novembre 1 9 7 7 - rose noire

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rose noire

Cours de Potions commun avec les Serpentard, terminé. Lily sentait toujours que ses nerfs aussi tendus. Comme les scolopendres aux trentaines de pattes pointues, tranchantes comme des rasoirs, comme la lame qui allait les sectionner et cette main invisible qui allait les jeter dans un chaudron.

Lily aimait les Potions. Mais elle aimait moins les regards transparents et moqueurs des Mangemorts ou, ceux en devenir. L'oeil sombre de Severus qui l'observait quand elle ne le regardait pas. Entre les ombres et la fumée sombre.

Puis ce n'était pas tout, ce mélange aux habituels sons, l'ébullition, le craquement du feu, les matières séchées à ajouter étaient saturés par les rires des serpents, petits adolescents d'un monde de ténèbres qu'ils trouvaient amusant, fermant les yeux sur l'horreur de la guerre, de cette situation.

Lily soupira, elle serra son manuel contre elle, puis sourit. Rien de dangereux n'était arrivé. Mais tout dérapa bien vite dans le couloir des cachots. Dorcas et elle, discutait encore.

- Pourquoi Dumbledore ne défait-il pas Voldemort (elle baissa la voix pour éviter la peur) comme il a défait Grindelwald, hein ? s'inquiétait-elle outrée avec sa peau caramel.

- Peut-être qu'il essaye de trouver le bon côté du garçon qu'il a connu ? tente la belle auburn. Tu sais qu'il était son professeur de Métamorphoses.

- Et alors ? Les gens changent. Ou alors, ils se révèlent. Il est très clair que ce n'est pas une bonne personne. C'est un assassin de masse. Combien de née-Moldus comme nous on vu leur famille se faire décimée, Lily ?

Il était vrai qu'elle s'inquiétait, elle se faisait un sang d'encre pour être exact, pour les Evans, sa famille mais que faire..? Elle devait bien réussir ses ASPICs, sortir du monde des enfants. Elle ne pouvait pas rester enfermée dans sa coquille, victime du syndrome de Peter Pan.

Dorcas reprit.

- Il devrait arrêter de jouer au marabou dans sa tour et résoudre le problème. Ça fait trop longtemps que ça dure !

- Je suis sûre que ce n'est pas le sentiment qu'il veut donner. Il a sans doute besoin d'aide. Elle chuchota. Voldemort n'est pas juste Voldemort désormais. Il a une armée, il a ses Mangemorts, il contrôle les personnes importantes au Ministère. On dit qu'il est Legilimens, tu sais ? On dit..

Elles s'arrêtèrent.

C'est là qu'elles entendirent des bruits de lutte. Et elles n'étaient pas encore remonté du cachot. Lily vit un attroupement. Black, Pettigrow, Lupin d'un côté. Carrow et Mulciber de l'autre.

Potter et Shafiq étaient en train de se battre. Enfin, le Gryffondor avait plaqué le Serpentard contre le mur de pierres noires. Le coeur de Lily grimaça. Oh non, il ne va pas recommencer ses idioties, pensa-t-elle.

- Dit lui, Apollon ! cria Carrow dans un rire chafouin.

Shafiq sourit et repoussa Potter d'un coup d'épaule.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, Potter ? Si la vérité ne te plait pas, c'est pas mon problème.

- La vérité ? lança l'attrapeur aux cheveux en bataille et aux lunettes rondes. Je crois que tu déformes la réalité, Shafiq.

Le préfet en chef des Serpentard sourit comme un prédateur et ses iris tombèrent droit sur elle. Lily. Au milieu de la foule. Elle se figea. Shafiq répéta sans doute les paroles qu'il avait dit à Potter en la regardant bien en face.

- Potter ne fait même pas parti des Vingt-huit familles sacrées de sang-purs. Tu ne crois pas que ton nom va te sauver ? Avec ton ancêtre qui avait des idées abjectes pour protéger les Moldus ! Ça ne fonctionnera pas ici, ton petit nom pathétique. - Il prit une inspiration en souriant plus largement - Même si tu veux donner ton nom sous un voile blanc à cette Sang-de-Bourbe, pour la sauver, elle ne changera pas ce qu'elle est, n'est-ce pas, Evans ? Lorsqu'elle sortira de Poudlard, personne ne pourra la sauver, pas même toi, Potter.

Carrow et Mulciber éclatèrent de rire. Le coup de poing de l'Attrapeur parti à toute volé. Shafiq s'écrasa contre la parois et son nez explosa dans une gerbe de sang. Black hurla de joie en encourageant son meilleur ami.

- Tu m'as dassé le nez, donnard ! cracha-t-il le pourpre coulant au sol.

Et répliqua par un Maléfice Cuisant que Potter se prit en plein visage comme un coup de poing. Ses traits se déformèrent, se tirèrent, gonflèrent et son oeil droit derrière ses lunettes rondes disparu presque sous sa chair.

Potter repartit à l'assaut et voilà qu'ils se tapaient dessus comme de vulgaires joueurs de boxe moldus un jour de  marché noir. Lily sortit de sa torpeur après sa claque émotionnelle alors que les deux camps tapaient des mains en rythme en hurlant : "du sang ! du sang!"

- Il est temps d'intervenir, lui murmura Dorcas les bras croisés.

Elle se ressaisit.

- Non, arrêtez ! s'écria-t-elle en levant sa baguette, dégoûtée par cette violence et cet aspect primitif en tout homme.

Dans un sortilège informulé, deux plantes, deux lianes trouèrent le sol dans un enchantement et saisir les deux garçons pour les séparer. Ils étaient dans un état lamentable. Lily avait les larmes aux yeux, de dépit et d'horreur. Un silence s'abattit sur la foule d'étudiants en émoi et la regardèrent.

- Pourquoi vous faites toujours.. ça ? s'écria-t-elle la gorge serrée, la main crispée sur sa baguette. Pourquoi vous chercher toujours à vous blesser, à entretenir la vieille rancoeur, alors que la vraie guerre, dehors, déforme le monde et piétine des coeurs ? Pourquoi ?

Le silence de réflexion, de peur, de rappel fut profond. Tout comme le chagrin qui lui enserrait les côtes.

Au même moment, le professeur Slughorn débarqua à petits pas, les sourcils froncés avec sa moustache de morse.

- Allons ! Allons ! Que se passe-t-il ici ? Ah, je vois. Miss Evans, merci beaucoup pour avoir arrêté ces deux sots. Encore. Personne d'autres que vous n'a pensé à le faire. Dix points en moins, Shafiq, Potter. Cinq en plus pour Miss Evans. Allez, à l'infirmerie tout les deux. Je vous accompagne.

Alors qu'il allait partir, Potter se retourna discrètement vers elle et sortit une rose noire, à peine en train d'éclore, presque scintillante de sa poche et la glissa derrière l'oreille de Lily.

- J'allais te la donner, Evans, pour te souhaiter bonne journée, mais maintenant je te la donne pour avoir tenté de sauver ta dignité.

Et les yeux soudains ouverts, Lily rougit pour la première fois aux paroles de Potter.

𝕾OLEIL DU SOIR ━゙LILY EVANS, MARAUDERS ERAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant