Je me réveille ce matin avec un sentiment de liberté. Je regarde par la fenêtre les quelques oiseaux posés sur le cerisier de mon jardin. Le soleil m'éblouit, et les rayons pénètrent dans ma chambre, éclairant mon parquet aussi sombre que du bois dur. Je souris à la vue de mon voisin qui prend son courrier, comme à son habitude, à dix-heures précise.
J'ouvre les rideaux de ma penderie, et attrape de quoi me vêtir pour mon dernier jour de vacances. J'enfile un simple jean bleu clair, assorti à mon tee-shirt blanc soigneusement repassé. Je profite de ce moment de liberté pour lancer ma musique préférée, et me mettre à danser en faisant craquer les lattes du sol de ma chambre. Je ne me suis jamais senti aussi bien.
La voix de ma mère résonne dans ma tête. J'ai du mal à me sortir de ce moment pour l'entendre, mais elle finit par rentrer dans ma chambre.
- Eden ! Je t'appelle depuis tout à l'heure, viens manger ton petit-déjeuner, tu dois reprendre un rythme pour demain.
J'acquiesce, et coupe ma musique pour descendre dans ma cuisine. Mon père est confortablement allongé dans le canapé, tandis que ma mère se rend dans le jardin pour s'occuper de ses fleurs préférées. Mon frère est parti depuis déjà deux heures, mais mes parents continuent de parler de lui.
- Tu te réveilles tard pour une veille de rentrée. Aaron était déjà debout à sept heures au moins, tu devrais suivre son exemple. affirme mon père.
Je lui souris poliment avant de mettre mon lait à chauffer et d'enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles. La musique me calme, et me coupe du monde dans lequel nous vivons. Je préfère entendre les sons plutôt que de devoir subir les cris et les mécontentements dû à l'impatience des autres. Je vois le monde tourner à mon rythme, mais cette année, tout va s'accélérer, je le sens.
Ma première peur est de ne pas me faire d'ami. Je n'ai jamais été très sociable, ni le genre de personne que l'on vient voir naturellement. Je ne dois pas posséder un magnétisme qui mène les gens vers moi, ou les pousse à me connaître. J'ai toujours aimé la solitude, mais je crains de ne pas avoir appris à vivre avec les autres. Je ne sais jamais quoi répondre quand quelqu'un vient me parler.
La luminosité extérieure me fait de l'œil. Je demande à mes parents si je peux sortir, et bien évidemment, ils m'y autorisent. Je n'ai jamais eu de complication à ce niveau-là. Je vis, et eux s'occupent de mon frère.
Je mets ma seule paire de chaussures et referme la porte derrière moi, en prenant soin de ne pas la claquer, pour ne pas énerver mon père. Je parcours mon allée, et me retrouve dans la vraie vie. Des opportunités s'offrent à moi, et je ne dois pas les rater. Demain sera peut-être le jour le plus important de mon existence, alors un faux pas est impardonnable.
Mais pour l'instant, je suis occupé à courir dans les champs qui se situent à deux rues de chez moi. Mes parents m'interdisent d'aller ici, parce qu'ils ont peur que je croise un serpent. Mais c'est mon endroit préféré de la ville. Les champs sont vastes, étendus et donnent quelque chose qu'aucun endroit ne m'a jamais donné.
Je ne suis pourtant pas quelqu'un qui brise les règles. En fait, je suis plutôt celui qui les respecte à la lettre. Mais si le seul interdit que je m'autorise constitue à me rendre dans les champs, alors je pense rester une bonne personne.
Je vaque à mes occupations, comme à mon habitude, sans me rendre compte de l'heure. Il est tard, et je ne suis toujours pas rentré, mais mes parents me le pardonneront. Je passe la porte de ma maison à exactement dix-neuf heures dix, l'heure pour nous de nous mettre à table.
VOUS LISEZ
Eliot without a t
RomansaCher Eden, J'aimerais que tu te souviennes toute ta vie de cette année de seconde, de ces moments que tu as passés alors que tu avais peur de l'avenir. Je veux que tu te souviennes que tu t'es questionné, que tu doutes, et que ça arrivera encore. Je...