Vivre à fond

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Harry avait rapidement laissé Luna et Hermione discuter ensemble, pour rentrer dans ses appartements. Il avait besoin d'une bonne douche chaude, pour décrisper ses muscles noués. Cependant, lorsqu'il croisa James, il décida de ne plus repousser la conversation nécessaire avec son fils.
Il s'approcha du Gryffondor et fit mine de ne pas voir la crispation du garçon quand il posa une main sur son épaule.
- James ? Viens avec moi, je te prie.
Le jeune homme hocha la tête en se mordillant la lèvre, mais resta silencieux. Il avança juste aux côtés de son père, tête baissée.

En se rendant compte qu'ils se rendait dans les appartements de Harry et non pas dans son bureau, il eut l'air surpris.
- Installe-toi James.
Méfiant, le jeune homme prit place dans un fauteuil sans le quitter du regard. Lorsqu'il prit la parole, il y avait un peu d'agressivité mais surtout beaucoup d'incertitudes dans sa voix.
- Qu'est-ce-que tu veux ?

Harry soupira et tendit un verre de jus de citrouille à son fils. Il savait que James n'avait jamais vraiment apprécié le thé.
- Je rentre du Ministère. L'audience du Magenmagot était aujourd'hui et... le divorce a été prononcé.
Les yeux de James brillèrent un instant de colère mais il se reprit rapidement.
- C'est tout ?
- James... Nous devons parler tous les deux.
- Parler de quoi ? Tu as eu ce que tu voulais, non ?

Le Sauveur se frotta le visage d'un air fatigué et secoua la tête. Puis il décida de changer de sujet provisoirement.
- Je ne t'ai pas remercié d'avoir aidé à... localiser ton petit frère. Sans toi, il aurait pu être blessé.
James grogna et détourna la tête.
- C'était juste pour que ça ne me retombe pas dessus.
- Teddy m'a dit que tu avais réfléchi à la situation et que je devais te laisser une chance. Que tu n'étais pas l'abominable idiot que j'ai découvert en mettant les pieds à Poudlard.

Les joues de James se colorèrent de rouge et il baissa la tête, les poings serrés. Harry continua de parler, espérant le pousser dans ses derniers retranchements.
- Tu pensais réellement que j'allais cautionner ce genre de choses James ? T'ai-je déjà laissé penser que martyriser les autres était un comportement acceptable ?
- Maman disait que...
- Laisse ta mère en dehors de ça ! Il me semble que tu es suffisamment grand pour réfléchir par toi-même et à Poudlard ta mère n'était pas derrière ton épaule pour te souffler quoi faire ! Tes idioties venaient de toi, il me semble !
- Je pensais que tu voulais que je sois comme grand-père James !

Harry se tut, horrifié, restant bouche bée devant son fils adolescent. Le garçon avait relevé la tête et le fixait avec un regard de défi. Et à cet instant précis, il ressemblait beaucoup aux souvenirs de James Potter que Harry avait un jour vu dans la pensine de Severus Rogue. Ce mélange de défi et d'arrogance ne trompait pas.
Le Sauveur déglutit.
- James. Je n'ai pas connu mon père. J'ai entendu parler de lui pour la première fois quand je suis arrivé à Poudlard, et à chaque fois, j'ai entendu parler du père de famille héroïque. Je n'ai découvert ses sinistres plaisanteries qu'en cinquième année et j'ai été furieux qu'il soit un tel... abruti. Maintenant... Je vais te dire ce que je vois quand tu te comportes ainsi : je ne vois pas James Potter, la père que j'ai rêvé de connaître. Je vois mon cousin moldu Dudley, celui qui m'a martyrisé toute mon enfance. Celui qui trouvait amusant de me frapper ou de me faire punir. Celui qui me haïssait parce que j'étais différent de lui.

Lorsque Harry se tut, haletant après sa longue tirade, James était blême et semblait en état de choc. Pourtant, Harry ne fit pas un geste vers lui, il ne dit pas un mot pour revenir sur ses dernières paroles. James avait besoin de prendre conscience de ses actes, et il était assez grand pour différencier le bien du mal.
Finalement l'adolescent secoua la tête.
- Non. Non c'est pas pareil ! C'était des Mangemorts !
- James. C'était des enfants. Tes camarades. C'était ton propre petit frère que tu as envoyé à l'infirmerie. Tu t'es conduit comme une brute, sans réfléchir ! Tu n'as jamais connu la guerre, tu as eu la chance de vivre dans un monde magique en paix. Tu as pu vivre à fond sans te préoccuper de ta survie. Pourquoi veux-tu absolument ramener à la vie de vieilles querelles stupides ?
- Mais Oncle Fred est mort ! Et les parents de Teddy aussi !
- Ils sont morts en se battant pour que tu grandisses librement. En se battant pour ce qu'ils croyaient. Tu les insultes en te conduisant ainsi.
- Mais...

Harry leva la main, ses yeux verts jetant des éclairs de colère. James découvrit à quel point son père pouvait être impressionnant, et il se replia sur lui même, les yeux écarquillés. Le Sauveur reprit, d'une voix basse mais pleine de détermination.
- Aucun de ces gamins n'avait le moindre tort contrairement à toi James. Et crois-moi, je ne te laisserai jamais plus te conduire ainsi. Quoi que tu puisses dire, tu n'auras pas le dernier mot.
L'adolescent détourna le regard. Il se sentait vaguement honteux, surtout depuis que son père l'avait comparé à son cousin Dudley. Il avait entendu parler de la famille moldue de son père, et il détestait l'idée de leur ressembler.

Après un long moment de silence, le garçon soupira doucement.
- Et pour maman ? Pourquoi tu t'es marié si tu l'aimais pas ?
Son père se frotta les yeux avant de répondre à la question, semblant d'un coup très fatigué.
- J'ai toujours considéré la famille Weasley comme ma propre famille. Ils m'ont tous accueilli quand je suis arrivé dans le monde magique. Et... ta mère... Je savais qu'elle m'aimait. Depuis qu'elle était enfant. Je... J'aurais du mourir lorsque j'ai fait face à Voldemort mais j'ai survécu. J'étais perdu, et... Ginny était quelque chose que je connaissais. Elle... M'apportait la stabilité dont j'avais besoin et la famille dont je rêvais. Ron devenait mon frère, officiellement.
- Tu t'es servi de maman alors...
- Non. Peut-être. Je ne sais pas. J'ai tout fait pour la rendre heureuse. Mais... je ne pouvais pas accepter qu'elle fasse du mal à Albus. Ni qu'elle se serve de toi pour répandre ses idées stupides à propos des Serpentard.
- Tu as divorcé... pour nous ?
- Oui James. Uniquement pour vous.
Avant que Harry ne comprenne ce qui se passait, James s'était jeté contre lui et le serrait dans les bras, les joues baignées de larmes.


prompt de demain : pistes de réflexion

Famille recomposéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant