Je me réveille ce matin avec une boule au ventre. La soirée ne s'est pas particulièrement bien terminée hier, et l'avis de mes parents me dégoûte de plus en plus. J'ai envie d'être en couple, avec un garçon, de le présenter à ma famille, de pouvoir manger tous ensemble, et que tout se passe bien. Mais je prends conscience que tout ça est impossible, et que ça ne se déroulera jamais. J'aimerais leur dire, tout leur avouer, leur jeter au visage toute la souffrance qu'ils m'ont fait endurer. Mais je ne peux pas.
Je descends les escaliers et rentre dans la cuisine, occupée par ma mère, qui me regarde de haut en bas. Je lui montre clairement que je ne vais bien et que quelque chose me tracasse, mais elle daigne uniquement me dire bonjour, avant de manger silencieusement à mes côtés.
- Tu as bien dormi ?
- Ton père a un peu ronflé, donc pas trop. me répond-t-elle.
Merci de demander maman, je n'ai pas très bien dormi non plus. Qu'est-ce que j'espérais, de tout façon. Le repas se termine froidement, dans un blanc total qui instaure un climat de gêne dans toute la pièce. Je suis pressé de retrouver mes amis, parce que ma famille devient de plus en plus insupportable. Je sais que je me trouve à une époque où les relations enfants/parents deviennent compliquées, mais j'ai l'impression que c'est tout de même plus profond que ça. Mes parents ne me montrent aucun signe d'affection, et me font comprendre que je dois devenir l'individu qu'ils souhaitent, sous peine de rester un enfant raté à tout jamais.
Je marche lentement dans les rues, je profite d'être parti légèrement en avance. J'écoute une musique à la fois triste et entraînante, et je finis par monter dans le bus, vêtu de ma veste en jean préférée, et d'un simple tee-shirt blanc, accompagné d'un pantalon noir qui met mes jambes parfaitement en valeur. J'aime apprécier ma tenue du jour, au moins quelque chose que j'aime chez moi. Mon téléphone vibre une fois dans ma poche.
Maman : Ce serait peut-être bien de sourire un peu plus le matin, et en général. Tu ne penses pas que ça aiderait tout le monde ? Être un peu plus sympa et participatif ne tue pas...
Comment gâcher une journée, la démonstration juste sous vos yeux. Des insultes en tout genre fuient dans ma tête, j'espère que personne dans ce bus ne sait lire dans les pensées. Je ne sais même plus quoi dire. Voilà ce qui arrive quand je lui démontre que je ne vais pas bien ? Un message agressif qui me demande de sourire plus ? Mais comme tu es compréhensive maman, j'adore me forcer à sourire quand j'ai juste envie de pleurer. J'avais oublié à quel point l'hypocrisie avait pris une place aussi forte dans cette famille.
Je descends du bus en affichant la même tête que lorsque je viens de me réveiller. Lou me voit au loin, et se rapproche de moi en me faisant un câlin.
- Pourquoi un bonjour aussi démonstratif ?
- Tu avais l'air d'en avoir besoin, Lou à votre service ! rit-elle.
- Comment tu fais pour être aussi énergique et joyeuse tous les jours ?
- La drogue, sûrement. déclare Léo, qui arrive derrière.
- Tu veux nous raconter ce qui s'est passé ou tu préfères qu'on fasse comme si de rien n'était ? demande-t-elle.
- C'est à cause de mes parents, rien de grave.
- Alors vu ta tête et le ton que tu viens d'employer, ça a quand même l'air de pas mal te toucher. Raconte-nous tout, on t'écoute ! s'écrie Léo.
Clément : J'ai trouvé un petit lieu sympa pour notre repas ! Hâte d'y être :)
J'avais oublié ce détail. Je déteste cette journée.
- Mes parents ont encore balancé des propos homophobes, et ma mère m'a envoyé un gentil message ce matin me demandant d'être plus sympa et participatif, parce que je lui ai montré que je n'étais pas bien ce matin.
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Eliot without a t
RomantizmCher Eden, J'aimerais que tu te souviennes toute ta vie de cette année de seconde, de ces moments que tu as passés alors que tu avais peur de l'avenir. Je veux que tu te souviennes que tu t'es questionné, que tu doutes, et que ça arrivera encore. Je...