C H A P I T R E 18

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 — Mais qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai tellement de questions à te poser..., je déclare essoufflée.

Elle ne me répond pas et continue de courir. Soit elle est sourde, soit elle a vraiment mauvais caractère. Super... Je ne suis pas venue ici pour me retrouver face à ma copie. En parlant de ça, il n'y a pas que mentalement qu'elle me ressemble. Enfin, que je lui ressemble étant donné qu'elle est née avant moi. Nous avons le même aspect physique, quoiqu'elle fasse un peu plus vieille. En même temps, à son âge, ça me rassure de me dire qu'elle paraît plus âgée que moi.

— Est-ce que quelqu'un va finir par me répondre ?

Elle s'arrête et me plaque contre le mur.

— Dans moins d'une seconde, des Praktos vont débarquer. La seule que ton petit cerveau doit admettre, c'est que tu n'as pas envie de rencontrer des Praktos, en tout cas, pas en tant qu'ennemie ou prisonnière. Alors silence et suis-moi, la sortie est à côté.

Outre la violence infligée à mon pauvre dos qui en a marre d'être maltraité, je remarque la différence d'état d'esprit entre elle et moi. Son visage est neutre, il n'exprime aucune panique, aucune joie. Le mien est bien plus révélateur. Anxiété, excitation, crainte. À ce moment, je suis une petite fille à qui on tient la main.

Elle est expérimentée, moi pas. Elle sait où nous sommes, moi pas. Comprendre ça me fait l'effet d'un electrochoc. Accepter l'ignorance c'est accepter la liberté. Je répète sans interruptions que la connaissance c'est la porte vers la liberté. Pourtant, quand je suis dans une situation critique, mes principes ne sont plus tout à fait les bons.

Je n'ouvre pas la bouche pour sortir une réplique qui contentera ma fierté. Je pousse sur mes pieds et accélère afin de m'échapper le plus vite possible. Sur le visage d'Adélaïde, un sourire s'installe pour disparaître aussitôt. Des personnes accoutrées dans les mêmes costumes surgissent des couloirs pour nous bloquer le passage. L'inégalité des forces entre nous est évidente, alors pourquoi envoyer autant de leurs gardes ?

— Adélaïde Mosy, arrêtez-vous ou vous serez considérée comme récidiviste qui acte contre l'Autorité !

Elle entoure une chaînette autour de mon poignet puis autour du sien, puis se décide enfin à prendre la parole. À côté, je doute de ma capacité à tenir sur mes deux jambes. Ce qui va sûrement sa passer, c'est que je vais m'évanouir. Il y a un moment où mon esprit ne peut plus supporter autant d'informations délirantes. Je crois que j'ai dépasser ma limite il y a quelques temps déjà, et l'énergie qui m'anime en ce moment n'est certainement pas la mienne. Sinon je serais avachie sur le sol depuis longtemps. De toute manière, nous allons nous rendre et je vais encore être assommée. Enfin, c'est ce que je supposais mais il n'y a qu'à observer le visage d'Adélaïde pour deviner que nous n'allons pas nous avouer vaincues tout de suite.

— Vous pouvez toujours rêver ! Et la prochaine fois, envoyez des Praktogis, vous aurez peut-être une chance, elle se moque. Pnossomgi vra praktos !

En une fraction de seconde, l'ensemble des personnes qui nous empêcher d'accéder à la sortie, tombent au sol. Qu'est-ce qu'Adélaïde leur a fait ? Elle ne les a quand même pas tué ? Voyant mon trouble, elle me rassure. Ou du moins, elle essaie.

— Ils ne sont pas morts, juste très endormis. Maintenant partons.

— Mais comment, la porte est fermée ?

— J'en déduis donc que vous n'avez pas trouvé tous mes carnets... Xionagi vra nuaia !

Toutes les portes, et pas seulement celle devant nous, s'ouvrent comme si une tornade venait de passer dans les couloirs. En parallèle, mon énergie s'évapore, me laissant sur des jambes toujours plus flageolantes. La chaîne qui relier mon poignet à celui d'Adélaïde glisse le long de ma main et je la vois la ranger dans sa poche. J'aimerais m'extasier devant le sublime décor qui se dévoile à moi, mais la main qui me tire en avant coupe ma contemplation pour reprendre la course.

Le tricot de mamieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant