Ô Merle Blanc - partie 6

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PLAYLIST PARTIES 5 & 6 :

• Deezer > https://www.deezer.com/fr/playlist/8327985182 (reprendre au début de The Truth d'Audiomachine)

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- ôÔô -

Cette nuit-là, Arthur rêva du Grand Dragon

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Cette nuit-là, Arthur rêva du Grand Dragon. De ses mots sibyllins, de ses présages sombres et de ses assurances d'un temps meilleur. Se vit, minuscule, écrasé par sa silhouette gigantesque, impressionné par ses yeux d'ambre, au fin fond de sa prison de pierre. Entendit sa rage, ses cris, sa douleur inextinguible, puis ses menaces à peine voilées. Céda à son chantage, à sa peur, à sa propre crédulité, brisa ses chaînes et le regarda embraser la cité.

Jamais il ne pourra me pardonner.

Pour la première fois cette nuit-là, il rêva d'un nombre.

Un nombre maudit, énorme, terrifiant, un nombre qui ne cessait d'augmenter et de le précipiter dans les ténèbres et le chagrin. Un nombre gravé au fer rouge dans sa chair, sur chacun de ses muscles, un nombre qui lui brûlait les poumons à chaque respiration.

Cinq cent soixante-dix-sept.

Il rêva d'un homme rencontré dans une caverne, de l'espoir fou d'un monde complet, d'une famille reconstituée, puis de la chaleur de son sang ruisselant entre ses mains. Il tomba à terre, récolta les dernières paroles d'un inconnu devenu père devenu fier, s'autorisa un instant de pure détresse avant d'être rappelé à la terreur. Il se vit passer trois semaines à affronter les larmes de toutes ses forces et ne pouvoir trouver le sommeil que dans les sanglots.

Cinq cent soixante-dix-sept.

Il perdit un père.

Gagna un frère.

Il rêva d'un cœur qui pulsait au loin, d'un battement autre mais semblable au sien, d'un lien si fort qu'il le sentait à chaque inspiration.

Puis il rêva d'un œuf bleu comme l'azur, sauvé des mains d'un bandit, glissé secrètement dans son sac et serré contre son torse durant des jours de voyage, chéri, choyé, porté jusqu'à un pair. Il rêva d'une naissance, de la mise au monde d'une lueur si forte qu'il la nomma Lumière du Soleil, et d'une joie sans fin qui criait enfin, enfin, enfin. Il rêva de petites ailes trempées par la pluie, de gargouillis amusés, de petits cris d'un bec blanc qui découvrait comment glousser, se vit voler des poulets aux cuisines, caresser une colonne vertébrale épineuse mais curieusement douce, rire aux côtés de grands yeux bleus. S'endormit dans la musique, contre un flanc chaud et écailleux, dans l'odeur boisée des grands pins. Joua avec le feu de ses mains.

Et se jura que jamais il ne laisserait quiconque lui ôter son petit éclat de soleil.

Sa dragonne, sa semblable, son adelphe.

Ô Merle BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant