Chapitre 19 - Cet endroit

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« Il faut juste qu'on espère qu'il ne le soit pas ». Ces mots résonnent dans ma tête, répétés en boucle jusqu'à m'en donner mal. Pourquoi faut-il que rien n'aille jamais parfaitement bien ? J'aimerais me dire que ce n'est qu'une épreuve à passer, mais je sais que ce n'est pas le cas. Je sais que c'est ma vie, ce sont mes parents, et ils ne cesseront jamais de penser de la sorte.

Je me couche dans mes draps propres en cachant mes pieds sous la couverture, une habitude qui n'est pas prête de changer. Je regarde mon plafond d'un air nostalgique, mais tout peut encore aller mieux.


Je me suis étonnement endormi assez rapidement hier, et ce sommeil réparateur m'a fait terriblement du bien. Je me sens prêt à affronter cette journée avec le sourire et positivité. Je tends ma main vers ma table de nuit pour répondre aux notifications matinales sur mon téléphone, habitude que j'ai également prise il y a déjà quelques temps.

Eliot : Salut. Désolé je vais devoir annuler, aujourd'hui. Je ne me sens pas très bien.

Non, pas toi Eliot, s'il-te-plaît. Aaron est parti, Eliot ne peut plus me voir, et je vais devoir passer la journée avec mes parents, que j'ai entendu hier dire des choses qui ne m'ont pas plu du tout.

Eden : Je comprends, mais je suis là pour que tu te sentes mieux aussi, ne l'oublie pas. J'espère que ça s'arrangera, appelle-moi, si tu veux.

Je sors de mon lit en caleçon sans mettre de musique, cette fois-ci. J'enfile un jean noir et un pull gris, l'un de mes préférés. Je descends les escaliers et mange un petit-déjeuner léger avant de me laver les dents et de partir. Je ne suis pas obligé d'être accompagné, si je veux sortir.

Léo : Dispo aujourd'hui ? On n'a pas fini notre discussion l'autre fois...

Eden : Je t'attends au parc, j'y suis déjà !

Il me reste seulement quelques pas à faire avant d'y arriver, et je dois admettre que je suis plutôt heureux d'être finalement accompagné. J'attends là quelques minutes, environ une demi-heure, avant de voir Léo arriver derrière moi.

- Tu as fait vite ! Tu vas bien ?

- Je ne voulais pas te faire attendre, non plus. Et je vais bien, mais je suis un peu perdu, je t'avoue. me confesse-t-il.

- Au niveau de ta sexualité ? Ou ça n'a rien à voir.

- C'est à peu près ça. répond-t-il. Je n'ai jamais voulu mettre d'étiquette sur qui j'aime, tu comprends ? Mais là je ressens le besoin de mettre une étiquette sur quelque chose d'autre. Sur qui je suis.

- Qui tu es ? C'est-à-dire ?

- Depuis que je suis petit je me sens... différent. Tu vois ? demande-t-il. Et ces derniers temps encore plus. J'ai toujours été un peu à l'écart, et on me disait souvent que j'étais bipolaire, ou quelques trucs dans le genre.

- Et tu penses être bipolaire, c'est ça ?

- Non, je sais que je ne le suis pas. C'est juste que je peux adopter des comportements différents, des fois. Enfin, je ne sais pas comment expliquer ça, mais... Il m'arrive de ne pas me sentir à ma place, dans mon corps.

- Et je suppose que c'est plus qu'un problème de confiance en soi.

- Il y a des jours où j'aime qui je suis, j'aime mon corps, je me sens bien dedans. Mais il y a des jours où j'aimerais en avoir un autre, être une personne différente. avoue-t-il. Je sais que je suis bizarre mais...

Eliot without a tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant