Acte I - scène 3

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Midnight - Coldplay





Jungkook vient de terminer sa journée. Il sort du bouiboui dans lequel il sert à temps plein, les bras fatigués et les jambes en compote. Il enfile sa veste, récupère son sac, salue son patron qui ne lui lance pas un regard, sort.

Enfin libre.

Mais pas pour longtemps.

Jungkook marche doucement, parce qu'il est fatigué. La nuit arrive déjà. Pendant la nuit, Jungkook est quelqu'un d'autre. Il marche et il fait durer ce moment de répit le plus longtemps possible, parce qu'il a peur de la suite.

La nuit est belle quand Yoongi est sur le bord de la fenêtre. Mais maintenant que Jungkook ne regarde plus Yoongi, il a peur de la nuit.

Il passe par son studio minuscule comme un mouchoir de poche, y laisse ses affaires. Il se change, il enfile une chemise blanche, de jolies chaussures, il dompte ses cheveux sombres comme il le peut.

Devant le miroir, il grimace. Il ne se trouve pas beau. Et puis son corps est sale.

Le soir, voir le matin très tôt, quand il termine sa nuit et qu'il se douche avant d'aller dormir, il frotte sa peau le plus fort possible, à s'en faire saigner. Pour faire partir les odeurs et les sensations. Mais les tâches sur son corps ne s'en vont jamais. Elles sont partout. Donc Jungkook évite de se regarder dans les miroirs.

Quand il voit les traînées violacées, les morsures et les rougeurs, il a envie de vomir.


Vingt-heures quarante. Jungkook pense à Yoongi en sortant de chez lui. Ce qu'il est loin, maintenant. Il se demande s'il fume toujours sur le rebord de la fenêtre. Il se souvient de cette lettre, qu'il lui a écrite il y a un jour, ou peut-être une semaine, ou peut-être un mois, il ne sait plus. La routine est si répétitive que les jours se confondent. Les nuits aussi. Peut-être qu'il devrait la lui poster. Peut-être que ça leur ferait du bien à tous les deux.

Jungkook marche à contrecœur au travers des ruelles sombres, il rejoint son autre immeuble.

Le Jungkook de la nuit se réveille enfin.

Il passe la porte, fait un signe de tête à son autre patron, un vieux fumeur. Jungkook ne fume jamais. Il va vers la porte de gauche, passe un salon rempli de fumées et autres mauvaises odeurs, arrive à sa chambre. La porte est ouverte, comme d'habitude. Il retrouve son lit qui a vu passer des tas d'hommes, il ferme la porte, il s'allonge, il respire.

L'angoisse est tellement forte qu'il ne réalise même pas qu'il est angoissé.

Pour Jungkook, la peur est permanente. C'est est un état. Jungkook s'y habitue. Ça va faire deux mois que ça dure.

Jungkook s'arrange, ressort, repasse le salon sombre, repasse la porte de gauche dans l'autre sens. Il aperçoit Jimin, vers la porte de droite.

C'est très simple. À droite, c'est pour les hétéros. À gauche, c'est pour les homos. C'est pas compliqué. Faut juste pas se tromper de porte.

Jimin travaille à droite. Jungkook le connaît depuis son arrivée. Jimin est là depuis très longtemps. Il lui a tout appris.

Mais Jimin est une exception. Il aime ce qu'il fait, il aime sa profession, son travail. Jimin aime son corps, il est bien dans sa peau, il a des tonnes d'amis. Il s'offre à des femmes et ça ne le dérange pas. Il ne tombe pas amoureux, il n'a pas de problèmes avec l'amour.

Jungkook a envié Jimin. Il a même failli tomber amoureux de lui.

Mais maintenant ça va. Ça ira. Ça va s'arranger. Jimin dégage une espérance sans pareille. Quand Jungkook le voit, il arrive à sourire. Il arrive à se dire qu'il réussira à tout surmonter. Jimin lui serre toujours la main, il a toujours son grand sourire charmeur sur le visage.

Jimin donne envie de vivre.

Jungkook l'admire de tout son cœur. Ça ne sert à rien d'être amoureux de lui, parce qu'il suffit d'un sourire pour devenir son ami.


De toute façon, Jungkook n'aimera personne plus qu'il aime Yoongi.

𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞⁺ʸᵒᵒⁿᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant