Chapitre 15 - Changé

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Je sors de l'appartement de Clément avec milles idées en tête, mais encore faudrait-il avoir le courage pour les réaliser. Je suis perturbé par tout ce qui vient de se dérouler. Je ne suis plus vierge, moi, le petit garçon coincé, complexé par chacune des parties de son corps. Moi, Eden, je peux plaire. Je peux recevoir une fellation d'un homme qui veut de moi. Je suis invincible, aujourd'hui ; dans la limite du raisonnable.

J'ai peur pour Eliot. Son dernier poste paraissait si sombre. Sa voix, durant les derniers mots qu'il m'a prononcés, n'était pas la même que d'habitude. Mais il a fait du mal à mes amis.

Eden : Tu ferais quoi si tu étais amoureux d'une personne avec qui tu ne pouvais pas sortir ?

Léo : Quelque chose me dit que tu as des choses à me raconter toi... Pourquoi tu ne peux pas sortir avec cette personne ?

Eden : Parce qu'elle ne me parle plus, et qu'elle a fait du mal à mes amis.

Léo : Je vois, donc c'est d'Eliot qu'on parle... Eden, ce mec t'a laissé comme un con, et avec Lou... On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, mais il te fait plus souffrir qu'autre chose.

Eden : Tu as raison, c'était bête. C'est juste que chaque fois que j'essaye d'avancer, il est là. Il est dans ma tête, et je n'arrive pas à me changer les idées.

Léo : Quelque chose me dit que tu as besoin d'un après-midi avec tes potes préférées. Parc, dans une heure, je préviens Lou.

Je me rends au lieu de rendez-vous, en avance par rapport aux autres. Je regarde l'eau ruisseler pendant des minutes qui me semblent à la fois si courtes et si intenses. Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, ma playlist préférée me berce pendant que je pense à tout ce que j'aurais pu faire avec Eliot. C'est la première fois que je pense à quelqu'un comme ça.

Léo et Lou arrivent quelques minutes plus tard, à l'heure. Ils s'assoient à mes côtés, allument l'enceinte, et me demandent des nouvelles pour cet après-midi. Je ne suis pas très à l'aise de parler de ma sexualité, ça ne m'était jamais arrivé auparavant, mis à part pour raconter à mon meilleur ami de l'époque que je m'étais masturbé deux fois dans le week-end.

- Il m'a sucé, et c'était cool. Mais je lui ai dit que je ne pouvais pas continuer, parce que je n'ai pas envie de le faire souffrir et qu'il s'attache à moi.

- C'était super mature de ta part. me répond Lou. Notre petit Eden grandit !

- Tu t'es senti bien ? demande Léo.

- Très bien, même. Je ne le connais pas énormément, donc je pense que ça m'a permis d'être plus à l'aise avec mon corps.

- Oui, et puis au moins c'était un mec du lycée qui n'habite pas loin, on savait où tu étais, donc on ne s'est pas trop inquiété, et je pense que ça t'a permis d'avoir moins peur, aussi. affirme Lou.

- Mais quand je lui ai expliqué que je ne voulais pas recommencer, il m'a demandé s'il y avait quelqu'un d'autre. Et c'est là que j'ai eu un déclic. Je n'ai pas envie de vous décevoir. Mais je n'arrive pas à l'oublier.

- C'est le premier garçon qui t'a montré de l'intérêt, à une époque où tu découvrais que tu étais gay, c'est normal qu'il t'ait marqué. Mais toute histoire se termine, et tu finiras par passer à autre chose.

Je n'ai pas envie de l'oublier. Je suis con pour penser que quelque chose est possible entre nous, mais ce n'est pas grave. Je préfère être con que de passer à autre chose.

- Il faudrait que vous ayez une discussion, parce qu'il est parti bizarrement la dernière fois. Peut-être qu'il pourrait t'expliquer ? déclare Léo.

- Je ne veux pas faire de mal à Lou.

Eliot without a tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant