Pluie

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James Sirius Potter marchait à grands pas rageurs dans le parc de Poudlard, sous la pluie. Peut-être pour la toute première fois de sa scolarité, il était seul, sans amis autour de lui. En serrant les mâchoires, il maudit son père et son petit frère : à eux deux, ils avaient ruiné la vie qu'il s'était construit à Poudlard.

Il avait été le roi avant leur arrivée. Le fils du célèbre Harry Potter. Et il en avait profité sans vergogne. James avait mis en avant le statut de son père pour obtenir un maximum d'avantages, que ce soit des autres élèves que des professeurs.
Il n'avait jamais été puni. Aucun point ne lui avait jamais été retiré, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise.

Sa mère lui avait appris à détester les Serpentard et tout ce qui était associé à cette maison. Elle lui avait répété encore et encore toute son enfance qu'ils étaient tous des Mangemorts en puissance, de la trempe de ceux qui avaient tué son oncle Fred, et qui avaient tenté de tuer son père encore et encore.
Alors, il s'était fait un plaisir de venger les morts de la guerre en s'en prenant à la maison honnie. Et il devait avoir raison de le faire, puisque les professeurs regardaient ailleurs.

Et puis son petit frère, son idiot de petit frère qu'il n'avait jamais vraiment apprécié, arrivait à Poudlard, sympathisait avec un Malefoy et était réparti à Serpentard.
Pire encore, ce petit cafard s'entêtait et restait parmi l'ennemi. Il restait collé au fils Malefoy, alors que tout le monde savait que les Weasley et les Malefoy étaient ennemis de longue date.

James avait donc agi. Après avoir informé sa mère - il savait son père trop lâche pour dire quoi que ce soit à son frère - il avait commencé à lui faire payer sa trahison, encore et encore.
Il avait entraîné les Gryffondor à sa suite, jurant que Albus était à demi cracmol et que le grand Harry Potter ne lèverait pas le petit doigt pour lui.

C'était faux bien sûr, James savait son père ridiculement sentimental et faible – sa mère l'avait souvent dit pour justifier le fait qu'il acceptait toutes les missions au travail au lieu de s'imposer. Mais il savait aussi que son métier d'Auror lui prenait tout son temps, et qu'il n'avait jamais été informé de ce qui se passait dans la vie de ses enfants. Sa mère y avait veillé.

Sauf que tout avait basculé. Son père était arrivé, furieux après lui. Sa colère avait refroidi bon nombre de Gryffondor qui s'étaient éloignés de lui, et il s'était moqué de leur manque de courage. Il pensait reprendre l'ascendant sur tout son petit monde, continuer de terroriser son frère en toute impunité malgré les menaces de son père, mais voilà que le Sauveur débarquait à Poudlard encore une fois et devenait professeur.
Pire encore, son propre père, le pourfendeur de mages noirs devenait ami avec un Mangemort. Un vrai Mangemort, un de ceux qui avait la marque des ténèbres sur le bras. Ils étaient toujours fourrés ensemble, comme s'ils étaient inséparables.

La vie était devenue bien plus compliquée pour James depuis : chaque fois qu'il tentait d'attaquer un Serpentard, son père arrivait et le punissait. Il perdait des points à une vitesse affolante, s'attirant les reproches de toute sa maison. Gryffondor n'avait jamais été en difficultés à ce point de mémoire d'élève.
Il avait essayé de se rebeller contre le professeur de potions, appuyé par sa mère, mais là encore, son père était intervenu et il n'avait pas eu de voix au chapitre.

Sa tante le regardait comme un insecte répugnant, son oncle Ron avec qui il parlait Quidditch ne faisait plus attention à lui. Il avait reçu une beuglante de sa grand-mère Molly, lui jurant qu'il regretterait ses actes lorsqu'il se présenterait au Terrier.
Rien n'allait plus dans sa vie...

Jusqu'à ce que l'ami Mangemort en devenir du petit cafard ne disparaisse. Il s'était réjoui, bien sûr. Quelqu'un enfin avait l'intelligence de se rendre compte qu'il fallait éradiquer les Serpentard ! Mais... Neville, le gentil ami de la famille, le gentil professeur un peu timide, un peu gauche, l'avait entendu et s'était mis en colère après lui.
Qu'il se fasse hurler dessus par le professeur Longdubas en personne avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, et il avait été mis à l'écart par ses camarades de maison.
Plus personne ne voulait être vu en présence de James Potter. Certains chuchotaient même qu'il était en passe d'être renié par son héros de père.

Il pensait que sa vie ne pourrait pas être pire encore, et il s'en était plaint à sa mère. Il s'attendait à ce que Ginny Weasley Potter reprenne le contrôle de la situation et rétablisse l'ordre. Qu'elle oblige son mari à quitter Poudlard, pour que lui, James, puisse de nouveau être le roi de l'école.
Mais au lieu de la lettre rassurante qu'il attendait, sa mère lui annonçait qu'elle et son père allaient divorcer.

Les divorces dans le monde magique étaient rares. Il y avait autant de couples malheureux en ménage que dans le monde moldu, mais les traditions anciennes avaient la vie dure. Les familles fortunées préféraient régler leurs différents à l'amiable plutôt que de passer devant le Magenmagot et risquer de voir la fortune familiale éparpillée aux quatre vents...
Apparemment, ses parents s'en moquaient. Ou plus exactement, son père s'en moquait. C'était forcément de sa faute à lui, c'était lui qui avait ruiné toutes leurs vies...

James supposa que sa mère avait voulu faire pression sur son père et que ce dernier avait sauté sur l'occasion au lieu de céder à ses exigences. Et le jeune garçon détesta encore plus son père d'infliger ce genre de chose à leur famille.
Compte tenu de sa célébrité, tout serait raconté dans la Gazette en détails, et il allait subir les quolibets des autres élèves.
Sa mère obtiendrait probablement une partie de la fortune Potter, mais ils ne seraient plus jamais aussi riches qu'actuellement. Et ça, James refusait de l'accepter. Il voulait montrer à tous ces sangs-purs Serpentard qu'il était plus riche qu'eux, et plus puissant.

Pire encore, s'il était placé sous la responsabilité de son père, il allait perdre tous ses privilèges.
En serrant les poings, James jura de se venger. De se venger de son père. De se venger d'Albus, le petit cafard pour sa trahison. De se venger sur les Malefoy pour s'être immiscés dans les affaires de la famille Potter.
Tous, ils allaient regretter de l'avoir humilié.

Famille recomposéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant