⊶ Afraid ⊷

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Katsuki était avachi sur le canapé de son salon et contemplait son plafond, perdu dans les méandres de ses pensées. Il était seul chez lui, encore une fois. Pour être tout à fait honnête, il était encore plus perdu ce soir. Il n'avait pas été spécialement de bonne humeur ces derniers jours, mais ce matin là, ça avait été la catastrophe. Il s'attendait à ce qu'un truc du genre lui tombe sur le coin de la figure un de ces jours, mais alors il ne s'attendait absolument pas à ce que ça arrive si vite.

Il n'avait plus la force de nier, de toute manière la preuve qu'il ne voulait pas avoir trônait au milieu de la pièce, en plein milieu de la table basse du salon. Même s'il avait voulu continuer à poursuivre des chimères, il n'aurait pas pu. Il était tout simplement épuisé, à bout, il dormait peu, mangeait peu, son corps subissait le contrecoup de ses états d'âme et ne l'en remerciait pas.

Là, c'était définitif. Il touchait le fond. Il n'avait même plus envie de remonter à la surface, se laissant couler et emporter par des profondeurs terriblement sombres. Il ne pensait à rien d'autre que son malheur, de tout manière, à quoi cela pourrait-il bien servir de penser à des choses plus positives ? Les ténèbres le rattraperaient toujours, lui rappelant qu'il était seul, triste et en détresse. Alors il se laissa submerger.

Toujours allongé sur le canapé, des idées toutes plus farfelues les unes que les autres lui traversaient l'esprit. En toute franchise, il souhaitait se laisser aller, se laisser mourir. Franchement il se trouvait pitoyable et d'un autre côté trouvait cette idée irrésistible. Il pensa sincèrement que sa vie n'avait plus aucun sens, que lui restait-il finalement ?

Il se leva et se dirigea vers la cuisine, il se munit d'un verre et d'une bouteille de scotch dégueulasse et bon marché. Vous trouvez ça cliché ? Lui aussi. Mais à cette heure-ci, il n'en avait vraiment plus rien à carrer, alors il but. Un verre, deux verres, quatre verres, il allait pour se servir le septième lorsque son estomac l'arrêta tout de suite. Evidemment qu'est-ce qu'il croyait ? Que son pauvre petit estomac tout vide allait tolérer une telle dose d'alcool ?

Il avait la tête au-dessus de la lunette des toilettes lorsqu'on sonna. Il n'irait pas ouvrir, il n'était pas vraiment en état. Son esprit était un peu embrumé mais rien d'extrême, il avait tout vomi avant que ça lui rentre dans le sang, il avait donc les idées plutôt claires, à son plus grand désespoir.

La personne se trouvant sur le seuil de la porte d'entrée commençait à s'inquiéter. Il n'attendrait pas qu'on l'invite à entrer, il irait tout seul, il entra donc. Il retrouva un Katsuki comateux affalé sur le tapis de la salle de bain. Il avait le regard vide et il était indéniable qu'il broyait du noir, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer.

Kirishima l'aida à se relever et le transporta jusqu'à sa chambre. Il l'allongea dans son lit et s'assit à côté de lui, il passa sa main dans ses cheveux, d'un geste se voulant réconfortant.

- T'as cru qu'j'étais une gonzesse à réconforter ou quoi ? balança le blond.

- Nan j'me permettrais pas Kat, dis-moi, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien, tout va bien, c'était juste un coup de mou... puis qu'est-ce que tu fous chez moi à 23h tête d'ortie ?

- T'avais oublié ton portefeuille à la maison alors je suis venu te le rapporter au cas où tu en aies besoin demain, lui répondit le rouge.

- Merci... C'est bon tu peux repartir maintenant, Pikachu doit t'attendre.

- Non. Je reste. Je vais m'installer sur ton canapé pas confortable et dormir ici, j'ai prévenu Denki, il ne m'attend plus et espère que tu iras mieux demain.

- J'vais bien putain ! cria Katsuki.

- Oui oui, c'est ça, dit Kirishima.

Le blond ne lui dirait pas, probablement qu'il ne lui dirait même jamais, mais il était content d'avoir un ami comme Kirishima. C'était le meilleur ami qu'on puisse rêver d'avoir.  Il prenait son rôle très à cœur et ce soir, même s'il lui avait dit de partir, Katsuki était heureux de savoir qu'il allait finalement rester. Peut-être qu'il dormirait sans faire de mauvais rêves cette nuit ? Dans le pire des cas, le rouge débarquerait et lui caresserait les cheveux comme on le ferait à un gamin apeuré. Nan, pour quelqu'un comme Katsuki ça revenait à assumer qu'il avait besoin de lui, et il avait sa fierté, certes, mal placée, mais il avait sa fierté. Il ne dirait rien mais il sentait qu'il avait besoin que ça sorte. Il avait besoin de parler mais il ne le ferait pas. Il n'était pas faible, du moins c'est ce qu'il se plaisait à faire croire. Il savait très bien qu'il était plus que faible mais il ne le dirait pas, encore une fois, c'était une question de fierté.

Pour la première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant