Famille recomposée

La vérité du cœur

La première réaction de Harry en se réveillant dans les bras de Drago avait été de vouloir fuir. En ouvrant les yeux et en se rendant compte qu'il avait dormi collé contre lui, ses bras autour de lui, il avait voulu se lever discrètement et s'en aller sans un mot, en priant pour que Drago ne se réveille pas.

Avant d'agir, il avait cependant pris conscience de sa lâcheté, et il avait soupiré, vaguement honteux, regardant son collègue dormir.
Ses mouvements durent être suffisants pour troubler le sommeil du blond parce qu'il papillonna des yeux avant de bailler et de sourire.
- 'Jour Potter.

Harry répondit d'un sourire un peu nerveux. Drago bailla et s'étira avant de se redresser et de se lever, frissonnant violemment lorsqu'il quitta la chaleur du lit. En se passant une main dans les cheveux, il se dirigea vers la salle de bains.
Quelques instants plus tard, Harry entendit la douche couler et il secoua la tête, les yeux écarquillés. Visiblement Drago trouvait normal de se réveiller dans le même lit que lui. Rien que cette pensée suffit à le rendre écarlate et il se leva précipitamment, avant de prendre sa baguette pour rendre au lit sa forme d'origine, à savoir un sofa.
Il se sentait moins mal à l'aise en cachant l'objet du délit, après tout, même s'il se sentait un peu ridicule de réagir aussi vivement pour quelque chose de somme toute banal.

Après tout, il avait fait un cauchemar, Drago était venu le réconforter, et ils s'étaient endormis tous les deux.
Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait passé du temps perdu dans ses pensées, et il sursauta lorsque Drago, les cheveux encore humides se planta devant lui, un sourcil levé en signe d'interrogation.
- Potter ? Tu vas bien ?
Harry rougit légèrement, avant de hocher la tête.
- Fatigué.

Drago sembla se contenter de cette explication, puisqu'il continua de se préparer tranquillement.
- Tu devrais bouger Potter, si tu veux prendre ton petit déjeuner dans la Grande Salle.
Harry se leva, obéissant, et se dirigea sans un mot vers la salle de bains à son tour. Alors qu'il entrait, Drago le rappela.
- Potter ? Tu devrais te préparer à discuter avec James. Arranger les choses entre vous.
Le Sauveur hocha la tête sans se retourner. Effectivement, Drago avait raison sur ce point. James avait permis de retrouver Albus et Scorpius, il devait faire un pas vers lui à son tour...

Le brun se glissa sous la douche avec un soupir, bénissant l'eau chaude qui dénouait ses muscles. En émergeant de sous le jet d'eau, il se sentait un peu plus réveillé, moins perdu.
Il nota avec un sourire que Drago lui avait préparé des vêtements propres. Ils faisaient à peu près la même taille et ce n'était pas la première fois qu'ils se prêtaient des tenues après une nuit dans les appartements de l'autre.

Ils se rendirent dans la grande Salle, Harry ayant retrouvé son comportement habituel, comme s'il avait retrouvé ses esprits. En s'installant, le Sauveur en profitant pour faire signe à James, afin qu'il vienne le voir une fois le repas terminé. Le garçon se tendit, et une brève expression de colère déforma ses traits, avant qu'il ne se retourne, tournant le dos à son père.
Harry soupira et repoussa son assiette, l'appétit coupé. Il se pencha vers Drago.
- Je serais dans mon bureau si quelqu'un me cherche.

Inquiet, Drago fronça les sourcils et hocha doucement la tête. Il n'avait pas loupé la réaction de James, et il se doutait que Harry était soucieux, craignant probablement d'être rejeté par son aîné.
Légèrement inquiet, il regarda le brun quitter la pièce à grands pas, sans se retourner.

A ses côtés, Hermione se pencha vers lui, visiblement inquiète.
- Malefoy ? Un problème avec Harry ?
Drago se passa une main nerveuse dans les cheveux.
- Je lui ai conseillé de parler avec James et... visiblement ce n'était pas vraiment le bon moment.
La professeure d'Histoire de la Magie dévisagea son filleul, et laissa échapper un grognement.
- James finira par comprendre.
- Vraiment ? C'est un fichu Gryffondor borné ! Par quel miracle changerait-il de comportement ?

Hermione gloussa.
- La vérité du cœur, Malefoy. James va se rendre compte qu'il aime son père et il va finir par se calmer.
Drago grogna et marmonna à mi-voix, agacé de l'optimisme écœurant de l'ancienne Gryffondor. Loin de s'en formaliser, la lionne plissa les yeux en l'observant avec attention.
- Tu es inquiet pour Harry ?
Le Serpentard détourna la tête sans répondre, alors qu'Hermione souriait largement, visiblement ravie.

**

En voyant son père arriver une fois de plus avec le professeur Malefoy, James leva les yeux au ciel. Il n'aimait pas cette soudaine amitié, pas après tout ce qu'il avait pu entendre sur la famille Malefoy durant son enfance...
Au signe de Harry, James se tendit.

Teddy lui avait promis que les choses allaient s'améliorer, et voilà que le lendemain matin, il était convoqué. Que ce soit une convocation du professeur ou du père, le résultat en serait le même : il serait probablement puni pour avoir espionné son petit frère ou pour ne pas avoir signalé plus tôt qu'il allait se mettre en danger.
Depuis le début de l'année, il avait l'impression que tout lui était reproché, quoi qu'il fasse. Il n'arrivait plus à trouver sa place, et il détestait ça.

La colère l'envahit et il serra les poings, ne pouvant se retenir de fusiller son père des yeux avant de lui tourner résolument le dos.
Il irait le voir puisqu'il ne pouvait pas s'opposer au grand Harry Potter sans risquer un renvoi de l'école. Cependant, il était bien décidé à ne pas lui faciliter la tâche.

Il masqua son mal être en se moquant avec cruauté d'un première année qui n'avait rien demandé, insistant jusqu'à le faire pleurer. Il ne se sentit pas mieux pour autant, mais au moins, il n'était plus le seul à souffrir.
James évita le regard désapprobateur de Rose, décidant qu'il n'avait pas besoin de sa cousine autour de lui. Il mangea en silence, les yeux fixés sur son assiette, retardant au maximum le moment où il devrait aller dans le bureau de son professeur et père. Ensuite... il verrait. Peut être qu'en le poussant à bout son père comprendrait qu'il ne céderait pas et le laisserait tranquille.

Prompt de demain : Passer à côté de la vie