Le Chêne Blanc

Chapitre 5

     Hiryu rouvrit les yeux en sentant un frisson remonter le long de sa colonne. Il se redressa alors doucement sur son lit avant de jeter un regard dehors. Le soleil était haut dans le ciel et le repas de midi devait déjà être passé. Le jeune prostitué grimaça légèrement en sentant un pic de douleur dans le bas de son dos. Lorsqu'il avait laissé le chef de la milice après la longue nuit qu'il avait enduré et adoré entre ses mains, Hiryu était retrouvé dans sa chambre non sans mal. Il avait fait au mieux pour ne pas montrer son épuisement à l'homme aux yeux noirs dont il sentait encore l'odeur sur lui. Lorsqu'il avait réussi à rejoindre sa chambre au petit matin, le jeune homme n'avait pas pris le temps de se laver. Il s'était simplement allongé sur son lit pour dormir.
Hiryu s'étira en se levant, laissant derrière lui les dernières traces de sommeil. Il se dirigea alors vers une petite armoire placée à côté de son lit sur laquelle il trouve un sceau d'eau et un linge propre. Le jeune homme passa quelques minutes à se débarrasser des différentes traces de ses activités de la veille tout en réfléchissant. Asgeir s'était montré assez différent que ce dont il avait pensé. Il avait été un peu violent et exigeant mais pas plus que ce à quoi Hiryu avait l'habitude. Il l'avait même trouvé doux et attentionné à certain moment. Mais au-delà du sexe qu'ils avaient partagé, le jeune prostitué se félicitait d'avoir fait plié en partie de milicien. Ça n'avait pas été facile mais il avait fini par l'apprivoiser et lui faire dire ce qu'il voulait entendre. Il l'avait amadoué à travers sa soumission et cela avait été des plus efficaces. Le jeune homme aux yeux violets se regarda dans le miroir tout en réfléchissant à ce qu'il avait appris. Le baron avait été tué par un coup d'épée en plein cœur. Asgeir avait avoué à Hiryu qu'il ne le pensait pas coupable mais qu'il devait tout de même respecter le protocole et que tant qu'il n'avait pas de preuve, il ne pouvait pas le laisser tranquille. De plus, l'inspecteur pensait que si tout le monde s'intéressait au jeune prostitué en tant que coupable, il serait plus facile pour lui d'enquêter sans que l'on ne le remarque. Hiryu avait un peu râlé de savoir qu'il servait d'appât ou du moins de leur. Le jeune homme avait également appris que d'après les déductions d'Asgeir, le coupable devait connaitre la victime. Il avait alors fait remarquer à l'inspecteurs que pour transpercer un homme avec une épée, il fallait avoir une certaine force et savoir utiliser une épée, ce qui n'était pas son cas ou celui des autres hôtes de la maison.
Hiryu aurait bien voulu plus discuter de l'enquête mais Asgeir avait fini par mettre fin à toute discussion d'une façon qu'il avait apprécié. Le jeune prostitué se vêtit rapidement avant de sortir de sa chambre toujours plongé dans ses pensées. Il croisa plusieurs de ses camarades avec qui il discuta quelques minutes avant de les laisser pour aller manger quelques restes en cuisine. Hiryu était littéralement affamé après la nuit qu'il avait passé. Il descendit rapidement les escaliers qui menaient à la cuisine en souterrain avant de se stopper nette devant la grande porte en bois. Elle était légèrement entre ouverte et l'hôte ne reconnut pas les voix qu'il entendait. Il connaissait pourtant tout le monde dans la maison :

- ... vous êtes sur de n'avoir vu personne sortir par la porte arrière il y a deux jours ?

- Oui... j'en suis presque sûr, répondit la voix de Tara.

Hiryu l'aurait reconnu entre toute. Tara était la cuisinière officielle de la maison et son talent était connu dans toute la région. La femme d'une cinquantaine d'année n'avait cependant jamais voulu quitter le Chêne Blanc même si plusieurs nobles lui avait fait des offres plus que généreuses. Elle était la seule maîtresse dans sa cuisine. La pièce avait été arrangée et équipée par ses soins et elle avait insisté pour avoir une autre porte qui menait à dehors pour pouvoir s'occuper plus facilement des déchets. Le jeune prostitué tendit à nouveau l'oreille :

- « Presque sûr », répéta une deuxième voix d'homme qu'Hiryu ne reconnut pas. Ça ne répond pas vraiment à notre question.

- Je ne suis pas constamment dans ma cuisine, répliqua Tara d'un ton sec. Je fais également le service en salle alors je ne peux pas toujours surveiller les allés venus ici.