C H A P I T R E 8

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Les vibrations émises sans interruptions de mon téléphone finissent par me sortir de mon lit. Je l'allume et reste choquée face aux nombreuses notifications que j'ai reçu. 


117 messages.

84 appels manqués.

910 messages sur ma page facebook. 


Qu'est-ce qu'il se passe ? Je n'ai jamais été populaire et je n'ai pas autant d'amis. Je déverrouille l'appareil pour en savoir plus, et mes yeux se troublent en découvrant la raison de tout ça. Je vais tuer ce petit imbécile. S'il croit pouvoir me mentir et révéler ce que j'ai eu tant de mal à cacher, il se trompe lourdement.

Il va le regretter.

C'est la seule phrase qui tourne en boucle dans mon cerveau. Cet idiot a su attiser ma haine, et les sentiments qui m'ont bombardé ces derniers jours, font croître mon envie de le voir manger du goudron. 

~

Assise dans le bus, j'étudie les paysages avec un intérêt trop surjoué pour être crédible. Toutes les personnes présentes me reluquent comme une bête de foire et j'ai ça en horreur. Cela ne fait que me donner des raisons supplémentaires d'enterrer vivant l'autre.

Je reçoit un appel de Gaspard, mais je n'ai pas la force de lui répondre. À vrai dire, je n'ai pas le courage d'aller au lycée, et pourtant je m'y suis forcée. Sur cette idée, je décroche avec appréhension tout en me cachant des autres. Je ne vais pas répondre à leur stupide rumeur, qu'ils persistent avec leurs interrogations, c'est ce qu'ils méritent.  


— Allo, bonjour mon amour, ça va ?

Bonjour mon cœur, tu sais ce qu'il se passe ? Mon cellulaire est assaillit par les messages et les appels...


Sa voix cassé me brise le cœur, il a encore passé la nuit à pleurer. Je cherche les bons mots pour lui annoncer la nouvelle sans les trouver. Il a l'air si mal, je ne veux pas être celle qui va l'enfoncer encore plus loin. Mais il faut bien que quelqu'un lui dise et il est hors de question qu'un de ces idiots de potes sans cœur et sans cervelle lui annonce. Je saisis l'étincelle de courage qui me traverse et déballe tout ce que j'ai moi même découvert il y a quelques heures.


— Ils savent Gaspard, quelqu'un leur a tout dit pour Pierre.


Il ne prononce pas un mot mais j'entends ces sanglots. 


— Je te promets de trouver de qui il s'agit, en attendant éteint moi cet appareil, et profite de ta journée pour rendre visite à ton frère. Vous en avez tous les deux besoin mon amour. Avant que tu raccroche, je suis désolée mais de toute manière ils auraient tous finit par le découvrir...


Le bip propre à la fin d'un appel m'informe qu'il suit mes conseils. J'irais le voir ce soir, en attendant je dois me préparer à la confrontation. J'aurais beaucoup aimé que personne ne le sache, désormais les vipères du lycée et leur fausse compassion ne vont pas me lâcher. Cela m'agace d'autant plus que le lycée était comme une bulle qui me protégeait de la réalité. Personne n'était au courant, donc c'est un peu comme si il n'y avait aucun problème. Maintenant, à chaque fois que je croiserai une personne, elle se fera un plaisir de mentionner Pierre, et je ne songe même pas à ce qu'on va pouvoir colporter sur mon compte. Après tout je leur ai menti sur l'absence de Gaspard. J'éloigne mes tourments. On m'a toujours spécifié qu'il est inutile d'angoisser sur quelque chose avant même qu'il se soit passé, ça ne fait que diminuer notre bien-être. 

Noah est à mon arrêt de bus, il m'attend. À mon avis, il sait que je vais commettre un meurtre et son côté pacifiste va tenter de m'en empêcher. Ou alors, il avait du temps à perdre aujourd'hui. Je parie sur la première option.


— Salut le rouquin ! Pourquoi cet honneur ?

— Enfin, je pensais que ton bus était plus tôt. Et bien j'avais juste envie de voir ma meilleure amie, ça te dérange Alexia ?


Son nez se retrousse. C'est comme ça que je devine qu'il ment, donc j'ai gagné mon pari. 


— Menteur, tu n'as pas intérêt et puis je vais simplement tuer quelqu'un c'est pas grave.

— Je le savais. Alexia, tu ne peux pas, il est nouveau et n'a pas encore d'amis, alors il a fait son intéressant, tu sais bien l'influence que ce lycée a sur les gens. Il n'aurait pas dû, mais pardonne le.

— Pourquoi tu prends le défense de Molly ? Tu ne le connais même pas ! Ce crétin vient de rendre mon quotidien plus pénible encore, et tu n'était pas à ma place quand Gaspard m'a appelé !

— Non, mais tu ne le connais pas non plus. Je pense que tu devrais juste tout ignorer, et ne pas aller en cours aujourd'hui, ton père acceptera et je t'enverrai les cours. Juste le temps que tout s'apaise...

— D'abord je lui colle une baffe, je me tais et après je m'en vais, je réplique en voyant Molly dans un groupe d'élèves au loin


Noah proteste mais je l'ignore, il faut que je décompresse et j'ai trouvé la meilleure manière. J'arrive à côté du groupe qui s'ouvre formant un chemin jusqu'à Molly. Ses yeux me dévisagent mais il conserve une attitude tout à fait naturel, comme si il était innocent. Je suis sûre que c'est lui, personne d'autre ne pourrait être au courant, pourtant son comportement me fait douter. Il sourit et me salue de la main, un coupable n'agirait pas ainsi. Je me poste devant lui, et le toise avec tout le mépris du monde pour qu'il avoue tout. 


— Tu ne te sens pas bien Alexia ?


Je ne réponds pas. J'attends toujours ses aveux. 


— Tu m'en veux ? C'est pas grave tu sais, un cancer c'est une maladie comme une autre, et les gens meurent tous les jours, alors pour une fois, autant que ça serve à quelque chose.


Je sens la main de Noah se poser sur mon bras. Il me chuchote de laisser tomber, que ça n'en vaut pas le coup. Mais mes oreilles ne prêtent d'attention qu'à mon sang qui bat comme en pleine tempête. 


— Tu devrais écouter ta petite meilleure amie, elle a raison, ça n'en vaut pas le coup. 


Mes poings se serrent tandis que mes ongles creusent des trous dans mes paumes. C'est quoi son problème ? Des larmes dévalent mes joues malgré mes efforts pour les retenir. Je relâche mes muscles, expire, et lui envoie ma main qui s'écrase sur sa mâchoire. Même si je n'ai pas beaucoup de force, voir sa tête rougie se retourner et percevoir un cri de douleur de sa part m'apaise. Je ne tiens pas compte de la douleur qui envahit mon bras, et récupère mon sac que j'avais posé par terre sans m'intéresser aux hypocrites choqués qui m'entourent. Je suis fatiguée, je crois que je vais aller me coucher.








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Hey ! Comment as-tu trouvé ce chapitre ?


---> Désormais, que penses-tu de Molly ? Méritait-il la réaction d'Alexia ?


---> As-tu deviné la légère référence à une série (si tu ne trouves pas je ne te le dirais pas... j'aime bien être un peu sadique de temps en temps) ?


En tout cas, on se retrouve demain à 18h00, alors soit à l'heure !

Le tricot de mamieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant