Une danse de minuit

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Le parc de Poudlard était baigné de la lueur de la pleine lune, éclairant le paysage d'une lueur presque surnaturelle. Les eaux du lac Noir scintillaient, troublées uniquement par les mouvements paresseux du calmar géant.
Au bord de l'eau, un couple était installé, enlacé.

Avec un soupir heureux, Hermione posa sa tête sur l'épaule de son mari. Ron lui avait fait la surprise de venir la rejoindre après l'heure du couvre-feu, prétextant qu'il en avait assez de dormir seul.
Ils passaient donc un moment tendre, trouvant qu'ils avaient été trop longtemps séparés.

Hermione sourit soudain, avec affection.
- J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à tes côtés. De te connaître aussi bien que moi-même.
La remarque de son épouse fit rire Ron, qui secoua la tête.
- Est-ce un reproche ? Des regrets ?
Elle le bouscula d'une bourrade, mais son sourire et ses joues rouges montraient qu'elle s'amusait.
- Idiot.
- Nous avons grandi ensemble, c'est vrai. Mais je n'échangerai notre vie pour rien au monde...

Hermione lui planta un baiser sur la joue et se leva, l'obligeant à la suivre. Riant, elle lui tendit la main.
- Voyons voir si je t'ai appris quelque chose. Danse avec moi ?
- Une danse de minuit, Madame Weasley ?
D'un geste soudain, le rouquin attira sa femme à lui pour la serrer dans ses bras, et commença à se balancer doucement, le nez plongé dans son cou. Hermione soupira de bien-être et ferma les yeux, se laissant guider, souriante et détendue.

Un peu à l'écart, une silhouette se faisait la plus discrète possible. Les yeux écarquillés, James Sirius Potter observait son oncle et sa tante, les écoutait plaisanter.
L'amour qui les liait était évident, autant que leur complicité. Leurs corps semblaient s'appeler, et ils arrivaient à être parfaitement en harmonie.

Avec un petit pincement au cœur, James se rendit compte qu'il n'avait jamais surpris une scène de ce genre entre ses parents.
Aussi loin qu'il ne se souvienne, jamais ses parents n'avaient dansé ensemble. Jamais ils n'avaient ri tous les deux, en parlant de choses qu'eux seuls pouvaient comprendre.

Le yeux brillants de larmes, il observa Ron s'éloigner un peu d'Hermione pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Puis il posa une question à son épouse.

- Dis-moi Hermione... Est-ce que tu te plais à Poudlard ? Comme professeur ? Est-ce que tu es plus heureuse ici qu'au Ministère ?
Hermione fronça les sourcils, et réfléchit sérieusement avant de hausser les épaules.
- J'aimais mon emploi au Ministère, mais j'aime aussi travailler avec des enfants comme ici. Harry a l'air d'avoir trouvé sa vocation, mais je ne peux pas dire que je sois sûre de vouloir passer des années à enseigner.
- Parce qu'il y aura des années calmes où il ne se passera rien ?
- Non. Parce qu'il n'y aura plus de défi un jour. Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu veux que je rentre à la maison ?
Ron gloussa, et glissa une mèche de cheveux d'Hermione derrière son oreille, avant d'effleurer sa joue d'une caresse tendre.
- Tu me manques terriblement, mais puisque je peux venir autant que je veux te rejoindre... Ce n'est pas insurmontable. Je voulais juste savoir ce que toi tu voulais. Tu sais très bien que quelque soit ta décision, nous trouverons une solution, comme nous l'avons toujours fait...
La brunette embrassa Ron, visiblement émue.

James prit soudain conscience que bien qu'il adore sa mère plus que tout au monde, c'était elle qui était en tort. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait au sujet de leur divorce, mais il voyait bien qu'elle n'avait jamais cherché à savoir ce que son époux voulait faire de sa vie.
Elle avait décidé pour lui.

Pour le Gryffondor, le choc était rude. Tout ce qu'il avait cru jusqu'à présent était en train de s'effondrer. Tout ça parce que l'amour que se portaient son oncle et sa tante lui avaient fait prendre conscience que le mariage de ses parents n'avait jamais été heureux.

S'il voulait être complètement honnête, il devrait avouer qu'il n'avait jamais vu son père aussi souriant et détendu que depuis qu'il était professeur à Poudlard. Il ne l'avait jamais vu rire et discuter avec sa mère comme il échangeait avec les autres professeurs.

Il avait repoussé toutes les tentatives de son père pour lui parler, en se verrouillant dans sa colère et dans sa rancœur. Mais James avait vu que Harry passait du temps avec Albus. Ce n'était pas son petit frère qui allait quémander de l'attention. C'était leur père qui allait vers lui.
Et s'il n'avait pas été aussi stupide, il aurait lui aussi eu l'occasion de profiter de la présence de son père. Il aurait pu apprendre à le connaître.

Peut être que finalement sa mère avait menti sur d'autres sujets. Si le mariage qu'elle décrivait comme parfait n'était qu'un simulacre vide de sens, alors peut être que son père se souciait véritablement de ses enfants, et que s'il avait été absent toutes ces années, c'était réellement parce qu'il n'avait pas eu le choix.

En voyant son oncle soulever Hermione dans ses bras, James s'enfonça un peu dans les ombres pour ne pas être découvert par le couple. Des pensées tourbillonnaient dans sa tête, alors qu'il essayait de reprendre pied.
Il ne savait plus qui croire. Il ne savait pas ce qu'il devait penser de la situation.

Avec un soupir triste, James s'avança au bord du lac maintenant que les lieux étaient déserts, pour s'installer contre un arbre et regarder l'eau. Les pensées se bousculaient dans sa tête, alors qu'il se demandait comment il avait pu se rendre compte de ses erreurs juste en espionnant son oncle et sa tante.
Pourtant, il les avait déjà vu s'embrasser et s'enlacer. Mais... Cette fois, ils étaient seuls, et ils n'avaient pas conscience d'être observés. Leurs gestes étaient naturels, preuve qu'ils étaient habituels. Ses parents - eux - se tenaient parfois la main. Mais uniquement en public. Pour s'éloigner dès qu'ils étaient seuls.

James renifla et se rendit compte qu'il pleurait. Il se sentait trahi, et désorienté. Coupable aussi. Les reproches de Teddy avaient ouvert une brèche dans sa carapace, et la scène qu'il avait vu quelques minutes auparavant avait terminé de lui ouvrir les yeux.
En s'essuyant rageusement les yeux, James espéra qu'il n'était pas trop tard, qu'il n'avait pas perdu pour de bon son père à cause de son comportement idiot...



Prompt de demain : l'amour vrai

Famille recomposéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant