LE DESTIN DE SOFIA

LE DESTIN DE SOFIA EPISODE 10

Après cette scène au commissariat, j'avais peur de rester seule dans l'appartement. Avec la permission de Maman Bertine, j'ai demandé à Papa Diomandé de venir rester auprès de moi pour me protéger d'éventuelles représailles de l'oncle Moussa. Papa Diomandé me laissa entendre qu'il n'était plus nécessaire que je reste loin lui.

- A partir de maintenant tu vas récupérer toutes tes affaires et venir rester vivre ici chez moi. Ainsi je pourrai mieux te suivre.

Bonne idée mais cette solution restreindra ma liberté. Je n'avais vraiment pas le choix. Je ne pourrai plus voir mon petit ami Yanis comme je le voudrai. Sa compagnie va me manquer quand même. Ce n'est pas grave. Pour l'instant ce sont mes études qui sont les plus importantes. Le travail, après le travail l'indépendance... le disait Bernard B. Dadié. J'espère que Yanis me comprendra.

Chez papa Diomandé, je fus traitée comme une fille d'un politicien africain au pouvoir. Surveillée comme jamais. Papa Diomandé a utilisé les grands moyens pour ma sécurité. En plus du chauffeur qui me déposait à l'école, désormais j'ai un body garde pour veiller sur moi partout où je mettais les pieds. Au début c'était intéressant mais au bout d'un certain moment cela devenait un peu gênant.

- Merci papa pour tout ce que tu fais pour moi mais je pense qu'il est tant que tu mettes fin aux services de celui qui me suit.

- Tu racontes quoi Sofia ?

- Oui Papa. Je me sens gênée par sa présence au près de moi. Je pense que ce sont des dépenses de trop pour toi.

- Je te comprends Sofia mais je n'ai pas confiance à ton Oncle. Ne sait-on jamais. Pour l'instant laisse le body garde faire son travail. Le moment arrivera où tu pourras te passer de ses services mais pour l'heure laisse le continuer.

- Compris Papa.

C'est ainsi que le MDL Chef Youssouf Digbeu poursuivit son travail.
Un soir après les cours, nous reçûmes la visite de L'imam de notre quartier et quelques dignitaires de la mosquée. Une très grande surprise à laquelle nous ne nous entendîmes vraiment pas.

- Désolés de vous importuner Monsieur Diomandé, mais il était quand même important que nous le fassions, introduisit l'Imam El Hadj Boukirimi.

- Je vous avoue que jusque là je ne sais vraiment pas de quoi vous voulez parler. Et si on allait droit au but... Répondit Papa Diomandé.

- Il s'agit du différend qu'il y a eu entre vous et votre voisin Moussa. Rétorqua l'Imam.

- Aaaaah d'accord. Je commence à comprendre mieux.

- Moussa nous envoie vers vous pour vous présenter ses excuses. Il n'a pas voulu venir parce qu'il a estimé qu'il serait judicieux que nous, guides religieux soyons les premiers à vous rencontrer et ensuite il viendrait en personne pour s'excusez lui-même auprès de vous.

Après un long moment de silence, perplexe, Papa Diomandé prit la parole.

- Personnellement, je n'ai pas de soucis avec mon voisin. Ici dans ce quartier, je n'ai de problèmes avec personnes. C'est regrettable que pour une histoire de garde d'enfant, Moussa et moi soyons arrivés là. Pour être franc avec vous, je n'ai rien contre Monsieur Moussa. Si vous le rencontrez, dites lui que ne j'ai pas de souci avec lui.

- Merci Monsieur Diomandé. Lui répondit l'Imam.

Au terme de l'échange entre les hommes de Dieu et Papa Diomandé, mon Oncle fit son entrée. Certainement un membre de la délégation lui a fait signe par message. Après les salutations, il s'agenouilla devant Papa Diomandé reconnaissant ses erreurs.

- Non, quand même, tu ne vas pas t'humilier jusqu'à ce point voisin. Relève toi s'il te plait. Le passé c'est le passé.

Avec des larmes de crocodile, il traîna aux pieds de Papa Diomandé le suppliant d'accepter son pardon. Ce sont les membres de la délégation de l'Imam qui l'ont aidé à se relever.

Les choses rentrèrent dans l'ordre. Tonton Moussa a publiquement reconnu son tord. Les deux Papas, Oncle Moussa et mon tuteur Diomandé se firent des accolades de réconciliation. Ensuite je les rejoignis et ensemble nous fûmes la paix.

Intérieurement je n'étais pas satisfaite des convictions de mon oncle. Mais j'étais obligée de me plier aux décisions qui ont été prises à l'issue de cette rencontre.

Malgré tout ce qui été arrêté, je restai chez mon tuteur Monsieur Diomandé pour poursuivre mes cours. De toutes les façons Tonton Moussa ne trouvait plus d'inconvénients à cela selon ce qu'il nous a laissé entendre. Mais il va falloir toujours rester vigilent. Papa décida de garder mon body garde.

La vie suivit son cours normal. Les relations entre la famille de tonton Moussa et moi redevinrent normales. De temps à autre ma cousine Aliman et moi échangeâmes sur des sujets qui concernent notre avenir. La confiance entre elle et moi renaquit. Dans nos conversations, Aliman adorait parler des questions relatives à l'héritage de mon défunt père.

Au début je l'envoyais balader. Mais chaque fois que nous nous retrouvions pour échanger, cette question resurgissait.

- Par moment je me demande ce que nous deviendrons quand tu seras prête à reprendre la maison de ton Papa puisque Papa Moussa n'a pas de maison propre à lui.

Des doutes commencèrent à envahir mon esprit. Et après avoir pris des conseils auprès de ma bienfaitrice, j'ai commencé à mener une petite enquête pour savoir exactement les intentions cachées derrières les excuses de mon Oncle Moussa. Je profite des jours de repos de la nouvelle fille de ménage de mon Oncle Moussa pour échanger avec cette dernière très loin du quartier.

- Sofia comment tu as pu me retrouver dans mon quartier ? me dit Bintou.

- Je me suis renseignée.

- Ah ok. Quelles sont les nouvelles ?

- Je passais par ici et j'ai décidé de te rendre visite.

- C'est très gentil Sofia. Tu es une fille bien.

- Merci Bintou.

- Depuis longtemps je cherchais à te parler mais je ne sais pas comment tu prendrais ce que je vais t'annoncer, me dit Bintou.

- Comment ça ?

Sans détour, Bintou me donna dans tous les détails le plan que son Patron a établi pour me nuire.

- Il faut te méfier de tes cousines et leurs parents. Elles ne jouent pas franc jeu avec toi surtout Aliman.

- Pourquoi ?

Bintou me laissa entendre que la réconciliation voulue par Tonton Moussa était un plan tracé par son marabout pour se rapprocher de moi. Après sa défaite au commissariat, tonton Moussa n'avait pas digéré mon intervention et depuis ce jour il a décidé de tout mettre en œuvre pour me neutraliser.

- Comment tu as été informée toi ? demandai-je à Bintou.

- Chaque soir, ils tiennent une réunion tard dans la nuit pensant que je suis endormie. Tes parents préparent ta mort, il faut te méfier d'eux.

- Bintou je ne te crois.

- Tu peux me croire comme ne pas me croire. Ce qui est sûr moi j'ai fait ma part pour te protéger. Tu feras ce qu'il te semble bon.

Sans voix, assise dans la chaise en face de Bintou, j'étais abasourdie. Qu'est ce qui prouve que je ne suis pas déjà empoisonnée par ma cousine avec qui j'ai partagé plusieurs fois des repas ? Comment faire pour vérifier les assertions de Bintou ?

- Pour vérifier ce que je viens de raconter, il va falloir consulter un guérisseur, me dit Bintou.

- Connais-tu un à qui je peux faire confiance ? Demandai-je à Bintou.

- Oui mais je ne pourrai pas me déplacer aujourd'hui. Il va falloir qu'on prenne rendez-vous la semaine prochaine.

- Et s'il était trop tard ? S'il te plait Bintou aide moi.

- Compris Sofia.

C'est ainsi que Bintou me conduisit chez un guérisseur traditionnel Malien dans un quartier très reculé de la ville.

A SUIVRE ...