La tresse à huit branche

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               Othar, Jayse, Luuis, Soan et Conrad étaient assis en cercle dans l'herbe, profitant des dernières heures de soleil avant que la nuit ne commence à tomber. Tous les regards étaient rivés au centre de leur ronde, sur un magnifique rosier. La plante grandissait à vue d'œil, s'étirant vers le ciel en formant de nouvelles tiges parsemées d'épines tandis que des feuilles crantées naissaient à leur tour, colorées d'un vert foncé qui contrastait avec la majestueuse teinte des fleurs. Leurs boutons s'ouvraient gracieusement, faisant éclore les innombrables pétales qui accueillaient les rayons du soleil sur leur texture de velours. Noirs en leur centre, les fleurs se transformaient peu à peu pour devenir carmin à leurs extrémités, offrant ainsi aux spectateurs une palette de nuances de rouges.

        Le rosier en était aussi beau que dérangeant.

         Il cessa finalement de s'étendre, se figeant soudainement dans le temps. Plus rien ne bougeait, pas même les feuilles qui auraient dû bruisser dans le vent, ni même les fleurs sur lesquelles venaient déjà se poser quelques insectes. C'était comme si cette sublime création s'était statufiée.

        Jayse fronça les sourcils et s'avança, curieux. Il leva alors délicatement sa main droite, mais lorsque ses doigts effleurèrent un pétale, le rosier tout entier s'effrita et tomba brusquement en poussière.

        Des cris de surprises retentirent dans le cercle, rapidement suivis par de chaleureux applaudissements. Les yeux de Conrad, eux, brillaient de fierté.

        Depuis qu'il avait avoué à Leeroy que lui aussi possédait des facultés magiques, le garçon s'était durement entraîné. Conseillé par les trois dragonniers, il avait appris à canaliser sa puissance et à lui donner des formes différentes. Autrefois, il n'avait pu que créer d'épaisses racines sortant de terre, les manipulant à son bon vouloir pour leur donner vie en imitant de dangereux serpents. Dorénavant, le rouquin avait appris qu'il était en réalité capable de manipuler toute sorte de végétation, et non plus uniquement des radicelles. À force de s'exercer, Conrad avait remplacé la dangerosité de ses pouvoirs par leur beauté naturelle, se concentrant sur la création de fleurs plus exotiques les unes que les autres, sur la pousse d'arbres plus magnifiques encore, allant jusqu'à pouvoir produire des dizaines de variétés de fruits différents.

        Si Leeroy l'avait poussé à développer son côté créatif, essentiel chez un garçon de son âge, Tarek, lui, avait fermement insisté pour qu'il se concentre également sur les côtés offensifs et défensifs de ses capacités. Alors Conrad s'était entraîné à transformer la végétation en de puissantes armes destructives, et à en former des boucliers impénétrables. Aïkida avait été impressionnée par la rapidité à laquelle le rouquin apprenait à se servir de ce don de la nature, et s'était sentie rassurée de voir qu'il était entièrement capable de se défendre. Si un jour le destin décidait d'exécuter sa volonté, la Fille Gelée n'était plus aussi certaine d'être capable de tuer involontairement ce garçon.

— C'est magnifique Conrad ! s'exclama Jayse, les yeux toujours rivés vers le rosier réduit à l'état de poussière.

Tout le monde approuva gaiement, ce qui eut pour effet d'agrandir le sourire angélique du concerné.

        Othar ébouriffa les cheveux flamboyants du cadet de la troupe et lui demanda :

— Tu te souviens de ce que je t'ai appris ?

Il hocha vivement la tête.

— Oui ! Pour rendre une liane plus solide, il faut la tresser !

L'elfe lui décocha un clin d'œil complice en murmurant :

La Fille Gelée et la ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant