Chapitre 6

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Finalement, j'avais obtenu ton prénom, mais le son de ta voix m'était inconnu. Tu es la première que j'ai rencontrée, mais l'une des dernières à laquelle j'ai commencé à parler.

— Cassiopée !

Je suis réveillée par un petit monstre aux cheveux tressés et au sourire édenté par endroit. Je découvre Maëlys à cheval sur mon ventre et en train de dévisager ma coiffure matinale.

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ? me demande-t-elle comme si ma question n'avait aucun sens.

— Pourquoi me sauter dessus à cette heure ?

Je frotte mes mains contre mes yeux encore endormis.

— Bah, je voudrais que tu viennes pour m'accompagner à mon cours de danse. Alors, j'ai demandé à Maman si je pouvais te réveiller pour te poser la question.

Je pousse un long soupir à moitié ri.

— Je ne suis pas certaine que ta mère t'ait demandé de me sauter dessus pour me réveiller.

— C'est efficace. Tu es bien réveillée, non ?

Son ton enjoué me fait exploser de rire, et Maëlys m'imite sans comprendre ce qu'elle a pu dire de si drôle. Son enthousiasme me donne envie de l'emmener, peu importe mon sommeil raccourci : ça m'apprendra à veiller jusqu'au milieu de la nuit.

— Je dois être prête dans combien de temps ? finis-je par demander.

— Dix minutes.

Je fais donc une croix sur mon petit-déjeuner et je chasse ma demi-sœur pour pouvoir m'habiller. Mes vêtements de la veille sont roulés en boule dans un coin et avec eux les mélodies qui m'ont bercée. Je me demande si j'entendrai le son de sa voix un jour. Pour le moment, je ne peux que l'imaginer.

J'enroule mes cheveux sur le haut de mon crâne sans prendre le temps de les démêler, et je sais que je vais le regretter quand je déferai mon chignon improvisé. Pour plus de simplicité, j'enfile une robe fluide et légère, qui provoque un cri de joie chez Maëlys lorsqu'elle me voit descendre les escaliers. Elle va même jusqu'à me demander si elle pourra l'essayer, ce qui fait rire Helynnah et mon père. Ce dernier me complimente même en me disant qu'elle me met en valeur. Je rougis, et prends la couleur du tissu que je porte par la même occasion. Ma belle-mère me sauve en annonçant qu'on doit y aller.

La main par la fenêtre, je laisse le vent caresser mes doigts. À l'arrière, j'entends Maëlys m'imiter grâce à ses rires joyeux et cristallins. Au volant, Helynnah sourit en nous regardant du coin de l'œil. Je trouve qu'on forme un beau trio sur plusieurs générations, liées par mon père. Je commence sincèrement à me demander ce qu'il se passera après. Si en trois jours j'ai réussi à m'attacher, combien de temps vais-je mettre pour me détacher ? Est-ce que trois semaines vont réussir à me faire oublier sept ans ? Je n'en ai aucune idée, et je préfère éviter d'y penser, sinon, je vais empirer la situation actuelle, qui est déjà bien compliquée.

Alors, dans cette petite voiture qui roule vers l'avenir, je décide de profiter sans penser à la suite. Advienne que pourra. Je verrai à chaque instant, chaque situation ce que je dois faire, ce que j'accepte d'offrir ou de refuser. Le reste ne ferait que me gâcher la vie.

Le temps s'est faufilé pendant que je pensais et nous voilà devant la petite école de danse de la ville. Maëlys se précipite hors de la voiture, tandis qu'Helynnah doit répondre à un appel urgent. Elle me fait signe d'accompagner sa fille à l'intérieur et qu'elle m'attend ici. Je suis donc ma demi-sœur à l'intérieur et elle attrape ma main quand j'arrive à son niveau. Elle me présente à sa professeure de danse comme sa grande sœur, ce qui provoque un sourcil arqué.

À l'ombre des cerisiers fleurissent des bourgeons d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant