Chapitre 11 - Pourquoi lui ?

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Je suis à présent seul, dans cet immense parc déserté. Je sens ma respiration se couper, et mes poumons semblent de plus en plus difficiles à remplir. Je ne sais pas quoi faire. J'ai tout gâché. Le pire c'est que je ne sais même pas pourquoi. Pourquoi, Eliot ?

Je n'ai pas envie de le laisser partir, mais je ne peux pas le rattraper. C'est trop tard. Je disais ne pas me faire d'espoirs, mais je me voilais la face. J'avais des espoirs, beaucoup trop, d'ailleurs. Tout se passait bien, mais j'ai dû dire quelque chose qui ne lui a pas plu, et maintenant il est parti.

Je retourne sur mes pas, vers ma maison, mais je n'ai pas la force d'aller dans les champs. Je veux juste rentrer, et me retrouver seul, à pleurer dans ma chambre. Je ne suis qu'un con.

Léo : Alors... Comment se passe ce fameux rendez-vous ?

Lou : On veut tous les détails ! Tu n'as pas la bouche trop sèche ? mdr !

Laissez-moi tranquille. Laissez-moi respirer. Laissez-moi tout court. Je veux juste aller dans ma chambre. Je passe la porte d'entrée avec une tête d'enterrement et je salue mes parents, qui regardent la télévision et ne daignent même pas me dire bonjour.

- Je suis votre fils putain !

Je ne sais pas ce qu'il me prend. Je sais juste que je suis en colère.

- Eden ? C'est toi qui parles comme ça ? s'énerve mon père.

- Laisse-le, il doit être en train de faire sa crise d'ado. répond ma mère.

C'est bien, je les fais rire, au moins, même si ce ne sera jamais autant qu'Aaron. J'ai envie de casser quelque chose, de détruire un objet, n'importe quoi. J'ai envie que quelque chose souffre comme je souffre. J'ai envie que quelqu'un comprenne vraiment ce que je ressens. J'ai envie d'envoyer un message à Eliot, de m'excuser mais je ne sais pas ce que j'ai fait.

J'ai envie de partir loin de chez moi, loin de tout. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et m'allonge sur mon lit, en croisant les bras. Je ne peux pas l'aider. Je ne pourrai jamais.

Je me lève quelques secondes, et me regarde dans le miroir. Je suis laid. C'est peut-être pour ça qu'il m'a rejeté. Je suis un putain de mec dégueulasse. Je me dégoûte. J'aimerais ressembler à ces mecs qu'on voit dans les films, avec une tonne d'abdos et des muscles qui plaisent à tout le monde. On ne dit pas de ces gens là qu'ils sont mignons ou dans la moyenne. On dit qu'ils sont beaux, et j'aimerais être beau.

Mais je suis un garçon banal, assez petit, sans muscle, sans charme, sans rien. Eliot n'est pas le seul à ne pas pouvoir t'aimer, personne ne peut t'aimer. Personne ne pourra jamais.


Je passe le restant de mon week-end dans ma chambre, à ne rien faire. Je n'ai pas envie de réviser, je n'ai pas envie de répondre aux messages, et je descends pour manger, rien de plus. Aaron avait l'air heureux de me retrouver, j'ai même gâché ça. Je vois toujours le positif dans chacune des situations, d'habitude, mais je n'y arrive pas, pas là.

Il est dimanche soir et je n'ai toujours rien à faire, alors je mets mes écouteurs et je sors de chez moi, à vingt heures trente. Le Soleil se couche, il fait presque déjà nuit, mais j'ai cette musique électro qui me pousse vers les champs. Personne n'est dehors, je suis seul. Je peux courir, danser, et enfin sourire. L'important est d'apprécier sa compagnie, c'est ce que j'apprends à faire, d'autant plus que je finirais probablement seul.

Le moment du refrain arrive, mon préféré. Il est l'heure, Eden, l'heure d'être toi-même. Mes parents disent que je suis en crise d'ado, j'aimerais leur montrer ce que c'est, réellement. Eliot m'a rejeté, mais c'est peut-être un mal pour un bien, après tout il faut que j'apprenne à m'aimer avant d'aimer quelqu'un.

Eliot without a tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant