ATTENTION : CE CHAPITRE A ÉTÉ DÉCOUPÉ EN TROIS PARTIES POUR FACILITER LA LECTURE SUR WATTPAD.
____________PLAYLIST DU CHAPITRE
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• Chapitre entier et illustré : O-merle-Blanc.skyrock.com
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Arthur s'autorisa quelques minutes de pure contemplation, bercé par le ronronnement du petit chat resté lové entre ses bras, les hululements de quelque chouette au loin et les bruissements de la forêt qui lui parvenaient. Face à lui, l'arc sombre des lices où venait de disparaître Gauvain se dressait comme une grande herse face à la nuit. Il ferma les yeux. S'imagina respirer d'un souffle avec le vent entre les branches. Parcourir son royaume avec la sérénité de la brise fraîche qui lui caressait le visage. Croiser arbres, buis, cerfs, sangliers, ours, corbeaux, chouettes, insectes. Rencontrer chacun de ses sujets, paysans, marchands, bandits, chevaliers. S'arrêter dans chaque village, chaque contrée.
Écouter le monde. Écouter le temps. Écouter ses gens.
Trouver la paix dans cette drôle de mélodie qu'il avait toujours appelée Camelot.
C'était une évidence qu'il avait mis des années à pouvoir verbaliser. Camelot chantait. Et il aurait reconnu ses voix entre mille autres. La moindre empreinte de vie chuchotait, sifflait, fredonnait à ses oreilles. Face au vent, à la musique de sa caresse dans les feuilles, aux refrains des oiseaux, son propre cœur tambourinait, malgré les fissures, malgré les éclats qu'on lui avait arrachés sur le chemin, malgré les éraflures. Il battait la mesure, accompagnait le monde, accordé au rythme lent du ronronnement du petit être chaud sous ses doigts. Accordé au vent.
Accordé.
Vraiment ?
Inutile de prétendre. Au plus profond de lui, il se sentait déchiré. Désaccordé. Ce monde affreux et retourné n'était pas seulement vide ; il était muet. Tout n'était plus que bruit. La musique s'était enfuie. Seul son cœur et ses battements douloureux parvenaient encore à résonner comme la voix qu'il avait tant chérie. Mais le son était si faible, le battement tenu. D'un instant à l'autre, il pourrait disparaître. D'un instant à l'autre, Camelot risquait le silence.
Perdre Merlin l'avait écorché. Perdre Merlin lui avait fait perdre sa capacité à rimer.
Il avait emporté avec lui orage et musique, ne laissant à Arthur que les braises rougeoyantes d'un feu qu'il pensait inextinguible. Il lui laissait un monde bruyant... mais aphone.
Quelle était sa place, au sein de cette immensité crépitante ? Quel était son rôle ? Que leur devait-il, souverain ? Que pouvait-il, homme ? Et surtout, où était sa voix ? Quel instrument pouvait-il jouer, pour s'assurer de ne pas taire les autres ? Comment pouvait-il œuvrer, que pouvait-il faire, pour reconquérir le chant de son royaume ?
Comment rimer à nouveau ? Comment s'accorder sans plonger le monde dans le silence ? Que faire de sa voix si forte, sa voix si puissante ?
Il rouvrit les yeux.
Inspira profondément, laissa ses poumons se remplir de l'air froid et sec des dernières nuits d'hiver. Gyb, les yeux désormais fermés et profondément endormi, se serra davantage contre son torse. Arthur enroula le chaton dans l'épaisse doublure de son manteau de fourrure, se perdit un instant dans la danse hypnotisante de sa respiration. Cala les battements de son propre cœur sur les siens.
« Sire ? »
Arthur ne sursauta pas. Il avait entendu les pas caractéristiques du palefrenier, cliquetant sous les sangles et les licols qu'il gardait toujours en main, se diriger vers lui et s'attendait à ce que Tyr l'aborde d'un instant à l'autre.
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Ô Merle Blanc
Fiksi Penggemar[Merlin BBC, Arthur & Merlin] Lorsqu'il rouvrira les yeux, le feu giclera. La lumière tombera sur sa magie, ses mensonges, son terrible secret. Arthur saura. Et Merlin le perdra. (Pas en pause, je suis juste une tortue !)