Chapitre 74 🌊

845 60 133
                                    

« Mais où es-tu

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

« Mais où es-tu... »

🌊 Iliana 🌊

« Le sable reste toujours blanc, le sable reste toujours blanc, le sable reste toujours blanc, tu m'entends ? hurle-t-elle me secouant vivement les épaules. »

J'ouvre les yeux, remplis une fois de plus de larmes brutales. Mes mains entrent en contact avec ma propre peau, brûlante sous cette couverture. Je cherche sa présence, je cherche son existence... mais ne tombe que sur du vide, celui qui s'est installé au creux de ma poitrine, à ses aises et habitudes.

Je le sens quand je respire, quand mon cœur bat. Je le supporte quand je pleure, le vois lorsque je souris. Il est partout autour de moi, comblant sa présence irremplaçable. Une absence qui n'en est pas une. Un mensonge pesant, irritant.

Les draps sont encore chauds à mes côtés, signe qu'il a quitté le lit peu de temps avant moi. La porte est soigneusement grande ouverte, une surveillance raisonnable et compréhensible depuis mon geste immature.

D'un coup d'œil, je vérifie que mon frère ait effectivement quitté la chambre, tout comme il a déserté l'étage, avant de me glisser sous la douche. Pendant trois bonnes minutes, je la laisse me brûler la nuque, fixant l'eau qui disparaît sous mes pieds. Avant de relever le visage, chauffant mes joues et ma peau délicate.

Une semaine et demie. Ça va faire une semaine et demie que cet espoir est apparu. Depuis, plus rien. Elle me manque tellement. Mais ils refusent toujours de me laisser la voir. Ce petit jeu idiot ne m'amuse plus, me faire croire des horreurs pareilles pendant quelques jours, certes. Plus, ma patience à des limites. Ils jouent avec mes nerfs, déjà à fleur de peau. Tout ce que je veux, c'est la voir, m'assurer qu'elle aille bien. Mais ils refusent, encore.

On me dit de pleurer, hurler, cogner, on me dit d'évacuer. Mais quoi au juste ? On me répète que j'ai le droit d'être triste, que c'est normal d'avoir mal.

Mais je ne ressens aucune douleur.

Je lui ai fait peur, je n'oublierai jamais son regard quand il m'a vue ce jour-là. Assise sur la baignoire, lame entre les mains, soigneusement appliquée sur le poignet droit. Et ça, bordel qu'est-ce que ça faisait mal. Je l'ai tout de suite amèrement regretté, incapable de continuer tellement la douleur était invivable. J'ai essayé, j'ai voulu la ressentir à mon tour. Les filles parlent d'une solution miracle, lorsque leurs maux ne dépassent jamais la simple pensée. Il paraît que ça les soulage, moi ça me tue. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps après ça, non pour les bonnes raisons, sinon à cause de ma connerie immature, qui a effrayé mon frère au plus haut point. Je m'en veux encore de lui avoir infligé ça.

Le visage de mon père, désespéré, celui d'Aiden, terrorisé, puis le regard de son père, infiniment déçu. Sa mère, si gentille et bienveillante, les larmes aux yeux et les lèvres serrées devant ce petit carnage, qui a tenté de me serrer dans ses bras comme si j'étais sa propre fille. Je l'ai repoussée.

Le sable reste toujours blanc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant