Sans connaître ton prénom, je t'ai recroisée. Sans entendre ta voix, je t'ai écoutée.
Le vent souffle dans mes cheveux tandis que je rentre chez mon père. Le soleil commence doucement à taper et je regrette de ne pas avoir pris mes lunettes avant de partir. Les odeurs de fleurs compensent la chaleur qui brûle dans mes joues. Finalement, je sens que je vais me plaire ici. Quand j'aurais obtenu des réponses ou que j'aurais appris à oublier. Mais est-ce que je suis vraiment prête à effacer sept d'absence en quelques jours ? La rancune est poison, mais le pardon se mérite quand la naïveté est un piège. Mon père fait des efforts, ça je ne peux le nier, mais sont-ils réels et durables ? Cette situation me tourmente et me perturbe. Les signes sont contraires ; et les souvenirs heureux sont-ils plus forts que ceux douloureux ? Là, maintenant, je ne sais pas quoi en penser. Alors j'attrape ma patience et je laisse le temps faire son effet.
— Alors, cette balade ? me demande mon père en me voyant ranger son vélo devant le garage, ne sachant pas où je dois le déposer.
— Je suis juste allée chercher du pain.
Il s'approche de moi, et dépose un baiser sur mon front avant même que je ne puisse reculer. Un frisson parcourt mon échine, alors que des réminiscences s'emparent de mes pensées.
— Tout va bien ?
Je secoue la tête pour chasser les images de mon enfance où il m'embrassait avant que j'aille dormir.
— Je vais déposer le pain dans la cuisine.
Il arque un sourcil sans un mot et je me sauve avant de devoir faire face à des larmes ou de la colère. Je suis vraiment confuse. Si je peux pardonner à Helynnah et Maëlys leur innocence, que dois-je faire avec mon père ? Elles n'ont rien fait : elles demandent seulement à me connaître, et j'admets que ma curiosité veut le faire aussi. Mais il nous a abandonnées, du jour au lendemain, sans prévenir. Si au début j'avais des sms, ce n'est pas pour autant qu'il est venu me voir pour m'expliquer. Ma mère a dû le faire à sa place, alors que ce n'était pas son rôle de m'annoncer que mon père nous quittait pour une autre femme. Dans les messages qu'il m'envoyait, avant qu'il ne cesse de le faire, on parlait de moi, jamais de lui ou de son départ. Aujourd'hui encore, j'attends des explications, des réponses ou juste des excuses. Je pense qu'un simple « je suis désolé » suffirait à me faire changer d'avis. Si peu pour tant de temps, mais pourtant tellement d'importance. Je crois que ça me permettrait de faire la paix avec mon cœur. Bien sûr, un « pardon » sans plus est limite, mais une autre question se pose : est-ce que je suis prête à entendre sa version des faits ?
— Cassie ! s'exclame la petite voix de Maëlys quand je pénètre dans la cuisine. Tu m'aides à faire un gâteau pour midi ? Maman a dit que je pouvais en faire un si tu voulais bien.
Helynnah, qui arrive, me confirme les dires de sa fille d'un mouvement de tête. Je m'agenouille au niveau de ma demi-sœur et lui souris.
— Tu veux le faire à quoi ton gâteau ?
Plutôt que de me répondre par un nom de parfum, elle lâche un long « oui » qui nous fait rire, sa mère et moi. Sa joie de vivre et son innocence sont tellement touchantes qu'une nouvelle vague de souvenir me submerge. Je la retiens tant bien que mal et de justesse. Si au bout du deuxième jour je ne suis plus capable de gérer ce genre de choses, combien de temps vais-je tenir face à la force de ma nostalgie ? Par chance, Maëlys me sauve en m'annonçant qu'elle veut faire un gâteau au chocolat. Helynnah m'apporte une recette, celle de sa grand-mère apparemment, et pendant que je sors les ingrédients, grâce aux indications de ma demi-sœur, et les pèse, cette dernière me regarde faire en me demandant si elle pourra casser les œufs. Je lui explique qu'il faut déjà faire fondre le chocolat et le beurre, alors elle me tend une casserole.
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À l'ombre des cerisiers fleurissent des bourgeons d'amour
RomanceUn cerisier Un bel été Des bourgeons naissants Remplis de sentiments Cassiopée n'a pas vu son père depuis sept ans, et sincèrement, elle s'en serait bien passé. Après tout, il les a abandonnées du jour au lendemain sans prévenir. Mais, parfois, les...