Famille recomposée

Fausse amitié

Ils se faufilèrent tous les deux dans la chambre des secrets, en silence. Drago se fondit dans les ombres, disparaissant totalement, tandis que Harry avançait à découvert, l'air sûr de lui.
Albus le repéra immédiatement et écarquilla les yeux avant de tenter de distraire Electre pour qu'elle ne se retourne pas.

Mais Harry n'avait pas besoin de distraction. Il n'avait jamais attaqué personne dans le dos, même pas les Mangemorts, et il ne comptait pas commencer avec cette adolescente même si elle avait enlevé son fils.
Sous le regard effaré des deux petits prisonniers, il s'éclaircit la gorge avec un léger rictus.
- Electre Sayre. Je dirais bien que c'est surprenant, mais ça serait mentir.
Elle ricana en le voyant, les mains crispées sur sa baguette.
- Professeur Potter. Ô Grand Sauveur du monde magique.

Il fronça les sourcils en la détaillant, essayant de déterminer s'il la connaissait. S'il avait déjà rencontré cette fille, si elle avait des raisons de lui en vouloir.
Quelque chose dans ses yeux lui évoquait un vague souvenir, mais il ne parvenait pas à déterminer d'où il venait.
Repoussant ses pensées, il se concentra sur la situation et s'assura d'un regard que son fils et Scorpius allaient bien. Puis, il secoua la tête.
- J'ai bien peur que vos exploits ne provoquent votre expulsion de Poudlard, Miss.
- Peu importe. Ce n'est pas terminé.
- Je suppose donc que vous étiez proche de mon filleul par pur calcul ?

Elle fronça le nez et grimaça.
- Teddy n'était qu'une fausse amitié. Je me moque bien de lui. C'est vous qui étiez ma cible depuis le début.
Harry eut un sourire froid.
- Au cours de ma vie, je me suis fait beaucoup d'ennemis dans les familles portées sur la Magie Noire comme la votre. Cependant, je suis certain d'une chose : je n'ai jamais rencontré de membres de la famille Sayre avant aujourd'hui.

Elle eut un sourire qui pouvait presque passer pour malicieux s'il n'y avait pas eu autant de malveillance dans son expression.
- Peut être parce que mon véritable nom n'est pas Sayre.
Harry ne montra pas la moindre surprise. Après tout, il s'en doutait depuis le début. Il savait que cette gamine était plus que ce qu'elle montrait. Tout son comportement hurlait qu'elle avait des secrets.

Vexée de ne pas obtenir de réaction elle retroussa les lèvres en un rictus mauvais, montrant les dents. Harry pencha la tête, la détaillant avec attention, reprenant ses réflexes d'Auror. Le moindre détail pourrait lui être utile, c'était ainsi qu'il avait été formé.
- Bien, jeune fille. Vous avez attiré mon attention. Si vous vous décidiez à dire ce que vous voulez de moi ?

Elle leva sa baguette, la pointant sur Harry, sans la moindre hésitation. Le Sauveur ne sourcilla pas : ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait du mauvais côté d'une baguette, et même s'il avait changé de vie, il se doutait qu'il y aurait encore des moments où il aurait à se battre.
- Je ne veux rien Harry Potter. Je veux juste vous tuer ! Je n'ai jamais connu mes parents par votre faute !
Harry soupira, et un éclair de tristesse passa dans son regard.
- La guerre a fait beaucoup de ravages...
- Non. Vous êtes celui qui les avez tué. Vous êtes la cause de leur mort.

Cette fois, Harry eut l'air déstabilisé. Il devinait que la jeune fille était une enfant de Mangemorts, mais il ne parvenait pas à accepter qu'elle puisse l'accuser d'avoir tué de sa main ses parents. La seule personne qu'il avait tué avait été Voldemort après tout. Il y avait eu d'autres morts par sa faute, pour le protéger, par exemple, mais il n'avait pas été celui qui avait lancé le sort.
- Je...
Soudain, Harry se tut, dévisageant avidement Electre.

Le lieu l'aida, puisque la toute première fois où il avait vu ce regard particulier c'était à cet endroit, des années plus tôt. Il était enfant encore, et il se tenait face à un souvenir.
L'homme soupira et secoua la tête, perdu.
- Jedusor... Vous avez les mêmes yeux que lui.
Electre écarquilla les yeux et eut un mouvement de recul. Elle s'était endurcie en grandissant, habituée à être dévisagée avec dégoût quand elle avouait le nom de son père biologique.
Sauf que Harry Potter n'avait pas semblé écœuré. Juste surpris.

Il y eut un moment de silence, puis le Sauveur prit sa baguette. Il ne la pointa pas vers la jeune fille, se contentant d'un geste de libérer son fils et Scorpius.
- Je pense qu'ils peuvent partir, n'est-ce-pas ? Vous vouliez mon attention... vous l'avez.
Electre grogna.
- Vous m'avez pris mes parents, je vais vous prendre votre fils. Celui que vous préférez.
Harry se crispa légèrement mais ne répondit pas à la provocation.
- Donc. La fille de Voldemort. Qui était votre mère ?
A contrecœur, la jeune fille répondit.
- Bellatrix Lestrange.

La mâchoire de Harry se crispa alors qu'il repensait à la Mangemort qui l'avait privé de son parrain. Bellatrix avait été totalement folle et c'était Molly qui l'avait tué pour protéger Ginny.
Il laissa la colère familière l'envahir, la colère qui l'emplissait à chaque fois que le nom de Bellatrix était prononcé.
- La fille d'un psychopathe criminel et d'une folle... Tu avais une chance de vivre normalement. D'être heureuse, loin des crimes de tes parents. Electre Sayre... personne n'aurait deviné, personne ne t'aurait reproché ta filiation.
- Mais ils ont été tué !
- Et qui vengera tous ceux qu'ils ont tué ? As-tu été voir le mémorial des victimes de la guerre ? Tous ces noms... tués à cause de ton père ! Il avait tué mes parents, je l'ai tué. Tu vas vouloir me tuer n'est-ce-pas ? Et alors quoi ? Quand tu auras un enfant, mes fils ou ma fille auront le droit de le tuer pour se venger ? Combien de temps cela pourrait durer ?

Electre hésita, comme si les mots de Harry l'avaient touché. Le brun avança d'un pas, la fixant dans les yeux.
- Tu aurais pu finir ta scolarité. Passer tes Aspics et construire une vie. Être heureuse. Tes parents ne voyaient que la mort et la destruction. Il n'y avait pas d'amour dans leur monde. Ton père... Ton père a été consumé par l'amour que ma mère me portait, parce que c'était un sentiment qu'il ne connaissait pas.

Une larme roula sur la joue d'Electre, mais pour autant, elle ne baissa pas le bras qui tenait sa baguette.
- Ils auraient pu changer pour moi !

Prompt de demain : Route solitaire