château que le Conseil a loué pour le week-end et pourtant, je n'ai pas envie de bouger de mon siège. J'ai passé la nuit a culpabilisé. J'ai passé les derniers jours a culpabilisé. Je ne pensais pas que sauver ce qui compte pour moi me rendrais malade. Je m'en veux, car je vais devoir mentir en continu or, j'en suis incapable. Je ne sais pas mentir.
C'est une affirmation qui m'enfonce encore plus dans le mal qui me ronge. Deux jours à mentir... Avec mes piètres qualités d'actrices, je ne vais pas faire long feu et tout le monde se rendra vite compte qu'ils avaient raison sur moi. Que je suis une incapable à qui confier l'écharpe était une erreur. D'un autre côté, l'avouer me libérerait d'un immense poids dont je me débarrasserai volontiers.
Je me pince la cuisse pour me ramener à la réalité. Ces derniers temps, j'ai tendance à être emporté par mes pensées et c'est un des seuls moyens que j'ai trouvé pour revenir au présent. Je serre l'écharpe dans mes poings. C'est la principale, non en fait, c'est l'unique source de ma souffrance. Ce serait si simple de m'en débarrasser, ou même, de l'éradiquer. Sauf que je ne peux pas, je dois la protéger. Dans ce cas, autant qu'elle soit bénéfique sur certains aspects de ma vie.
D'ailleurs, je vais faire un dernier vœu avant que l'on quitte notre domicile. Celui d'avoir mon baccalauréat avec des félicitations. C'est quelconque pour les autres, mais pour moi, c'est d'une importance capitale. Parce que ça me permettra de rendre fiers mes parents et peut-être d'adoucir un peu leur jugement à mon égard. Sauf s'ils découvrent comment je suis parvenue à mes fins. Une autre idée de vœu germe dans mon esprit, et j'exécute une deuxième fois le rituel puis me dépêche de rejoindre mes parents.
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L'immense bâtiment devant lequel nous nous garons est bien plus somptueux que ce à quoi je m'attendais. J'ai l'impression que je vais être une princesse le temps de ce séjour. Une jeune femme nous attend à l'entrée et mon père lui donne les clés. Je ne savais pas que des gens qui garent les voitures à notre place existaient dans la vraie vie. Mes yeux brillent d'envie à chaque nouvelle chose que j'admire.
Le sublime lustre, le grand hall, les sculptures tout comme les peintures. La chambre qui m'a été attribuée achève de me convaincre que je vis vraiment dans une famille qui ne sait pas se restreindre. Elle est royale, c'est le mot qui correspond le plus pour décrire ce qui se présente devant moi. Un message de mon père m'informe qu'il y aura une réception ce soir.
C'est très étrange comme sensation. Celle qui te fait sentir comme dans un disney et en même temps qui te prive de l'impression qui te fait sentir vivante. Comme si ce qui se passe est un film que je vis sans que ce soit véritablement moi.
Je commence déjà à me préparer. Un grand bain dans ma salle d'eau personnelle, une jolie coiffure, un léger maquillage. Le moment où je choisis mes vêtements a duré environ deux heures. Je suis trop indécise, c'est un vrai handicap quand c'est permanent. J'ai opté pour une jupe-culotte assorti à un haut en dentelle que j'adore. Quelques bijoux pour aller avec et je suis déjà prête.
Pour passer le temps qui reste, je me dirige dans la chambre d'une de mes seules cousines que j'apprécie. Ça fait un moment que je n'ai pas pu discuter avec elle, ça me manque. Lorsqu'elle m'ouvre, la surprise s'empare de moi. La chambre où elle loge est incroyable, mais elle est bien plus petite que la mienne et elle la partage avec sa sœur.
Être la protectrice de l'écharpe m'accorde quelques privilèges finalement. Ou alors, peut-être que si Mika était toujours là, nous aurions dormi ensemble. Je crois que je n'aurais jamais la réponse à cette question.
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Le tricot de mamie
ParanormalCette année est l'année de la succession d'un héritage familial : une écharpe, trop bien gardée pour être normale. Cette année, Alexia sera sûrement choisie. Mais quel est son véritable rôle dans l'histoire ? Qu'est-ce que sa famille lui cache ? Pou...