Pour la première fois

Control

Plusieurs mois s'étaient écoulés, plusieurs mois s'étaient désagréablement écoulés, environ trois, depuis que Shoto avait déclaré son amour à Katsuki, et trois mois qu'il se retrouvait dans une situation quelque peu bancale.

En effet, pendant ces trois mois, le bicolore avait remarqué que Katsuki s'était éloigné de lui. Progressivement, le blond avait érigé des nouvelles barrières entre eux deux, forçant Shoto à rester coincé derrière, impuissant. Il avait l'atroce sentiment de regarder Katsuki de loin, et au fond il savait que c'était littéralement le cas.

Cet éloignement se traduisait par le fait qu'ils ne se voyaient plus uniquement tous les deux. Ils passaient tout de même du temps ensemble, ils n'avaient pas coupé les ponts non plus. Ils se voyaient majoritairement en présence des autres, lors de soirées tranquilles chez Kirishima et Denki, ou bien lorsqu'ils allaient boire un verre dans le bar sympa du coin, encore une fois tous ensemble.  Il était arrivé une ou deux fois, par inadvertance, qu'ils se retrouvent simplement tous les deux, sans personne. Inadvertance était le deuxième prénom de Mina, le troisième étant ''coup fourré''. Dans ces moments, la tension entre eux était palpable et les rendait mal à l'aise. Ils agissaient mécaniquement et avec détachement, puis par la suite, agissaient comme si rien ne s'était passé.

Shoto n'avait pas mal pris le fait que Katsuki s'éloigne de lui, avait-il son mot à dire après tout ? Il se sentait responsable de la situation et n'allait donc pas, par principe, s'en plaindre. Ça lui faisait mal, terriblement mal, un profond sentiment de culpabilité s'emparait de lui et le consumait des lors qu'il pensait au blond, sa culpabilité le rongeait comme la rouille s'attaquait à la ferraille. Quand bien même ce sentiment le dévorait, il s'en accommodait, sans broncher. Il pensait simplement que le fait de pouvoir continuer à le voir, même de loin, valait plus que n'importe quel privilège.

Il ne s'était pas non plus offusqué du fait que le blond ne réponde pas à sa déclaration. Il se souvenait simplement qu'il avait été remercié pour le bouquet de fleur, et ça lui convenait. C'était quasiment le dernier échange sincère qu'ils avaient entretenu, les suivants étants courtois, des échanges de banalités et de politesses.

Si cette situation faisait du mal à Shoto, elle n'en faisait pas moins à Katsuki.

Katsuki avait décidé, après la nuit agitée succédant la déclaration du bicolore, qu'il fallait qu'il s'éloigne de lui. Il voulait prendre ses distances avec lui dans l'idée de lui épargner un espoir vain et des souffrances inutiles. Il savait, lui, ce que c'était que de courir après quelqu'un en vain, ce que c'était que d'espérer. S'il évitait ces souffrances à Shoto, il se les infligeait inconsciemment.

Puis, quelques semaines après cette prise de décision et cette distanciation, il avait pris conscience du pourquoi. Pourquoi avait-il mal ? Bah ! Ça s'était confirmé. Il était bien devenu complètement dépendant de Shoto. Ça le rendait paradoxalement malade. Ça le rendait faible de savoir qu'il dépendait de lui comme ça le rendait faible de ne pas l'avoir auprès de lui. Il ne voulait plus que ça se produise et ça s'était produit. Il se lamentait sur son propre sort, pour avoir été si négligent, pour avoir de nouveau accorder son entière confiance à quelqu'un. C'était trop de problème, de souffrances inutiles, de prises de tête, en atteste sa relation foireuse avec Deku.

Après ces trois mois, il avait pris connaissance d'un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis un bon moment. Il se sentait seul, terriblement seul. Il se sentait seul mais ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait Shoto derrière lui. Il sentait constamment la présence de son ami, elle ne voulait pas le lâcher, il pouvait toujours percevoir cette espèce de sentiment de réconfort qu'il lui portait auparavant. Ça lui semblait insensé, mais le bicolore subsistait dans un coin de son esprit. Et ça l'emmerdait, un peu.