Cent secrets

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Le lendemain, Arthur fut réveillé par des coups frappés à la porte de ses appartements. Beaucoup trop tôt, pensa son esprit endormi et bienheureux, prêt à replonger dans les bras de Morphée d'une seconde à l'autre. Il grogna dans l'oreiller, se tourna sur le côté.

« Meerlin. »

On toqua à nouveau, plus franchement cette fois-ci.

« Meeerlin ! »

Bon sang mais qu'est-ce qu'il fichait, ce matin ? C'était son travail d'être là avant que le roi ne se réveille et de s'occuper pour lui des insupportables visiteurs qui venaient le déranger aux aurores !

Les doux embruns du sommeil le quittaient progressivement. Il grommela une nouvelle fois. Hors de question d'abandonner si vite l'idée de se rendormir. Il enfonça son visage dans un coussin mais son esprit refusa de le laisser sombrer à nouveau. Quelque chose... Quelque chose n'allait pas.

On toqua une troisième fois. Il inspira profondément, emplit ses poumons de l'air glacé de ses quartiers, prêt à aboyer pour faire venir son serviteur incompétent.

« MERL... »

Son cri se fana. Merlin. Merlin ne viendrait pas. Merlin ne viendrait plus.

Arthur dégringola hors de son lit. La réalité le frappa à nouveau, violente, intraitable, lui donna l'impression de prendre un coup de masse dans l'estomac et il plaqua par réflexe une main sur son ventre. Camelot, assiégée. Camelot, affaiblie, presque tombée. Camelot défendue par ses alliés. Et Merlin. Merlin, sorcier. Merlin, assassin. Merlin... Merlin fugitif.

C'était réel. Ce n'était pas un cauchemar.

Merlin l'avait trahi. Merlin s'était enfui.

Il attrapa l'une des colonnes du baldaquin pour s'empêcher de tituber. Le montant de bois grinça.

« Sire ? Tout va bien ? »

La voix de Gaius lui parvint étouffée par l'épaisseur de la porte. Arthur enfonça ses ongles dans le chêne. Il voulait se rendormir. Immédiatement. Oublier cette douleur déchirante qui pulsait contre ses cottes. Il ne tiendrait pas une journée complète avec une plaie ouverte suintant ainsi. C'était impossible. Impossible sans hurler. Tout le monde allait voir. Tout le monde allait savoir.

Mais tout le monde savait déjà, grinça son esprit.

Parce que tout le monde avait su.

Tout le monde avait vu.

Et personne ne pourrait lui faire oublier cette incurable déchirure.

« Je viens m'occuper de vos blessures, Sire, insista le médecin de l'autre côté du battant.

— Je ne suis pas blessé, rétorqua-t-il suffisamment fort pour que sa voix porte. Je n'ai pas besoin de tes services, Gaius. »

Il n'y a rien que tu ne puisses traiter, manqua-t-il d'ajouter. Rien que tu ne puisses arranger. Rien qui ne puisse se résorber. Rien d'autre à faire que hurler.

Le vieil homme garda le silence quelques instants, puis :

« Puis-je entrer, seigneur ?

— Non ! cracha-t-il immédiatement. »

Ô Merle BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant