pâquerette
Lily remontait les escaliers des cachots. Les semelles de ses chaussures de cuir formaient un clopclop agréable. Le château était vide. Presque. C'était un dimanche. Les élèves étaient dehors, dans le parc, à se dorer au soleil et rires aux éclats.
Les rayons inondaient le lac, transformaient la surface en miroir et rebondissaient sur les petites montres, les bijoux, les lunettes et les soupirs joyeux.
Elle, venait de rendre un devoir de potions à Slughorn. Malgré sa profonde aversion pour son admiration de la gloire, du pouvoir, elle le trouvait adorable. Il était un bon professeur. Il enseignait bien. Il n'avait rien à redire sur sa condition de Née-Moldue. Il prenait son talent, la posait sur une étagère, soigneusement. Est-ce que s'en était moins triste ? Elle ne savait pas vraiment.
Lily remontait dans son dortoir pour poser ses livres.
Marlène, Dorcas, Alice l'attendaient dehors sur une grande nappe à carreaux. Les jambes étendues, les chapeaux rabattus. Il y aurait des jus de framboises dans des bocaux en verre. Des pailles multicolores. Pandora viendrait sûrement leur dire bonjour, sourire, souffler dans leur visage une haleine mentholée, modifiée, à la langue nappée de poisons sans dangers.
Lily avait hâte de s'asseoir, de discuter. Elle voulait écouter Marlène écrire des poèmes et Dorcas faire des ricochets pour embêter le calamar. Peut-être qu'ils feraient un chat perché tous ensemble, essaieraient de grimper aux branches comme tout le monde tentait d'oublier leur destin après l'école.
Grimper au Saule Cogneur. Éviter les coups, les bleus et les floraisons sur la peau. Les toiles d'araignée, sur un oeil fermé l'autre ouvert. Frank montera le plus haut, sans égratignures. Il aiderait Alice parce qu'il ne la laisserait jamais en arrière. Lily compterait. Les yeux clos. Potter en profiterait pour lui caresser les épaules et lui murmurer des cochonneries à demi voilées à l'oreille. Elle le repousserait. Elle tenterait de le repousser. Mais il aura déjà disparu.
Comme en vrai. Pas besoin d'un jeu. Pas besoin de fumée et de couleurs. Dans la réalité, hors de Poudlard, il faudrait éviter aussi les coups, les fleurs qui embrasent les os. Les insultes. Les ruses. Les peines. Les éviter comme dans une course de sauts d'obstacles. Ne jamais rater sa cible. Qui pouvait se relever après un éclair de lumière verte ?
Certains tricheraient. Il y avait toujours de la tricherie. Elle prenait une apparence d'encre noire, épaisse. Elle tachait l'avant-bras sans jamais un espoir de retour. Parfois la nuit elle prendrait une petite voix mesquine et criarde qui crirait : "Trop tard. C'est servir ou mourir."
Elle frissonna. Elle poussa le tableau. Mais elle ne sortit pas du passage. Elle s'arrêta. Des voix montaient. Se disputaient. Elle n'avait pas envie d'espionner, mais elle n'avait pas envie de rendre mal à l'aise ces timbres qu'elle connaissait. Black et Marlène. Elle resta paralysée.
- T'es vraiment une plaie, Black, laisse-moi tranquille !
- Mais je t'ai juste demandé où était Meadowes. Pourquoi tu t'énerves ?
- Elle est en bas, dans le parc. Je vais la rejoindre.
- Ça ne répond pas à ma question.
Un son de soufflet. Lily plaqua sa main sur sa bouche. Elle avait mal au coeur, parce qu'elle savait ce que ressentait son amie. Quelque chose d'amer, comme un thé sans sucre qui déposait sa douce chaleur, vapeur, contre son corps. Cette vapeur avait un nom. Sirius Black.
- Hé ! C'était pour quoi, ça ?
- Meadowes, Meadowes, Meadowes ! Tu n'as que ce mot-là à la bouche !
- Mais c'est quoi ton problème, McKinnon ?
- C'est toi, mon problème ! s'appliqua-t-elle de dire, ses sentiments comme la peinture qui s'écaillait. Lâche-moi le bras ! Des chairs qui s'arrachent sèchement. Et tu sais quoi ? Tu n'auras jamais Dorcas, parce que tu es un pathétique petit insecte, Black. D'accord ? Elle crush sur Alastor, un véritable Auror de quinze ans ton ainé qui par son talent tu ne pourras jamais égalé ! Maintenant, bouge !
Lily se précipita vers la sortie au moment même où Marlène la percuta, ses yeux pleins de pluie. Elle s'arrêta un moment puis s'essuya.
- Marlène..!
- On t'attend en bas, fit-elle sèchement avant de disparaître dans un couloir.
Lily avait envie de réparer les coeurs brisés mais c'était si.. compliqué. Si compliqué.
Elle entra dans la salle commune et vit Black, assis contre le dossier d'un canapé, mains dans les poches. La tête baissée. Il posa un regard gris sur elle entre ses mèches sombres ondulées.
- Hey.
- Hey, répondit-elle.
Elle eut une hésitation, mais se ravisa. Cette dispute ne la regardait pas. Et pourtant.. ce fut Black qui en premier lui parla.
- Tu as entendu, n'est-ce pas ?
- Toujours l'ouïe aussi fine..
- Toujours.
Elle hésita puis laissa parler le courage et la bonté.
- Écoute, elle ne le pensait pas.
Il eut un sourire insolent.
- Bien sûr que si, elle le pensait. Elle a utilisé la vérité parce que c'est une arme redoutable. Elle te perce et te transperce. Tu finis comme une passoire en croyant que tu peux encore marcher, ricana-t-il, mais c'est pas grave.
Il tapa le canapé de colère.
- Je ferai avec.
Lily sourit, tendrement. Elle posa une main sur son épaule. Le gris se mélangea au vert, comme pendant les jours d'orage.
- Juste, ouvre-les yeux, Black. Demande à Dorcas, ça sera plus simple. Les illusions ce n'est pas bon pour le moral. Ça va aller.
Puis elle monta les marches du dortoir. Elle posa ses livres sur son lit. Et elle pencha la tête : elle remarqua une pâquerette.
Elle sourit. Potter, encore toi.
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𝕾OLEIL DU SOIR ━゙LILY EVANS, MARAUDERS ERA
Fanfiction"𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐌𝐎𝐍 𝐑𝐄𝐕𝐄 𝐃𝐄𝐒𝐒𝐈𝐍𝐄 𝐋𝐀 𝐕𝐈𝐄 𝐒𝐀𝐍𝐒 𝐉𝐎𝐔𝐑 ?" - L.E Lily, ma belle Lily. LILY EVANS, f., name : 𝘵𝘢𝘭𝘦𝘯𝘵𝘦𝘥, 𝘣𝘳𝘪𝘭𝘭𝘪𝘢𝘯𝘵, 𝘪𝘯𝘤𝘳𝘦𝘥𝘪𝘣𝘭𝘦, 𝘢𝘮𝘢𝘻𝘪𝘯𝘨, 𝘴𝘩𝘰𝘸 𝘴𝘵𝘰𝘱𝘱𝘪𝘯𝘨, 𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘢𝘤...